DOI Heft:
Nr. 122 (30 Mai 1885)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19487#0078
66
L'ART ORNEMENTAL.
Filippo perdit son père peu après l'année 1410. Il avait alors cinq ans.
Monna An'onia, sa mère, n'était pas riche; elle eut beaucoup de peine à
l'élever, lui et une sœur un peu plus jeune, Piera, qui plus tard fut mariée
à un Antonio di Lippo, ds Prato. La mère de Fra Filippo mourut jeune.
Filippo fut mis chez les Carmes. Il y passa environ six ans, endossa le
froc et fit sa profession devant Fra Pietro de Prato, prieur, le 8 juin 1421.
Le jeune moine vit Masolino da Panicale peindre une chapelle dans l'église
del Carminé, à Florence; il put suivre ensuite le Masaccio, qui fut chargé
de la terminer. Filippo passait ses journées dans cette chapelle, il y dessi-
nait et devint rapidement si habile que les religieux du couvent lui donnè-
rent à peindre, à la fresque et en terre verte de Vérone, sur les murailles
du cloître et de l'église, des figures de saints et des sujets tirés de leur
histoire.
Il y avait déjà seize ans que Fra Filippo demeurait au couvent lorsque,
vers la fin de 148 1, il le quitta. Sans dépouiller l'habit monacal, il se mit
à peindre, et sa première oeuvre fut probablement un Couronnement de la
Bas-relief en pierre d'Istrie, provenant d'un palais, a Cesena.
Travail italien du commencement du xvi° siècle.
Vierge, peint en 1434 pour les religieuses de Saint-Ambroise, qui fut payé
5o florins d'or. Ce tableau fut suivi d'un autre représentant Saint Ambroise,
qui est depuis longtemps perdu. Vasari dit que, lorsqu'il sortit du cou-
vent del Carminé, Fra Filippo n'était que simple diacre, d'autres pré-
tendent qu'il avait reçu la prêtrise. Il est probable qu'en réalité il ne fut
prêtre qu'après sa sortie du cloître. Quoi qu'il en soit, par une bulle du
pape Eugène IV, en date du 23 février 1442, il fut nommé recteur et abbé
commendataire perpétuel de San Quirico a Lagnaja, église paroissiale des
environs de Florence. Il peignit plusieurs tableaux pour divers citoyens de
cette ville et vint s'installer, vers 1452, à Prato, où il acheta une maison
de l'hôpital de Santa Maria Nuova.
C'est ici que se place l'épisode capital de la vie du peintre.
La maison de Fra Filippo était située près de la place del Mercatale
et en face de Sainte-Marguerite, monastère de religieuses qui vivaient sous
la règle de saint Augustin.
Il y avait alors, à Sainte-Marguerite, deux jeunes religieuses, filles du
Florentin Francesco Buti, qui tenait à Florence une boutique de soie en
détail. Buti avait une nombreuse famille : il vint à mourir et deux de ses
L'ART ORNEMENTAL.
Filippo perdit son père peu après l'année 1410. Il avait alors cinq ans.
Monna An'onia, sa mère, n'était pas riche; elle eut beaucoup de peine à
l'élever, lui et une sœur un peu plus jeune, Piera, qui plus tard fut mariée
à un Antonio di Lippo, ds Prato. La mère de Fra Filippo mourut jeune.
Filippo fut mis chez les Carmes. Il y passa environ six ans, endossa le
froc et fit sa profession devant Fra Pietro de Prato, prieur, le 8 juin 1421.
Le jeune moine vit Masolino da Panicale peindre une chapelle dans l'église
del Carminé, à Florence; il put suivre ensuite le Masaccio, qui fut chargé
de la terminer. Filippo passait ses journées dans cette chapelle, il y dessi-
nait et devint rapidement si habile que les religieux du couvent lui donnè-
rent à peindre, à la fresque et en terre verte de Vérone, sur les murailles
du cloître et de l'église, des figures de saints et des sujets tirés de leur
histoire.
Il y avait déjà seize ans que Fra Filippo demeurait au couvent lorsque,
vers la fin de 148 1, il le quitta. Sans dépouiller l'habit monacal, il se mit
à peindre, et sa première oeuvre fut probablement un Couronnement de la
Bas-relief en pierre d'Istrie, provenant d'un palais, a Cesena.
Travail italien du commencement du xvi° siècle.
Vierge, peint en 1434 pour les religieuses de Saint-Ambroise, qui fut payé
5o florins d'or. Ce tableau fut suivi d'un autre représentant Saint Ambroise,
qui est depuis longtemps perdu. Vasari dit que, lorsqu'il sortit du cou-
vent del Carminé, Fra Filippo n'était que simple diacre, d'autres pré-
tendent qu'il avait reçu la prêtrise. Il est probable qu'en réalité il ne fut
prêtre qu'après sa sortie du cloître. Quoi qu'il en soit, par une bulle du
pape Eugène IV, en date du 23 février 1442, il fut nommé recteur et abbé
commendataire perpétuel de San Quirico a Lagnaja, église paroissiale des
environs de Florence. Il peignit plusieurs tableaux pour divers citoyens de
cette ville et vint s'installer, vers 1452, à Prato, où il acheta une maison
de l'hôpital de Santa Maria Nuova.
C'est ici que se place l'épisode capital de la vie du peintre.
La maison de Fra Filippo était située près de la place del Mercatale
et en face de Sainte-Marguerite, monastère de religieuses qui vivaient sous
la règle de saint Augustin.
Il y avait alors, à Sainte-Marguerite, deux jeunes religieuses, filles du
Florentin Francesco Buti, qui tenait à Florence une boutique de soie en
détail. Buti avait une nombreuse famille : il vint à mourir et deux de ses