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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 73 (21 Juin 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0089
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84 L;ART ORNEMENTAL.

difficile de réaliser sans préjudice pour l'architecture et l'ensemble d'un
monument.

PETITE OHEONIQUE

—■ Le 2 juin a eu lieu, à Fresnes-en-Woëvre (Meuse), l'inauguration
de la statue du général Margueritte, tué à la bataille de Sedan.

Le monument, qui a six mètres de haut sur quatre de large, se com-
pose d'un groupe d'une grande allure qui fait infiniment d'honneur au
talent de M. Albert-Lefeuvre, l'un des lauréats du Grand Prix de Florence
fondé par l'Art, et l'auteur du monument de Joseph Bara, inauguré à

Palaiseau en septembre 1881. Le général Margueritte, soutenu par un soldat,
est représenté debout, mais déjà mortellement blessé; le bras droit tient
l'épée haute, tournée vigoureusement vers l'ennemi.

Dans le XIX" Siècle du 4 juin, M. Henry Fouquier a dignement retracé
la glorieuse carrière du général. Nous lui empruntons les passages suivants :

« Il était fils d'un simple brigadier de gendarmerie. Tout jeune, il suivit
son père en Afrique, et, en même temps qu'il apprenait l'arabe en jouant
avec les enfants du pays, il devenait le beau cavalier qu'il a été. A quinze
ans, il s'engageait par faveur.

« A vingt ans, maréchal des logis aux spahis et décoré, il gagne ses
épaulettes de colonel au Mexique, est nommé général de brigade au retour
de cette expédition néfaste et envoyé en Algérie.

« C'est de là qu'on le fit venir à l'armée du Rhin. Ici se place, dans la
vie de Margueritte, une anecdote incroyable et d'une navrante tristesse.

Lettres composées et gravées par Théodore de Bry.

A Lunéville, le général, en arrivant d'une traite d'Alger, trouve un ordre
qui l'appelle au quartier-général. Croyant qu'il s'agit d'aller à l'ennemi,
Margueritte enlève ses cavaliers, leur fait faire, comme dans les expédi-
tions d'Afrique, dix-sept lieues dans une marche, et apprend qu'il n'a été
mandé que par suite d'un pari engagé entre deux « hauts personnages » au
sujet de la vitesse des chasseurs d'Afrique. C'est à penser que la folie était
dans l'esprit des généraux en chef, qui, au lendemain de Forbach et de
Gravelotte, supportaient de telles fantaisies ou s'y mêlaient ! Margueritte,
d'ailleurs, n'eut que de courtes illusions. Au retour d'une reconnaissance
où il avait sabré lui-même les uhlans ennemis, tuant de sa main l'un d'eux,
il jugea que la partie était perdue et que l'armée n'avait pas un comman-
dement qui pût utiliser sa valeur.

« Le 3o août, Margueritte était nommé général de division. Comme
tel, il prit position, à trois kilomètres de Sedan, dans la fatale journée.
Voyant l'ennemi se masser, au commencement de l'action, vers Givonne,

Margueritte prépara la charge de ses régiments. Mais, avant de donner
l'ordre suprême, il se porta en avant, seul, pour reconnaître le terrain.
C'est alors qu'une balle lui fracassa la figure. Le général de Galliffet mena
la charge. Margueritte, recueilli en Belgique, au château d'Ossuna, ne
mourut que le G septembre. Il fut admirable de courage et de résignation
pendant cette longue agonie. La patrie était envahie, et ce fut là sa douleur
suprême. Car, pour lui, le petit soldat tombé général de division sur le
champ de bataille, face à l'ennemi, n'avait-il pas réalisé le plus beau rêve
d'existence d'un noble cœur? Jamais statue ne fut plus méritée que celle
qu'on lui a dressée. Et sur son piédestal on pourrait graver le mot arraché
à l'ennemi : « Ahl les braves gens ! » Ce sont, en effet, de braves et nobles
gens que ces soldats héroïques, qui ne sont que des soldats, et qui vivent
et meurent uniquement pour la patrie. »

G. Dargenty.

Paris. — Imprimerie de l'Art, j. Rouam, imprimeur-éditeur, 41, rue de la Victoire.

Le Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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