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L’ART FRANÇAIS

nement de ceux qui propagent inconsciemment le plus la bonne parole,
rien qu'à la façon parfaite dont ils la comprennent et dont ils la répè-
tent. Il n’appartient pas à la folie Wagnérienne, mais à l’admiration
raisonnée d’un des plus admirables génies de l’humanité.

Et maintenantque j’ai dénoncé le merveilleux claveciniste (le mot pia-
niste me fait horreur) pour le reposer d’une magnifique transpo-
sition de Tristan ou des Maîtres chanteurs, les rares élus devant qui
Richar Mandl daigne faire chanter l’ivoire, lui demandent quelqu’une
de ces danses viennoises imprégnées d’un sentiment tzigane si poi-
gnant, d’une mélancolie et d’une gaieté si vibrantes tour à tour. Ils y
sentiront frémir un peu de cette terre de Bohème dont les fantaisies
nous jettent en de si étranges enchantements et qui remplit le chemin
d’ironiques et amoureuses chansons. Mandl aurait tort de dédaigner
cette grâce native, originelle de son génie. Il lui a déjà dû de petites
merveilles et saura en faire revivre quelque chose dans des oeuvres
plus sérieuses.

Au physique, le portrait qu’en a fait Toché, parbleu ! est tout à fait
digne d'inspirer une œuvre d’art au capricieux Tiepolo qui nous est né
sur les rives de la Loire, un jour où quelque rayon perdu du soleil de
Venise y/venait tomber.

6 août i89r. ARMAND SILVESTRE

Les Violettes, tel est le titre puissamment évocateur donné par
M. von Sîetten à sa gracieuse composition, d’ailleurs si simple.

La scène se passe en plein Paris, aux abords d’un square très fré-
quenté, sur un boulevard renommé pour sa perpétuelle animation, en
plein quartier du travail. Deux jeunes ouvrières, de celles que mon
ami L.-P. Laforêt appelle « midinettes » parce qu’on les voit sortir
par groupes bruyants de leur atelier, à midi précis; se sont arrêtées
devant une charrette de fleurs, conduite par une bonne femme, pour
le moment occupée à lier un petit bouquet de violettes.

Ce.bouquet, c’est l’objectif des regards des midinettes. Il leur fait
grande envie. Accroché au corsage de l’ouvrière, pendant les longues
heures de travail, il lui parlera d’amour, de feuilles vertes, de sentiers
perdus sous les chênes. Mais il faut, pour l’acquérir, grever le modeste
budget du déjeuner quotidien...

Le peintre a choisi le moment d’hésitation où les jeunes filles se con-
sultent encore, quoique déjà décidées à « faire une folie »... C’est qu’il
est toujours irrésistible, cet attrait du petit bouquet parfumé.... et,
comme l’a dit le poète :

Avec un soit de violettes
Ou fait le bonheur de Mirni.

Arrivant pour la fêle, par M. Nicolas Sicard, est une petite scène
provinciale d’une assez juste observation. C’est, à l’entrée d’un village,
l’arrivée de quatre voiture de forains, de ces roulottes où l’on doit
vivre en toute liberté — à condition de présenter des papiers en règle
à la gendarmerie méfiante.

C’est précisément ce que M. Sicard a pris pour thème principal. Le
gendarme, très grave, examine le signalement du bohémien qui tient
la tête du convoi, et qui semble quelque peu intimidé. Peut-être a-t-il
quelque peccadille sur la conscience...

Par la fenêtre pratiquée dans la façade antérieure de la roulotte, une
jeune et jolie femme apparaît, charmante dans ce cadre improvisé.

De droite et de gauche, s’échelonnent les figures des autres forains
impatients et des paysans curieux.

La Proclamation d’un édit, à Venise, par M. Jacques Wagrez, implique
une érudition dont l’excellent artiste a donné assez de preuves pour
qu’on l’accepte sans contrôle.

Le caractère des figures, des costumes, le décor de la piazzetta, tout
indique que nous sommes dans la Venise du quinziéme siècle, c’est à
dire à l’époque la plus florissante de la République. Quels types admi-

rables parmi ces gens du peuples, y compris cette servante friponne
dont un jeune homme entreprenant caresse le menton ; tandis que,
debout sur la pierre du ban, à l’angle de la piazzetta, le comandatore de
la seigneurerie donne, d’une voix haute et solennelle, lecture publique
des nouvelles lois et ordonnances.

M. Wagrez demeure fidèle à cet art rétrospectif qui lui a déjà valu
de nombreux succès. La Troclamation d’un édit à Venise figurera parmi
les bonnes pages de son œuvre intéressant.

jACHOS ARTISTIQUES

Une exposition de peinture, sculpture et dessins s’est ouverte la semaine
dernière au château de Saint-Germain sous la présidence de M. Edouard
Détaillé.

Cette exposition, qui comprend des ouvrages de nos premiers maîtres
attire en ce moment de nombreux visiteurs.

X

Quelques journaux ont annoncé- que la tour de l’ancien hôtel des ducs de
Bourgogne dite « tour de Jean-sans-Peur », enclavée, rue Etienne Marcel,
dans les bâtiments d’une école, menaçait ruine et qu’on se préoccupait de la
restaurer.

La tour de Jean-sans-Peur n’inspire aucune inquiétude et on ne songe
aucunement à la restaurer. Il a bien été constaté des lézardes, non dans la
tour, mais dans un mur de soutènement qui sépare la vieille construction d’un
immeuble situé rue Française.

D’accord avec le propriétaire de l’immeuble, les architectes de la ville ont
présenté au conseil un projet qui consacré une vingtaine de mille francs aux
travaux de réfection de ce mur.

X

Les modèles qui posent chez les peintres et les sculpteurs ont été gagnés
à leur tour par la fièvre syndicale. Ce n’est point qu’ils projettent de faire
une révolution dans la profession qui consiste à fournir des dieux, des guer-
riers, des prophètes, etc., aux artistes. Ils ne réclament ni augmentation de
salaire ni diminution des heures de travail. Cela viendra peut-être, mais pour
l’instant, ils se bornent à se liguer contre les Italiens, maîtres, paraît-il, du
marché. C’est l'Italie qui fournit toujours les Apollons, les madones, les
Dianes, au détriment des modèles français, qui ont la prétention de répondre
comme leurs concurrents, au desiderata de l’esthétique la plus scrupuleuse.

Le but du syndicat est, actuellement, de former une société de modèles
connus, présentant toutes les garanties d’honorabilité désirables. Une caisse
serait formée pour subvenir, en cas de maladie ou de chômage, aux besoins
des syndiqués. En outre, des albums contenant les photographies des adhérents
seraient mis à la disposition des artistes qui voudraient se procurer des modèles.
On éviterait ainsi les pertes de temps que nécessitent les recherches ordinaires
de modèles; à cet égard, le syndicat croit qu’il remplirait un rôle d'intermé-
diaire utile.

Nous permettra-t-on d’ajouter que si les modèles avaient jamais la bonne idée
de se mettre en grève, ils rendraient le plus grand service à l’art? Les peintres
et les sculpteurs s’en passeraient difficilement d’abord, mais ils se mettraient
avec plus d’ardeur à étudier la vie, et nous serions à jamais délivrés des Grecs,
des Romains, et même des Dianes ou des Appolon à cinq francs la séance.

X

On nous demande pourquoi le Musée Carnavalet n’est ouvert que le jeudi
et le dimanche.

Il conviendrait peut-être de rendre plus facile l’accès d’une collection dont
l’intérêt s’accroît chaque jour et que l’on ne peut visiter à l’heure actuelle que
par hasard.

C’est au point que le vieil hôtel de Sévigné reste imprénétrable même les
jours de fêtes et qu’il était fermé le iy août.

Bien des gens, ce jour là y ont perdu leur temps, car à chaque visiteur, le
concierge répondait hautain et somnolent : « Revenez demain, on n’ouvre pas
le samedi. ! » v

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE
Glybiographie SILVESTRE & Cu, 97, me à Oberltampf. Paris.
 
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