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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 3.1885

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Nr. 123 (6 Juin 1885)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19487#0082

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7o

L'ART ORNEMENTAL.

L'ART ORNEMENTAL.

fabrication. Les verrières de Beauvais, si célèbres et qui sont l'œuvre I un livre précieux les recettes de la coloration du verre et les méthodes
d'Enguerrand le Prince, avaient été en grande partie exécutées d'après les | employées soit de son temps, soit précédemment, pour l'exécution d'un
cartons de Jules Romain, de Raphaël et d'Al-
bert Durer.

Il y a, d'après M. Sauzay, trois genres
de décoration des vitraux peints. Le premier
.et le plus ancien comprend les verres colorés :
c'est une sorte d'imitation des mosaïques de
pavage ou de revêtement, lesquelles, compo-
sées de petits cubes de marbre ou de matières
dures adroitement assemblées, formaient des
ornements géométriques d'une remarquable
élégance. Les verres colorés, réunis d'après
le même système et choisis parmi les masses
de verre teintées par de brillants oxydes mé-
talliques, produisaient, en place, l'effet d'une
mosaïque translucide et tamisaient, en les colo-
riant, les rayons lumineux introduits dans les
églises. Ce genre de verrières remonte à peu
près au v° siècle. On trouve encore dans les
anciens monuments quelques restes de ver-
rières de ce genre, telle la rose du transept de
Notre-Dame de Paris (côté du midi).

Le second genre conduit par une nuance
insensible à la perfection de l'art, et l'on ren-
contre même des morceaux où les deux der-
niers genres sont réunis : ici il s'agit, en effet,
d'une sorte de mosaïque à composition orne-
mentale; mais le verre coloré dans la masse
n'est pas seulement découpé pour se prêter
aux inflexions du dessin conçu par l'artiste;
des traits noirs appliqués sur les pièces aident
à en accentuer les détails et à leur donner le
modelé nécessaire.

De là à la peinture qui constitue le troisième
genre, il n'y avait qu'un pas ; mais ce pas fut
assez lent à s'effectuer, et cela se conçoit, car,
pour combiner les mosaïques de verre, il suffi-
sait d'un ouvrier intelligent ; pour imiter en
grande proportion les ornements et les enca-
drements des manuscrits, il suffisait d'un talent
secondaire, tandis que, pour agencer et peindre
de grandes compositions à figures, il fallait de
véritables artistes.

Suivant M. Labarte (Histoire des arts
industriels au Moyen-Age), la gloire de cette
invention pourrait être revendiquée par l'Alle-
magne et les plus anciens vitraux peints pro-
viendraient des provinces du Rhin : il cite à
l'appui de cette opinion la Chronique de Richer,
moine du monastère de Saint-Rémy, où on
lit qu'Adalbéron, Allemand de naissance, et
tout à la fois archevêque de Reims et chanoine
de l'église de Metz, ayant fait restaurer en 989
l'église de Reims, « lui donna des cloches de
bronze, et l'éclaira par des fenêtres où étaient
représentées diverses histoires ». D'autre part,
l'historien du monastère de Saint-Bénigne, qui
écrivait vers l'an 1032, assure qu'il existait de
son temps, dans l'église de ce monastère, un
très ancien vitrail représentant le Martyre de
sainte Prascasie et que cette peinture avait été
retirée de la vieille église restaurée par Charles
le Chauve. Or, cette restauration ayant eu lieu
entre 814 et 840, la verrière remontait au moins
à cette époque. C'est donc la ville de Dijon qui
est en possession du plus ancien monument de

la peinture sur verre. certain?*

A partir du x,« siècle, il n'y a plus d'obscurité sur la question. Le 1 vitrail. C'est donc à tort qu'on a répète, pour le verre comme po
moine Théonhile. oui vivait vers io5o, a pris soinde nous transmettre dans I poteries, que les recettes anciennes avaient ete perdues et qu

créer la science et l'art à nouveau. En ce qui touche à la fabrication et aux
diverses phases du travail de l'ouvrier verrier, voici en quoi il consiste :

lique pour perdre sa limpidité trop vive ; 20 le verre incolore, sur lequel on
peint un émail; 3" le verre teint dans la masse : tels sont les verres rouges,

bleus, bruns, pourpres, orangés et verts. Plus la
quantité d'oxyde métallique est considérable,
plus le verre est foncé. Le rouge étant par sa
nature trop intense, on le fait double.

La matière à peindre sur verre, connue
sous le nom d'émail, est un produit complexe
composé de deux éléments différents : l'un,
l'oxyde métallique qui donne la coloration ;
l'autre, le fondant, cristal incolore qui fixe la
peinture sur l'excipient en s'y incorporant. Pour
la mettre en état d'être employée, on pulvérise
cette matière au moyen du moulin à émail.
Une fois réduite en poudre impalpable, on en
fait une pâte, en la délayant soit avec de l'eau
gommée, soit avec de l'essence grasse de téré-
benthine ou de l'essence de lavande, et elle
peut alors se manier au pinceau.

Le peintre, mis en possession de son des-
sin, commence par le mettre à l'échelle d'exé-
cution en le divisant par panneaux réguliers :
c'est ce qu'on nomme faire un carton. Sur ce
patron bien arrêté, le peintre place une suc-
cession de morceaux de verre, qu'il coupe au
diamant suivant les contours du dessin. Ces
différents morceaux sont collés sur une glace,
et c'est alors seulement que le peintre com-
mence à poser les émaux qui détaillent et
animent la composition.

Le travail du peintre terminé, les morceaux
de verre sont mis dans un four et soumis à la
cuisson. Les émaux, grâce au fondant, ayant
une fusibilité bien plus grande que celle du
verre, se parfondent et s'incorporent au sub-
jectile sans que celui-ci éprouve aucune défor-
mation ni modification dans ses éléments
chimiques.

Après la cuisson, il ne reste plus que le
montage à effectuer : on rapproche les pièces
en les encadrant d'un réseau de plomb qui les
réunit et que l'on consolide par soudure.
Toutefois, ce simple réseau n'aurait pas la
solidité nécessaire pour supporter seul le poids
énorme d'une verrière; on le soutient donc au
moyen d'une armature en fer qui doit se dis-
simuler autant que possible et comme se fondre
dans la composition.

PETITE CHRONIQUE

Les verres à l'emploi sont de trois sortes : 1° le verre incolore qui, des-
tiné à n'être pas couvert de travaux, doit être atténué par un oxyde métal-

— La Commission des monuments histo-
riques a proposé diverses allocations, montant
ensemble à 43,'jOo fr., qui seraient réparties
sur les monuments suivants : églises de Cour-
sur-Loire (Loir-et-Cher), de Javàrzay et d'Air-
vault (Deux-Sèvres), de Notre-Dame-de-Cléry
(Loiret), de Saint-Avit-Senieur (Dordogne), et.
de Rozoy-en-Brie (Seine-et-Marne).

La commission s'est prononcée, en outre,,
en faveur du classement de l'église du Grand-
Brassac (Dordogne), un des édifices à coupoles
les plus intéressants et les mieux conservés-
du Périgord, et du clocher de Beny-sur-Mer (Calvados), édifice remar-
quable du xiie siècle.
 
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