DOI Heft:
Nr. 118 (2 Mai 1885)
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5o
L'ART ORNEMENTAL.
souverains comme le roi de Bavière. Comme on l'a remarqué, la fabrique
produisait à la fois de la faïence et de la porcelaine; les sommes men-
tionnées plus haut, sommes assez élevées pour le temps, permettent de
supposer que la fabrication avait une certaine importance à cette époque,
c'est-à-dire en 1620. Nous ne savons si « les fours de la terre de porce-
laine » passèrent sous la direction de Niccolo Sisti, et s'il put appliquer à
la « perfection de la fabrique » les cinq cents écus du grand-duc. Il est à
craindre qu'il n'en ait pas été ainsi, car ce prince mourut l'année suivante,
en 1621, et il est possible qu'avec un changement de règne l'entreprise ait
été négligée au moins pour quelque temps, car son successeur Ferdinand II
n'avait alors que onze ans.
Ferdinand II, pendant un long règne de près de cinquante années,
encouragea, dit-on, les sciences, les lettres et les arts comme avaient fait
les princes qui l'avaient précédé. Nous n'avons, après la date de 1620,
aucun document sur la fabrique de faïence et de porcelaine de Pise issue
évidemment de celle de Florence et de laquelle nous n'avons parlé qu'à
cause de cette paternité.
Disons en terminant qu'on ne connaît guère, dans les musées et dans
les collections, qu'une trentaine de pièces de la porcelaine connues sous le
nom de porcelaine des Médicis; elles sont décorées de grotesques dans le
genre d'Urbino, ou de fleurs et d'ornements empruntés à l'art oriental.
Cette fabrique, qui précède de plus d'un siècle l'implantation définitive
de la porcelaine en Europe, nous a paru mériter une mention toute parti-
culière. De là la longueur inusitée de cet article dans ce journal où, d'ha-
bitude, nous nous attachons à ne donner que des renseignements succincts;
de là aussi le nombre d'estampes dont nous l'avons accompagné.
Fresques de Pompei.
Ces fresques ont été découvertes dans la maison n° 6, îlot VI. Elles ont
Bouteille ou Flacon carré. Aiguière de porcelaine de Chine. Bouteille ou Flacon carré.
Porcelaine des Médicis, portant la date i58l. Montée en argent au xvic siècle. (South Kensington Muséum.) Porcelaine des Médicis.
une importance considérable et leur sujet a donné lieu à des conjectures et
à des discussions très intéressantes parmi les archéologues. On croit généra-
lement que l'une d'elles représente le Jugement de Salomon. Les personnages
sont des pygmées. Au milieu s'élève une plate-forme carrée sur laquelle sont
assis trois juges : derrière eux, des guerriers se tiennent debout. Aux pieds
de ces juges, on voit une femme à genoux, qui paraît prier et demander
justice.
Un peu plus loin, à gauche du spectateur, il y a un banc de boucher
sur lequel est étendu un enfant tout nu; à côté, est une autre femme qui
paraît regarder avec indifférence, quoiqu'un homme lève un couperet
comme pour tuer l'enfant. Des guerriers et des soldats remplissent la scène.
Dans une des ruelles où habitaient les premiers chrétiens, on a décou-
vert une autre peinture où l'on peut voir la Vierge avec l'Enfant et saint
Joseph. Il y a en effet une femme assise sur un âne avec un enfant dans les
bras : un homme marche à côté de l'âne. Cette peinture, comme la précé-
dente, a donné lieu à de longues discussions.
En face de la première fresque (Jugement de Salomon), on a repré-
senté un triclinium : au milieu, est une table entourée de pygmées ; au fond,
des groupes obscènes, dont, comme on sait, les anciens ne se formalisaient
guère. Il s'en trouve plusieurs semblables dans les maisons dont l'accès est
interdit aux enfants et aux femmes, mais que les hommes ne négligent
jamais de visiter.
A gauche, tout à l'extrémité de la muraille, on voit un bateau dont la
poupe représente une tête d'âne. Si ce dessin est fort primitif, il est égale-
ment fort original. On n'est pas encore parvenu à donner de cette scène
une explication qui réunisse tous les suffrages.
Sur des petits côtés de la même chambre, on voit deux animaux dont
l'un poursuit l'autre. C'est évidemment un lion qui poursuit un chevreuil.
En face de cette fresque, est un paysage avec un cours d'eau qui peut être
le Nil : on y voit un crocodile, un hippopotame et des pygmées diverse-
ment occupés.
L'ART ORNEMENTAL.
souverains comme le roi de Bavière. Comme on l'a remarqué, la fabrique
produisait à la fois de la faïence et de la porcelaine; les sommes men-
tionnées plus haut, sommes assez élevées pour le temps, permettent de
supposer que la fabrication avait une certaine importance à cette époque,
c'est-à-dire en 1620. Nous ne savons si « les fours de la terre de porce-
laine » passèrent sous la direction de Niccolo Sisti, et s'il put appliquer à
la « perfection de la fabrique » les cinq cents écus du grand-duc. Il est à
craindre qu'il n'en ait pas été ainsi, car ce prince mourut l'année suivante,
en 1621, et il est possible qu'avec un changement de règne l'entreprise ait
été négligée au moins pour quelque temps, car son successeur Ferdinand II
n'avait alors que onze ans.
Ferdinand II, pendant un long règne de près de cinquante années,
encouragea, dit-on, les sciences, les lettres et les arts comme avaient fait
les princes qui l'avaient précédé. Nous n'avons, après la date de 1620,
aucun document sur la fabrique de faïence et de porcelaine de Pise issue
évidemment de celle de Florence et de laquelle nous n'avons parlé qu'à
cause de cette paternité.
Disons en terminant qu'on ne connaît guère, dans les musées et dans
les collections, qu'une trentaine de pièces de la porcelaine connues sous le
nom de porcelaine des Médicis; elles sont décorées de grotesques dans le
genre d'Urbino, ou de fleurs et d'ornements empruntés à l'art oriental.
Cette fabrique, qui précède de plus d'un siècle l'implantation définitive
de la porcelaine en Europe, nous a paru mériter une mention toute parti-
culière. De là la longueur inusitée de cet article dans ce journal où, d'ha-
bitude, nous nous attachons à ne donner que des renseignements succincts;
de là aussi le nombre d'estampes dont nous l'avons accompagné.
Fresques de Pompei.
Ces fresques ont été découvertes dans la maison n° 6, îlot VI. Elles ont
Bouteille ou Flacon carré. Aiguière de porcelaine de Chine. Bouteille ou Flacon carré.
Porcelaine des Médicis, portant la date i58l. Montée en argent au xvic siècle. (South Kensington Muséum.) Porcelaine des Médicis.
une importance considérable et leur sujet a donné lieu à des conjectures et
à des discussions très intéressantes parmi les archéologues. On croit généra-
lement que l'une d'elles représente le Jugement de Salomon. Les personnages
sont des pygmées. Au milieu s'élève une plate-forme carrée sur laquelle sont
assis trois juges : derrière eux, des guerriers se tiennent debout. Aux pieds
de ces juges, on voit une femme à genoux, qui paraît prier et demander
justice.
Un peu plus loin, à gauche du spectateur, il y a un banc de boucher
sur lequel est étendu un enfant tout nu; à côté, est une autre femme qui
paraît regarder avec indifférence, quoiqu'un homme lève un couperet
comme pour tuer l'enfant. Des guerriers et des soldats remplissent la scène.
Dans une des ruelles où habitaient les premiers chrétiens, on a décou-
vert une autre peinture où l'on peut voir la Vierge avec l'Enfant et saint
Joseph. Il y a en effet une femme assise sur un âne avec un enfant dans les
bras : un homme marche à côté de l'âne. Cette peinture, comme la précé-
dente, a donné lieu à de longues discussions.
En face de la première fresque (Jugement de Salomon), on a repré-
senté un triclinium : au milieu, est une table entourée de pygmées ; au fond,
des groupes obscènes, dont, comme on sait, les anciens ne se formalisaient
guère. Il s'en trouve plusieurs semblables dans les maisons dont l'accès est
interdit aux enfants et aux femmes, mais que les hommes ne négligent
jamais de visiter.
A gauche, tout à l'extrémité de la muraille, on voit un bateau dont la
poupe représente une tête d'âne. Si ce dessin est fort primitif, il est égale-
ment fort original. On n'est pas encore parvenu à donner de cette scène
une explication qui réunisse tous les suffrages.
Sur des petits côtés de la même chambre, on voit deux animaux dont
l'un poursuit l'autre. C'est évidemment un lion qui poursuit un chevreuil.
En face de cette fresque, est un paysage avec un cours d'eau qui peut être
le Nil : on y voit un crocodile, un hippopotame et des pygmées diverse-
ment occupés.