L’ART FRANÇAIS
Quant à la sculpture, elle est magistralement représentée par le
buste que M. Pézieux intitule Virgo, et par un groupe exquis du
même maître: la Vierge à l’enfant; par la composition d’une très
belle allure, de M. de Niederhæsern-Rado, le Torrent; par la
Pensée et la ^Providence, buste et statuette où M. Rambaud s’est
surpassé; par Y Urne funéraire, de M. Vallgren, très originale; par
deux ravissants envois de M. Jean Dampt: Virginité, statuette en
ivoire, et Étude d’enfant, petite sculpture sur bois d’un caractère
saisissant.
Alexandre Sègn. — îstar.
L’Art Décoratif au Salon
La commission nommée par le comité des 90 pour « étudier les
moyens propres à développer et à faciliter la participation des artistes
industriels aux prochains Salons » s’était réunie une première fois,
ainsi que nous l’avons dit, et, après discussion, s’était séparée sans
prendre de décision.
Une nouvelle réunion a eu lieu, et cette fois, on a conclu... que tout
était pour le mieux et que les portes du Salon continueraient a être
« entr’ouvertes » à l’art industriel.
Ce n’est pas tout à fait ce que nous attendions, après la brillante
campagne menée par MM. Antonin Proust, Roger Marx, . Arsène
Alexandre, etc., en faveur du relèvement de notre industrie artistique
très gravement menacée. Il parait que l’heure n’est pas venue, pour
Messieurs les peintres, de tendre sincèrement la main aux artistes indus-
triels. Et cependant l’art des Carabin-Rupert a déjà ses grandes entrées
au Salon du Champ-de-Mars. Il faudra bien qu’il finisse par forcer
aussi les portes du Salon des Champs-Elysées.
]3chos Artistiques
NOS ILLUSTRATIONS. — Nous avons donné en encartage, la semaine
dernière, la reproduction d’une allégorie de M. Layraud : la Sculpture, œuvre
d’un beau style et d’une grande pureté de forme.
Nous donnons aujourd’hui un tableau de M. Couturier: Signaux en escadre
d’une facture plus libre, plus indépendante, et en parfaite harmonie avec son
sujet.
Toutes nos autres illustrations sont empruntées au Salon de la Rosef Croix,
auquel nous consacrons un article spécial.
X
La Société des artistes français a procédé, le 10 mars, au vote pour le
complément du jury de peinture. Il y avait 193 votants.
Les voix se sont partagées ainsi : MM. Darneron, 78 ; Henri Martin, 76 ;
Camerre, 75; Toudouze, 70; Thévenot, éçjLobrichon^q: Debat-Ponsan, 66;
Luigi Loir, 65 ; Bordes, 55 ; Monginot, 64; G. Laugée, 64; Bompart, 64;
Leiiepvre, 63; Beauverie, 61 ; Foubert, 39; Jean Benner, 57; Maillart, 55;
Baschet, 54, Guay, 53 ; Berteaux. 33.
Aucun résultat n’ayant été obtenu, le comité va être réuni pour prendre
une décision.
X
Une-double élection a eu lieu, le 10 mars également, à la Société des Pas-
tellistes Français, où deux démissions s’étaient produites.
Après trois tours de scrutin, MM. Georges Jeanniot et Pierre Lagarde ont
été élus. Les «Pastellistes» ne pouvaient choisir mieux que ces deux talents,
d’une originalité si marquée et si différents l’un de l’autre, le premier : peintre
militaire à la vision aiguë, d’une perspicacité incomparable, coloriste raffiné,
artiste par excellence; — le second, doux rêveur épris des grandes évocations
bibliques, harmoniste subtil, charmeur, ému, fils des primitifs, — tous deux
caractérisés par une profonde horreur pour tout ce qui est banal...
X
Nos principaux sculpteurs travaillent en ce moment à un nombre respectable
de statues qui ne tarderont pas à « embellir » les places et carrefours de Paris
ou de la Province.
M. Rodin est tout à son Balzac, dont nous avons dit l’attitude méditante.
On sait que la statue de l’auteur de la Comédie humaine sera érigée sur la place
du Palais-Royal.
M. Antonin Mercié met tous ses soins à son Meissonier, assis, en robe de
chambre, la tête appuyée sur la main droite, une palette dans la main gauche,
pensif. Attributs ornant le piédestal : casque, cuirasse, drapeaux, symbo-
lisant l’œuvre du peintre militaire.
M. Mercié travaille également à un Faidherbe équestre, destiné à la ville de
Lille ; — à un Guillaume Tell, représenté debout, au sommet d’un roc, dans
une allure victorieuse. Détail piquant : l’éminent statuaire a donné au libé-
rateur de l’Helvétie les traits même du Mécène qui offre la statue : M. Osiris ;—
enfin le même artiste achève le monument de Cabanel, composé d’un socle
assez élevé supportant le buste du peintre autour duquel la Peinture — figurée
par une belle jeune femme — dispose des fleurs.
M. Frémiet, chargé du monument de Raffet, a placé son héros debout sur
un piédestal qu’il se propose d’orner de quatre figures de soldats delà Grande
Armée. L'œuvre n’est encore qu’à l’état d’ébauche, mais ceux qui l’ont vue
s’accordent à lui trouver grand caractère.
M. Roulleau fera du monument de Théodore de Banville, au jardin du
Luxembourg, un pendant à celui d’Eugène Delacroix, par M. Dalou.
M. Falguière, avec la collaboration de M. Mercié, s’occupe du monument
d’Alfred de Musset qui s’élèvera sur le place St-Augustin, et où l’on verra
le poète assis, les jambes croisées, la tête penchée, et, dans le même atelier,
on travaille au Grèvy destiné à la ville de Dole.
M. Barrias est en train de restituer l’image du docteur Ricord, qu’il repré-
sente debout, en tenue de praticien, c’est-à-dire avec le tablier professionnel.
Enfin, on annonce comme devant être prochainement érigés dans les diffé-
rents cimetières parisiens, les monuments de Raymond-Deslandes, Feyen-
Perrin, Hégésippe Moreau, Ephraïm Mikaël, etc., et, sur divers points de
la province, ceux de Lazare Carnot, Doudart de Lagrée, du conventionnel
Cassani, de Crinon, de Germain Pilon, de Duhamel de Monterau, d’Emile
Deschamps, de LaBoétie, de Lesage, de Wladimir Gagneur, de Cavaignac,
d’André Chénier, de Chapu, etc., etc.
On voit que nos sculpteurs ne sont pas près de manquer d’occupation.
Et maintenant, à quand la statue de Victor Hugo ?
X
Notre collaborateur M. Raoul Gineste vient de faire paraître un volume :
Chattes et Chats, où, après Théophile Gautier et Charles Baudelaire, il a chanté
en de beaux vers ces adorables amis des poètes... Un autre de nos éminents
collaborateurs, M. Paul Arène, a fait , à ces charmantes pages, une préface qui
est un petit chef-d’œuvre, toute écrite en phrases adéquates au sujet : « crépi-
tantes et courtes comme l’étincelle que le chat dégage quand, par un soir
d’électrique chaleur, une main amie le caresse, — changeantes comme l’or
flottant de ses prunelles pailletées. »
L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE
Glyptographit SILVESTRE & G1*, 97, rus Oberkampf, à Paris.
Quant à la sculpture, elle est magistralement représentée par le
buste que M. Pézieux intitule Virgo, et par un groupe exquis du
même maître: la Vierge à l’enfant; par la composition d’une très
belle allure, de M. de Niederhæsern-Rado, le Torrent; par la
Pensée et la ^Providence, buste et statuette où M. Rambaud s’est
surpassé; par Y Urne funéraire, de M. Vallgren, très originale; par
deux ravissants envois de M. Jean Dampt: Virginité, statuette en
ivoire, et Étude d’enfant, petite sculpture sur bois d’un caractère
saisissant.
Alexandre Sègn. — îstar.
L’Art Décoratif au Salon
La commission nommée par le comité des 90 pour « étudier les
moyens propres à développer et à faciliter la participation des artistes
industriels aux prochains Salons » s’était réunie une première fois,
ainsi que nous l’avons dit, et, après discussion, s’était séparée sans
prendre de décision.
Une nouvelle réunion a eu lieu, et cette fois, on a conclu... que tout
était pour le mieux et que les portes du Salon continueraient a être
« entr’ouvertes » à l’art industriel.
Ce n’est pas tout à fait ce que nous attendions, après la brillante
campagne menée par MM. Antonin Proust, Roger Marx, . Arsène
Alexandre, etc., en faveur du relèvement de notre industrie artistique
très gravement menacée. Il parait que l’heure n’est pas venue, pour
Messieurs les peintres, de tendre sincèrement la main aux artistes indus-
triels. Et cependant l’art des Carabin-Rupert a déjà ses grandes entrées
au Salon du Champ-de-Mars. Il faudra bien qu’il finisse par forcer
aussi les portes du Salon des Champs-Elysées.
]3chos Artistiques
NOS ILLUSTRATIONS. — Nous avons donné en encartage, la semaine
dernière, la reproduction d’une allégorie de M. Layraud : la Sculpture, œuvre
d’un beau style et d’une grande pureté de forme.
Nous donnons aujourd’hui un tableau de M. Couturier: Signaux en escadre
d’une facture plus libre, plus indépendante, et en parfaite harmonie avec son
sujet.
Toutes nos autres illustrations sont empruntées au Salon de la Rosef Croix,
auquel nous consacrons un article spécial.
X
La Société des artistes français a procédé, le 10 mars, au vote pour le
complément du jury de peinture. Il y avait 193 votants.
Les voix se sont partagées ainsi : MM. Darneron, 78 ; Henri Martin, 76 ;
Camerre, 75; Toudouze, 70; Thévenot, éçjLobrichon^q: Debat-Ponsan, 66;
Luigi Loir, 65 ; Bordes, 55 ; Monginot, 64; G. Laugée, 64; Bompart, 64;
Leiiepvre, 63; Beauverie, 61 ; Foubert, 39; Jean Benner, 57; Maillart, 55;
Baschet, 54, Guay, 53 ; Berteaux. 33.
Aucun résultat n’ayant été obtenu, le comité va être réuni pour prendre
une décision.
X
Une-double élection a eu lieu, le 10 mars également, à la Société des Pas-
tellistes Français, où deux démissions s’étaient produites.
Après trois tours de scrutin, MM. Georges Jeanniot et Pierre Lagarde ont
été élus. Les «Pastellistes» ne pouvaient choisir mieux que ces deux talents,
d’une originalité si marquée et si différents l’un de l’autre, le premier : peintre
militaire à la vision aiguë, d’une perspicacité incomparable, coloriste raffiné,
artiste par excellence; — le second, doux rêveur épris des grandes évocations
bibliques, harmoniste subtil, charmeur, ému, fils des primitifs, — tous deux
caractérisés par une profonde horreur pour tout ce qui est banal...
X
Nos principaux sculpteurs travaillent en ce moment à un nombre respectable
de statues qui ne tarderont pas à « embellir » les places et carrefours de Paris
ou de la Province.
M. Rodin est tout à son Balzac, dont nous avons dit l’attitude méditante.
On sait que la statue de l’auteur de la Comédie humaine sera érigée sur la place
du Palais-Royal.
M. Antonin Mercié met tous ses soins à son Meissonier, assis, en robe de
chambre, la tête appuyée sur la main droite, une palette dans la main gauche,
pensif. Attributs ornant le piédestal : casque, cuirasse, drapeaux, symbo-
lisant l’œuvre du peintre militaire.
M. Mercié travaille également à un Faidherbe équestre, destiné à la ville de
Lille ; — à un Guillaume Tell, représenté debout, au sommet d’un roc, dans
une allure victorieuse. Détail piquant : l’éminent statuaire a donné au libé-
rateur de l’Helvétie les traits même du Mécène qui offre la statue : M. Osiris ;—
enfin le même artiste achève le monument de Cabanel, composé d’un socle
assez élevé supportant le buste du peintre autour duquel la Peinture — figurée
par une belle jeune femme — dispose des fleurs.
M. Frémiet, chargé du monument de Raffet, a placé son héros debout sur
un piédestal qu’il se propose d’orner de quatre figures de soldats delà Grande
Armée. L'œuvre n’est encore qu’à l’état d’ébauche, mais ceux qui l’ont vue
s’accordent à lui trouver grand caractère.
M. Roulleau fera du monument de Théodore de Banville, au jardin du
Luxembourg, un pendant à celui d’Eugène Delacroix, par M. Dalou.
M. Falguière, avec la collaboration de M. Mercié, s’occupe du monument
d’Alfred de Musset qui s’élèvera sur le place St-Augustin, et où l’on verra
le poète assis, les jambes croisées, la tête penchée, et, dans le même atelier,
on travaille au Grèvy destiné à la ville de Dole.
M. Barrias est en train de restituer l’image du docteur Ricord, qu’il repré-
sente debout, en tenue de praticien, c’est-à-dire avec le tablier professionnel.
Enfin, on annonce comme devant être prochainement érigés dans les diffé-
rents cimetières parisiens, les monuments de Raymond-Deslandes, Feyen-
Perrin, Hégésippe Moreau, Ephraïm Mikaël, etc., et, sur divers points de
la province, ceux de Lazare Carnot, Doudart de Lagrée, du conventionnel
Cassani, de Crinon, de Germain Pilon, de Duhamel de Monterau, d’Emile
Deschamps, de LaBoétie, de Lesage, de Wladimir Gagneur, de Cavaignac,
d’André Chénier, de Chapu, etc., etc.
On voit que nos sculpteurs ne sont pas près de manquer d’occupation.
Et maintenant, à quand la statue de Victor Hugo ?
X
Notre collaborateur M. Raoul Gineste vient de faire paraître un volume :
Chattes et Chats, où, après Théophile Gautier et Charles Baudelaire, il a chanté
en de beaux vers ces adorables amis des poètes... Un autre de nos éminents
collaborateurs, M. Paul Arène, a fait , à ces charmantes pages, une préface qui
est un petit chef-d’œuvre, toute écrite en phrases adéquates au sujet : « crépi-
tantes et courtes comme l’étincelle que le chat dégage quand, par un soir
d’électrique chaleur, une main amie le caresse, — changeantes comme l’or
flottant de ses prunelles pailletées. »
L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE
Glyptographit SILVESTRE & G1*, 97, rus Oberkampf, à Paris.