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L’ART FRANÇAIS

La Main chaude est la représentation de l’enfance heureuse, libre;
c’est la musicale notation des éclats de rire si communicatifs des éco-
lières hors de la surveillance des sous-maîtresses.

Quel mouvement, quelle variété d’attitudes et quel naturel dans ces
poses charmantes ! Comme, d’autre part, la femme se révèle déjà dans
ces sourires espiègles ou attendris !

En somme, MM. Truphème et Geoffroy demeureront comme les
historiographes de l’enfance. Ainsi que je le disais tout à l’heure, leurs
observations restitueront les deux faces de la physionomie si intéres-
sante des petits...

La Partie de pêche, par M. Edmond Picard, nous transporte sur les
bords du Doubs, aux environs de Besançon. Le jeune artiste s’est sou-
venu de son illustre compatriote Courbet, et il a puissamment traduit
sa vision de gens heureux, assis à l’ombre des arbres feuillus et prépa-
rant leurs lignes avec le calme de pêcheurs accomplis.

Le paysage est en harmonie avec la tranquillité des personnages qui
l’animent et certainement M. Edmond Picard, dans son atelier de
Paris, regrette et évoque avec ferveur les grands horizons ensoleillés du
pays natal. F. J.

LE MONUMENT DE BALZAC

On sait qu’un monument doit être érigé à l’auteur de la Comédie
humaine, et qu'unè souscription a été ouverte dans ce but par la
Société des Gens de Lettres.

Le Comité avait confié l’exécution de ce monument au regretté
Chapu, lequel a laissé plusieurs maquettes dont la plus importante
représente Honoré de Balzac vêtu de sa fameuse robe de moine, assis,
les bras croisés et regardant une femme qui se dévoile devant lui. Il
va sans dire que cette figure de femme symbolise l’Humanité.

Dans le principe, l’œuvre de Chapu devait être exécutée en marbre
et érigée dans la Galerie d’Orléans.

Or, dans l’intervalle, le conseil municipal a accordé au comité la
place du Palais-Royal. C’est là, sur un refuge de quatorze mètres de
diamètre, que s’élèvera le monument. Le projet de Chapu, conçu pour
un emplacement tout différent, ne saurait plus être exécuté dans les
mêmes proportions, et la somme de 30,000 francs, dont dispose le
comité, deviendrait insuffisante pour en couvrir les frais. La dépense
totale atteindrait au moins 30,000 francs.

En présence de toutes ces difficultés, dont le comité des Gens de
Lettres et MM. Mercié, Falguière et Dubois, représentants de Chapu,
ne sont pas encore sortis, une réunion a eu lieu entre les éminents
artistes, à l’ancien atelier de Chapu, rue Oudinot.

Dans cette réunion, à laquelle assistait le notaire chargé des intérêts
de madame veuve Chapu, on est convenu de conserver le projet dont
nous venons de donner la description sommaire, sauf à l’agrandir
considérablement. Il serait exécuté, comme nous l’avons dit, en mar-
bre, par les élèves du statuaire défunt et sous la direction de MM.
Mercié, Falguière et Dubois. Les trois éminents artistes sont absolu-
ment d’accord sur ce point.

On se trouverait donc dans la nécessité de faire un nouvel appel aux
souscripteurs, à moins que le comité ne se décide à abandonner le
projet Chapu et à confier à un autre statuaire l’exécution du monu-
ment de Balzac.

LE MONUMENT VICTOR HUGO

Le nouveau projet du monument de Victor Hugo, par M. Rodin,
destiné au Panthéon, a été examiné par la commission des Beaux-Arts
et, sauf quelques points de détail, définitivement accepté.

Le poète est représenté debout, s’appuyant contre un rocher battu
par la mer, tandis que trois femmes enlacées, symbolisant les voix de
l’Océa.i, se jouent à la surface des vagues. Au sommet du roc, de
forme pyramidale, l’Inspiration, figurée par un génie aux ailes éployées,
étend la main sur le front du poète.

La maquette va être développée en un décor peint, grandeur d’exé-
cution, de façon à permettre à la commission de se rendre compte
de l’effet définitif.

LE MONUMENT MEISSONIER

La souscription ouverte pour le monument à élever à Meissonier, et
dont l’exécution a été confiée à M. Anton in Mercié, atteint 24,000 fri.

Ces jours-ci le nouvel académicien soumettra au comité son projet,
auquel il travaille en ce moment.

LE PRIX DU SALON & LES BOURSES DE VOYAGE

Le Prix du Salon et les bourses de voyage ont été décernés la
semaine dernière par le conseil supérieur des Beaux-Arts.

Après trois tours de scrutin, le prix du Salon a été attribué par 19
voix à M. Paul-Jean Gervais, —- contre té données à M. Chigot, le
peintre de Ber dus au large! et 5 à M. Henri Martin, qui a remporté
l’un des plus grands succès du Salon avec sa très curieuse composition:
Chacun sa chimère.

M. Gervais, né à Toulouse, élève de MM. Gérôme et G. Ferrier, a
exposé au palais de l’Industrie une toile, les Saintes Maries, qui porte
cette inscription : «Jetées presque nues dans une barque désemparée,
elles abordèrent miraculeusement dans les marais de Provence, d
M. Gervais avait reçu déjà, en 1885, une mention honorable et, en
1886, une médaille de 3e classe.

Les titulaires des bourses afférentes à la peinture sont : MM. Le
Sidaner, auteur de la Bénédiction de la IMer; Orange, Un dernier survi-
vant de la Grande Armée (les médaillés de Sainte-Hélène); Abel Boyé,
Crépuscule.

En sculpture, les bourses sont décernées à MM. Louis Hohveck,
Vestale allant au supplice et le Vin; Georges Saulo, Rêve et un buste en
plâtre; et mademoiselle Jeanne Itasse, Harpiste égyptienne et Jeune dan-
seuse.

En architecture, les titulaires sont MM. Marius Pauline, Porte du
transept, nord de ! église Saint-Maclou, à Rouen, et Charpentier-Bosio,
Clôture de chapelle de F Abbaye de Fécamp.

Quant à la bourse accordée à la section de gravure, elle a été décer-
née à M. Charles Coppier, Portrait de Rembrandt et la Fête-Dieu
(d’après M. Aublet).

LIVRES D’HIER

L’Art Japonais du XFIII° siècle: Outamaro, le peintre des maisons vertes, par Edmond

de Goncourt, 1 vol. — Des Alpes aux Pyrénées, par Paul Arène et Albeit Tournier,

préface par Anatole France. 1 vol.

M. Edmond de Goncourt est entré, le 26 mai 1891, dans sa 70e année, et
il s’est plu à marquer l’anniversaire de sa naissance par la publication d’un
premier volume d’une nouvelle série.

Cette série est « intimidante », dit l’éminent écrivain, « mais il y a un tel
charme à travailler dans du neuf, sur des êtres et des objets où vous ne ren-
contrez pas en avant de vous un, deux, trois et même dix précurseurs ! »

Et de même qu’il avait fait l’histoire des moeurs de la Révolution et du
Directoire, l’histoire intime du dix-huitième siècle avant tout le monde, M. de
Goncourt s’est laissé tenter par l’histoire de l’art du Japon qu’il arrache aussi
à la « virginité » des documents...

Singulier vocable lorsqu’il le faut rapprocher du titre d'Outamaro, qui fut
« le peintre des maisons vertes », c’est-à-dire le peintre des courtisanes. Mais
c’est là un simple jeu de mots, et je me hâte d’ajouter que ce premier volume
commence magistralement la série de Y Art Japonais du dix-huitième siècle.

— Je voudrais signaler aussi un volume de MM. Paul Arène et Albert
Tournier, pour lequel M. Anatole France a écrit une étincelante préface .
Des Alpes aux Pyrénées, étapes félibréennes. tel est le titre de ce livre charmant,
tout ponctué d’intéressants croquis et de « vues » rappelant les sites pitto-
resques, les vieux châteaux perchés sur des crêtes de collines, de portraits de
poètes et d’artistes ou de reproductions d’objets d’art, toutes illustrations obte-
nues par le procédé glyptographique de mes amis Francis et Jules Silvestre.

On se figure à quel voyage féerique le lecteur est ainsi entraîné, ayant pour
guides ces deux poètes, ces deux érudits et spirituels causeurs : Paul Arène
et Albert Tournier. Des Alpes aux Pyrénées, c’est un enchantement, et l’anec-
dote finale vous donnera une idée de ce livre qui, sur plus d’un point, fait
penser au Voyage sentimental, de Sterne.

Les auteurs "nous laissent à Maillane, dans la propriété de Semenow, le
romancier russe, mort il y a quelque temps :

« Un jour de janvier, le ciel aussi bleu, le soleil chauffant aussi fort, Seme-
now, avec un orgueil de propriétaire et de créateur, nous faisait visiter son
domaine.

» Nous supposions avoir tout vu.

» — Maintenant, dit Semenow, on va vous montrer le plus rare !

» Derrière la maison, dans un angle où le soleil ne donnait pas, un peu de
neige restait sous une couche de paille et de feuilles mo:tes.

» — Il en est tombé une fois ; je la conserve ainsi depuis quinze jours !

» Une larme brilla dans ses yeux gris d’acier. Malgré son grand amour récent
de la lumière et du soleil, Semenow, lui aussi, félibre à sa manière, s’atten-
drissait à cette vision de la patrie. » F. J.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE

Glyptograpbic SILVESTRE & G", me Oberkampf, 97, à Paris.
 
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