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L’ART FRANÇAIS

NOS ILLUSTRATIONS

Tortrait de fK. ^Auguste Vacquerie, par M. F. Thévenot. — « Un
journaliste, n’ayant d’autre ambition que son journal, s’y renfermant
par honneur et par fierté, refusant tout, ne se prêtant à aucune vanité
de place, de ruban, de tribune, dépensant dans un labeur quotidien,
mais non routinier, toujours nouveau et toujours égal, de l’esprit, de
la logique, de l’éloquence, delà poésie, sans tarir aucune source;
voilà le phénomène devenu très rare, et voilà précisément l’originalité
d’Auguste Vacquerie. »

Ce portrait de notre cher maître, M. Auguste Vacquerie, par Louis
Ulbach, ne commente-t-il pas fort bien le portrait du même, par
M. F. Thévenot? Il me semble que tout ce qu’a dit le biographe avec
sa plume, l’artiste l’exprime à son tour avec ses crayons. Honneur et
fierté, admiration pour le génie, dédain pour la sottise, loyauté, cor-
dialité, originalité, tout est là, dans ces yeux brillants d’esprit et de
bonté, dans ce front de penseur, dans cette bouche que l’on devine
souriante et finement ironique sous la moustache grisonnante...

« Ses premiers Paris (disait encore le regretté Ulbach) ont toujours
une allure et un costume, l’allure du sentiment qui les inspire, le cos-
tume, pour ainsi dire local, de leur passion. Il n’a pas à en désavouer
un seul comme banal. Sans recherche aucune, il trouve le rapproche-
ment avec les grandes manifestations du génie. Shakespeare et Molière
lui servent avec simplicité de témoins contre M. Buffet ou M.
Veuillot. «

A part ces deux derniers noms qu’il faudrait remplacer par ceux de
deux droitiers excessifs (on n’aurait que l’embarras du choix) cette
appréciation du grand talent et du grand caractère de M. Vacquerie n’a
rien perdu de son actualité ni de son exactitude. Aujourd’hui, comme
à l’époque où ces lignes paraissaient (1888), rien 11e s’imprime dans le
Rappel sans que son éminent rédacteur en chef ne l’ait « lu, examiné,
éprouvé». 11 contrôle le moindre écho, il révise le moindre fait divers.
Voilà pour la conscience du journaliste.

Quant au poète, à l’auteur dramatique, nos lecteurs connaissent
aussi bien que nous les chefs-d’œuvre qui s’appellent : Mes premières
années de Paris, Tragaldabas, Formosa, les Funérailles de l'honneur, Sou-
vent homme varie, Jean Baudry, etc. M. Thévenot aussi a lu ces beaux
livres, et il a certainement médité sur les pages suggestives de Trofils
et grimaces, bien qu’il n’ait fait faire à son admirable portrait aucune
grimace et qu’il n’ait pas représenté l’auteur de profil.

Le sommeil de Su^on, par M. Henri Gervex, est une délicieuse fan-
taisie où le talent du maître s’affirme une fois de plus dans la note
intime et attendrie.

Le Portrait de :Müe X..., par M. J. Blanche, est d’une rare hardiesse.
Cette robe rayée blanche et noire, était d’une représentation difficile,
et M. Blanche l’a modelée avec infiniment de souplesse. Il a même
exprimé la corrélation subtile qui existe toujours entre le caractère
d’une jeune femme et le genre d’étoffe qu’elle choisit pour se vêtir.

LES PASTELLISTES FRANÇAIS

Voici ouverte, depuis le 28 mars, dans la galerie de la rue de Sèze,
la huitième exposition de la Société des pastellistes français. On y
cherche en vain les œuvres de Mmes Marie Cazin, Madeleine Lemaire,
et de MM. Dagnan-Bouveret, Roll et J. Chéret. Toutefois et en dépit
de ces abstentions regrettables, cette exposition demeurera comme l'une
des plus brillantes de la Société créée par MM. Roger-Ballu et Georges
Petit.

M. Puvis de Chavannes a envoyé deux figures : une jeune femme
nue, assise, vue de dos, lissant d’un geste adorable de grâce ses longs
cheveux bruns ; une autre jeune femme, celle-ci debout, demi vêtue
d’une sorte péplum qui pourrait être une blanche robe de chambre, et
tenant un livre ou elle étudie évidemment quelque rôle. Ses pieds
sont « déchaussés » de babouches rouges. Près d’elle un poêle vulgaire
sur lequel est posée une bouillotte en fer blanc : humbles accessoires
que n’eût point désavoués Chardin.

M. F. Thévenot, outre le Portrait de M. Auguste Vacquerie, auquel
nous consacrons plus haut une note spéciale, expose le portrait de M">e la
marquise deC..., ou l’on retrouve les qualités de souplesse et de puis-
sance particulières au jeune maître, ainsi qu’une « nature morte »,
d'une saveur extraordinaire.

M. Jeanniot, récemment élu sociétaire, débute de façon fort remar-

quable : Trois portraits, trois paysages, deux scènes de cabarets, expo-
sition très diverse et d’une haute séduction. Il y a une observation
saisissante dans les types de joueurs de billard et de buveurs, et il y a
un profond respect de la nature dans ces paysages d’une facture cepen-
dant si personnelle. Quant au portrait de femme que le livret désigne
simplement de ce mot : Profil, c’est un des plus beaux morceaux que
que M. Jeanniot nous ait encore montrés.

M. Besnard est à peu près également heureux dans ses huits envois.
Toutefois, un groupe d’enfants assis à une table est peut-être supérieur
encore, par la franchise et la liberté de l’exécution, à ses surprenantes
et troublantes études où des figures de jeunes femmes surgissent sou-
riantes ou rêveuses, caressées de reflets étranges, dans des colorations
puissantes et inédites.

M. J. Blanche, à ces portraits féminins qui ont si promptement
établi sa réputation et dont nous reproduisons l’un des plus intéressants,
a joint cette fois deux impressions rapportées de Venise : Brume du
matin et ‘Brume du soir, d’une pénétrante mélancolie. Ce n’est là
qu’une distraction de portraitiste en voyage, et cependant cela suffit
pour révéler Venise sous des aspects inconnus. Aussi bien le peintre
délicat des jolies mondaines revient vite à ses travaux de prédilection,
et il nous présente cette fois quatre portraits de femmes, dont un
affecte les allures d’un tableau de genre : les Chiens de l'infante.

M. Helleu, dans des paniers de fleurs traités avec une légèreté
extrême, semble subir un peu l’influence de l’art japonais. Il redevient
lui-même dans ses scènes fort curieuses où une jeune femme est cou-
chée dans l’herbe d’une prairie, la face tournée contre la terre.

M. Albert Maignan expose un pastel dont nous avons publié la
reproduction dans notre dernier numéro : Brumes matinales. L’idée est
charmante, de cette jolie femme nue buvant la rosée dans le calice
d’un nénuphar.

M. Forain, toujours sceptique, toujours mordant, s’acharne à
fouaiiler les ridicules de ses contemporains. Il dénonce une fois encore
à la risée publique ces viveurs quinquagénaires qui s’attardent à pren-
dre le menton aux danseuses dans les coulisses de l’Opéra. Il ne les
corrigera pas, du reste, et il faut avouer que ce serait dommage! Ils
sont si amusants, ces banquiers chauves et ventrus, avec leurs nez
proéminents et leurs yeux en trous de vrille !

MM. Tissot, Doucet, Rosset-Granger, Jean Béraud, exposent des
portraits ou des scènes de genre, d’un réel intérêt mais, à part la
jeune fille sur une terrasse, rêvant, par un soir plein de clarté, que
M. Béraud intitule fMélaucotie, il n’y a rien là qui marque une innova-
tion dans la manière habituelle de ces artistes.

De même M. Lhermitte, très heureux cette année, qui a groupé une
dizaine de morceaux extrêmement remarquables, se confine dans ses
scènes rustiques qu’il décrit si magistralement.

Les beaux paysages de MM. Montenard, Edmond Yon, Nozal, Mau-
rice Eliot, Jeanniot, Duez, René Billotte, et les envois de MM. Dubufe,
Adrien Moreau et Latouche, complètent cette huitième exposition et
ajoutent à son éclat.

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pCHOS ^Artistiques

L’exposition annuelle du Blanc et Noir a été inaugurée, au Palais des Arts
libéraux, au Champ-de-Mars, le 31 mars. L’espace nous manque pour rendre
compte de cette intéressante manifestation, dont le succès sera certainement
très grand, grâce aux envois de MM. Charles Toché, Krug, Osbert, Werthei-
mer, Rotshoven, Pierre Huas, Pierre Prins, et de Mesdames Beaury-Saurel,
Anna Bonvalot, Berria-Blanc, etc., etc.

X

Monseigneur Goux, évêque de Versailles, a donné, le 28 mars, à Saint-
Augustin, la bénédiction nuptiale à M. Gustave Demarine et à Mlle Marthe
Hénon, en présence d'une affluence considérable où Ton remarquait nombre
de notabilités politiques, artistiques, littéraires et industrielles.

On a entendu, pendant la cérémonie, M. Delsart, qui a exécuté sur le vio-
loncelle, une des plus belles pages de Chopin, M. Cousin, qui a joué la cava-
tine de Raff, M. Dufriche, le baryton de l’Opéra, qui a chanté le ‘Benedictus
de Raoul Pugno.

L’orgue était tenu par M. Gignout.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE
Glyptograpbie SILVESTRE & C1’, 97, rue Oberkampf, à Paris,
 
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