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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 3.1885

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Nr. 113 (28 Mars 1885)
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m

3o L'ART ORNEMENTAL.

céramique, à côté de ces mer-
veilles d'élégance et de goût
connues sous le nom de faïences
de Henri II, beaucoup plus belles
assurément, mais dont les spé-
cimens étaient et sont encore
plus nombreux.

La date de la fabrication
des premières porcelaines euro-
péennes était ainsi reculée tout
d'un coup d'une centaine d'an-
nées. Mais bientôt, grâce aux
recherchesd'érndits italiens,cette
date était encore portée de plus
d'un siècle en arrière; Ferrare,
qui disputait à la capitale de la
Toscane l'honneur de la priorité,
était, à son tour devancée par
l'industrieuse Venise. Un peu
plus tard, un érudit de Venise
établissait par un document au-
thentique qu'un alchimiste de
cette ville avait eu. vers le der-
nier tiers du xvc siècle, la gloire
de devancer les chercheurs con-
sidérés jusque-là comme les plus
anciens en date. En effet, il est
bien établi aujourd'hui que la
fabrication de la porcelaine
« transparente comme celle du
Levant » a commencé à Venise
vers l'année 1470 ; tout fait croire,
il est vrai, qu'elle n'y a existé
qu'à l'état d'essai ; reprise dans
la même ville en 1 504, puis bien-
tôt abandonnée suivant toute
apparence, elle y recommence
encore en 1518 et en 1319 pour
cesser de nouveau très probable-
ment quelque temps après. De
quelle nature était cette porce-
laine vénitienne ? Était-elle une
imitation complète de celle de
l'extrême Orient, c'est-à-dire
composée des mêmes matières >
Était-ce au contraire, pour nous
servir des expressions de Bron-
gniart, une porcelaine mixte et
hybride, du même genre que celle
qui fut fabriquée un demi-siècle
plus tard à Florence ? Il est mal-
heureusement impossible de se
prononcer à cet égard, aucun
spécimen de la fabrication véni-
tienne n'étant connu. Tout ce
qu'on peut supposer, c'est que
ces essais devaient appartenir à
cette catégorie, le voisinage de
Vienne' donnant toute facilité aux
potiers pour employer le kaolin
des environs de cette ville,
comme on le fit plus tard dans la
capitale de la Toscane.

Quant à la fabrication éta-
blie à Ferrare, par les soins d'Al-
phonse II, vers j 565 , on ne
connaît pas plus ses produits que
ceux des anciens fours de Venise.

Les plus anciennes poteries
translucides européennes dont les

1t %

pas

spécimens sont connus aujour-
d'hui sont celles fabriquées dans
la capitale de la Toscane, sous le
règne des princes de la famille
des Médicis. Il n'est pas bien
démontré que cette fabrication
eût déjà eu lieu au temps du
grand-duc Cosme Ier, comme l'a
rapporté Targioni Tozzetti, d'a-
près un manuscrit de Cavriana;
cet écrivain n'est pas affirmatif à
cet égard. Il en est autrement en
ce qui concerne son fils, qui lui
succéda en 1574.

Le grand-duc François de
Médicis était un homme indus-
trieux, très curieux des secrets,
arcanes et recettes qu'on cher-
chait avec tant d'ardeur au
xvic siècle. La relation du Véni-
tien Andréa Gussoni, ambassa-
deur de la sérénissime république j|
auprès de la cour de Florence,
chargé, en 1D7C, du double office
de condoléance et de compli-
ment auprès du grand-duc Fran- IYt^' W ®Ù
çois, nous donne des détails gii^PiÂë dïtj}

pleins d'intérêt sur la vie privée
de ce prince et sur ses occupations I^Sil,
favorites. Voici le dire du Véni-
tien, emprunté à un ouvrage de
M. Baschet :

« 11 prend peu de plaisir aux
chasses et aux autres fatigues;
mais il donne tous ses soins à
quelques métiers, dans lesquels
il fait profession de retrouver et
d'inventer des procédés nou-
veaux, comme cela est en effet.
Il a retrouvé le mode de fondre
le cristal de roche, et il le fond
en forme de verres à boire et
autres sortes, les travaillant dans
le fourneau de la même manière
que le verre ordinaire; c'est à
cette fin qu'il a salarié quelques-
uns de nos maîtres de Murano,
fort capables. Ces vases, tant
par la matière première que par
l'art, sont du plus bel et du plus

charmant aspect, et d'autant plus | ^S^^^^*
recherchés qu'ils sont faits par le
duc seul...

« Il a, en outre, retrouvé le
mode de faire la porcelaine de
l'Inde et réussit, dans toutes ses
épreuves, à en égaler les qualités,
c'est-à-dire la transparence, la
cuisson, et il l'a faite aussi légère
et aussi délicate ; on m'a assuré
qu'il avait mis plus de dix ans
avant d'avoir pu découvrir le se-
cret de cette industrie. Ce fut un
Levantin qui le mit sur la voie;
il fit alors travailler un homme
qui chaque jour expérimentait;
il gâta des milliers de pièces
avant d'être arrivé à des ouvrages i^^^/J
parfaits.

« Il aime aussi à faire tra-

■"•.a?q»t*;i

Pilastre,
par Cecchino Salviati.
(Musée national de Florence.)

Pilastre,
par Benedetto da Majano.
(Musée national de Florence.)

Pilastre,
par lienedetto da Rovezzano.
(Musée national de Florence.)
 
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