Cinquième année. ~ N° 258.
LE NUMERO : 25 CENTIMES
SAMEDI 2 AVRIL 1892
L’ART FRANÇAIS
Directeur littéraire ;
F RMIN JAVEL
Revue Artistique Hebdomadaire
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
Directeurs artistiques :
S IL VE ST RE & O
ABONNEMENTS. — Paris & Départements : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 18 francs; six mois, 8 francs.
NOS ILLUSTRATIONS
Gargantua, par Amy, — Vauteur a bien saisi la
gauloise bonhomie de son modèle. Il a aussi très joli-
ment groupé autour de Gargantua la grappe de ses
mignonnes favorites. A peine pourrait-on récriminer
contre l’affectation dont sont empreints leu s poses
et leurs mouvements. Â tout prendre, M. Amy nous
a donné une œuvre fort agréable que n’eût pas dédai-
daignée le bon philosophe de Meudon. g. de b.
Voici, pour la première fois exposés à Paris, les
travaux de deux jeunes î rtistes anglais, MM. Charles
Conder et Will Rothenste n.
M, Conder est né en 1869. Très jeune, presque
enfant, il étudia la peinture en Australie, où il rem-
porta de brillants succès. Puis, l’ambition lui vint de
se mesurer avec les peintres européens. Il partit pour
Paris, où il est depuis un an.
Ses paysages ont une délicatesse infinie : Amandiers
en fleur, falaises à Yport, clair de lune en Algérie,
faneuses à la silhouette hiératique, tout est exquis
de finesse et d’originalité. Mais vraiment, comme
pâleur, c’est là la dernière limite permise.
M. Will Rothenstein est plus jeune encore que son
compatriote : il n’a que vingt ans. Il étud ia d’abord à
Londres, dans l’atelier d’Alphonse Legros. Lui aussi
vint à Paris et, en 1889, entrait à l’Académie Julian.
Puis, bientôt, il voulut essayer ses propres forces et
rompit avec tous ses professeurs. Sa « manière » est
caractérisée par une simplicité systématique et une
expression très diverse selon le genre de figure qu’il
reproduit.
La Chasse et la Pêche, par M. François Lafon, sont
deux panneaux décoratifs commandés à l’éminent
artiste par M. Lozé, préfet de police, et tout récemment
terminés. M. Lafon y affirme à nouveau ces qualités de
grâce et de souplesse qui ont fait le succès de ses pré-
cédentes compositions.
T. S. — Nous avons cité dans notre dernier nu-
méro, un jugement assez sévère de Théophile Silves-
tre sur Courbet. Il n’est que juste de rappeler aujour-
d’hui le passage suivant d’une fière réponse que le
peintre de VEnterrement à Lrnans adressait, en 1866,
à un de nos confrères, lequel lui avait reproché de
«manquer d’éducation ».
« Sans doute, Monsieur, si fréquenter ies salons et les
antichambres, solliciter dans les bureaux, courber l’échine
devant les hauts fonctionnaires, tendre la main aux faveurs
du pouvoir, est à vos yeux une marque de bonne éduca-
Amy. — Gargantua.
LE NUMERO : 25 CENTIMES
SAMEDI 2 AVRIL 1892
L’ART FRANÇAIS
Directeur littéraire ;
F RMIN JAVEL
Revue Artistique Hebdomadaire
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
Directeurs artistiques :
S IL VE ST RE & O
ABONNEMENTS. — Paris & Départements : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 18 francs; six mois, 8 francs.
NOS ILLUSTRATIONS
Gargantua, par Amy, — Vauteur a bien saisi la
gauloise bonhomie de son modèle. Il a aussi très joli-
ment groupé autour de Gargantua la grappe de ses
mignonnes favorites. A peine pourrait-on récriminer
contre l’affectation dont sont empreints leu s poses
et leurs mouvements. Â tout prendre, M. Amy nous
a donné une œuvre fort agréable que n’eût pas dédai-
daignée le bon philosophe de Meudon. g. de b.
Voici, pour la première fois exposés à Paris, les
travaux de deux jeunes î rtistes anglais, MM. Charles
Conder et Will Rothenste n.
M, Conder est né en 1869. Très jeune, presque
enfant, il étudia la peinture en Australie, où il rem-
porta de brillants succès. Puis, l’ambition lui vint de
se mesurer avec les peintres européens. Il partit pour
Paris, où il est depuis un an.
Ses paysages ont une délicatesse infinie : Amandiers
en fleur, falaises à Yport, clair de lune en Algérie,
faneuses à la silhouette hiératique, tout est exquis
de finesse et d’originalité. Mais vraiment, comme
pâleur, c’est là la dernière limite permise.
M. Will Rothenstein est plus jeune encore que son
compatriote : il n’a que vingt ans. Il étud ia d’abord à
Londres, dans l’atelier d’Alphonse Legros. Lui aussi
vint à Paris et, en 1889, entrait à l’Académie Julian.
Puis, bientôt, il voulut essayer ses propres forces et
rompit avec tous ses professeurs. Sa « manière » est
caractérisée par une simplicité systématique et une
expression très diverse selon le genre de figure qu’il
reproduit.
La Chasse et la Pêche, par M. François Lafon, sont
deux panneaux décoratifs commandés à l’éminent
artiste par M. Lozé, préfet de police, et tout récemment
terminés. M. Lafon y affirme à nouveau ces qualités de
grâce et de souplesse qui ont fait le succès de ses pré-
cédentes compositions.
T. S. — Nous avons cité dans notre dernier nu-
méro, un jugement assez sévère de Théophile Silves-
tre sur Courbet. Il n’est que juste de rappeler aujour-
d’hui le passage suivant d’une fière réponse que le
peintre de VEnterrement à Lrnans adressait, en 1866,
à un de nos confrères, lequel lui avait reproché de
«manquer d’éducation ».
« Sans doute, Monsieur, si fréquenter ies salons et les
antichambres, solliciter dans les bureaux, courber l’échine
devant les hauts fonctionnaires, tendre la main aux faveurs
du pouvoir, est à vos yeux une marque de bonne éduca-
Amy. — Gargantua.