Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 1.1883

DOI Heft:
Nr. 11 (14 Avril 1883)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19485#0070

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
42

L'ART ORNEMENTAL.

EXPLICATION DES PLANCHES

Grand cartel Louis XV, en bronze ciselé et doré.

Ces cartels si gracieusement contournés, dont notre dessin ofl're un
des plus beaux types, sont une des inventions artistiques les plus gra-
cieuses du xvnt6 siècle. Ils sont faits pour s'accrocher aux murs d'une salle.
Toujours arrangés avec cette inimitable hardiesse et cet admirable esprit de
composition qui caractérise l'époque, leur encadrement est en bronze doré

Chapiteau de l'église de Marmoutier.

et ciselé. Les figures accompagnent rarement ces belles et luxueuses horloges
pour lesquelles le public s'est repris, de nos jours, d'une très légitime
passion. On a usé et abusé de ces modèles. Le bronze de pacotille en a
dénaturé les formes, détruit le caractère si riche et si ingénieux de tons
pour pouvoir les livrer à vil prix. Le cartel que nous reproduisons, ainsi
que l'indiquent les deux figures qui le couronnent, appartient à une époque

Chapiteau de l'église de Rosiieim.

de transition. Il est formé de feuillages et de fleurs de grande dimension et
couronné dans sa partie supérieure par un groupe formé de deux person-
nages : un berger debout, les jambes croisées, jouant de la flûte, et une
bergère assise, tenant de la main droite une houlette et caressant de la
gauche l'un des moutons de son troupeau. La présence de ce petit groupe
indique que le goût des bergerades est né et que le style rocaille va bientôt
disparaître.

Chapiteaux des églises de Marmoutier et de Kosheim.

Les deux chapiteaux que nous reproduisons sont de style roman. C'est
à Constantin que remonte l'origine de l'architecture romane. Ce prince,
parvenu à l'empire, éleva dans Rome un certain nombre d'églises chré-
tiennes parmi lesquelles il faut citer: Sainte-Croix de Jérusalem, Saint-Jean
de Latran, Saint-Pierre hors-les-murs et Saint-Paul. Mais, ayant transféré
le siège de son gouvernement de Rome à Byzance, et désirant que la
nouvelle capitale n'eût rien à envier à l'ancienne, il y édifia une foule de
palais et de monuments religieux dont certains offraient déjà les caractères
propres qui ont fait donner à l'architecture néo-grecque le nom d'archi-
tecture byzantine. L'édifice le plus magnifique qui air été construit dans ce
style est l'église élevée par Justinien au VIe siècle sur l'emplacement de
celle que Constantin avait consacrée à la Sainte-Sagesse et qui est connue
sous le nom de Sainte-Sophie. Ce n'est pas le lieu de décrire le caractère
de ce style, disons seulement que les persécutions contre les iconoclastes
forcèrent à passer d'Orient en Occident une multitude d'artistes de toutes
sortes qui y apportèrent leurs goûts et leurs idées, et que le style roman, tel
que nous l'entendons, a été le résultat de ce mélange.

Ce style domine toute la période comprise entre le v° et le xnc siècle.
Quant aux chapiteaux qui font partie de cette architecture, ils ont
ordinairement la forme d'un cube qui va en s'amincissant vers sa partie
inférieure et dont les faces sont décorées de feuillages divers. Les moulures
sont très saillantes et à bords généralement arrondis. Les chapiteaux que
nous empruntons à l'église de Marmoutier (ix° siècle) et à celle de Rosheim
peuvent en donner l'idée. Quant aux artistes qui ont contribué à ériger
ces monuments et à les décorer, à ceux qui en ont donné les plans ou ins-
piré l'idée, ils sont absolument inconnus, et c'est à peine si dans les
vieilles archives des couvents on retrouve quelques noms d'évêques ou
d'abbés mélangés à l'histoire de ces constructions. En ce qui concerne
particulièrement l'église de Marmoutier, M. René Ménard dit dans son
volume, l'Art en Alsace-Lorraine, que, en 827, les bâtiments monastiques
de Marmoutier ayant été incendiés, Louis le Débonnaire chargea son
frère de les rebâtir; et en 833, Drogon, évêque de Metz et fils naturel de
Charlemagne, transféra solennellement dans l'église qu'il venait d'élever les
reliques de saint Céleste, qui l'avait précédé dans le siège épiscopal de
Metz. La façade actuelle de Marmoutier passe pour appartenir à l'ancien
édifice élevé par Drogon, mais l'intérieur de l'église est d'une construction
beaucoup plus récente. Drogon a également rebâti l'abbaye de Neuwiller,
et il reste peut-être des vestiges de son œuvre dans les parties les plus
anciennes.

Chaire.

Si le mobilier est l'image des mœurs, dit M. Bonnafîé dans son inté-
ressant travail sur l'Art du bois, le siège en est l'expression la plus signi-
ficative. Chez tous les peuples, le coffre, le lit, la table se ressemblent plus
ou moins; ils sont cosmopolites; le siège a une nationalité. Le siège
dépend de la mode, des costumes, des attitudes en usage, des habitudes
sociales; nous le façonnons à nos allures, il prend nos plis; à mesure que
les caractères s'abaissent, le siège descend et le dossier s'incline. Suivant
qu'il est rare ou abondant, varié ou uniforme, majestueux ou intime,
étroit ou large, les mœurs de la maison seront différentes, graves ou
familières, puritaines ou raffinées, casanières ou extérieures ; les gens seront
plus ou moins sociables, plus ou moins amoureux du coin du feu, du
bien-être intérieur.

La Renaissance française taille ses meubles à son image; rieuse,
avenante et sans façon, elle aura des sièges nombreux, variés, propres à
la causerie; elle aime les bons contes et veut les écouter à l'aise. « Les
dames de Paris, dit Henry Estienne, ne se sont peu tenir s'appeler des
cacquetoires leurs sièges, sur lesquels estans assises, chacune vouloit
monstrer n'avoir point le bec gelé. »

Elle a aussi d'autres sièges à son service : le banc, la balancelle, la
scabelle, le faudeslueil. Mais la chaire à haut dossier est le siège d'honneur
invariablement placé contre le lit; Philibert de l'Orme recommande de
construire les cheminées de manière à « donner espace et largeur suffisante
à la place du lict et de la chaire qui doit estre auprès ». Ce meuble, avec
 
Annotationen