DOI Heft:
Nr. 126 (27 Juin 1885)
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L'ART ORNEMENTAL.
servilement des objets étrangers qui s'appliquent à d'autres usages sous des
climats différents.
L'esprit artistique se retrouve à l'état latent chez chaque ouvrier
indien, mais il n'a point, comme en Europe, un ressort intellectuel qui lui
permet de s'élever au-dessus du métier pour créer une forme nouvelle.
L'art décoratif de l'Inde se renferme dans les règles immuables de la tra-
dition en répétant sans cesse des types arrêtés depuis vingt siècles, comme
dans l'ancienne Egypte, et se trouve, par suite, condamné à l'immobilité.
Vase ancien du Pérou, en terre cuite.
Les vases sont les véritables reliques qui nous permettent d'apprécier
le sens artistique des anciens habitants de l'Amérique. Ceux qui ont été
trouvés dans les ruines ou dans les tombeaux sont tout à fait remarquables
comme forme et comme décoration. On s'étonne, dit M. d'Orbigny, de
trouver, dans ces vases, des figures qui annoncent l'entente du dessin, un
degré réellement extraordinaire de vérité, de perfection, de finesse dans les
traits. Et, en effet, que ce soit sous forme de vases, de petites idoles, de
petites statuettes en terre cuite, d'ex-voto apportés par les pèlerins qui
visitaient les lieux de dévotion, les Péruviens ont trouvé moyen de repré-
senter toutes les créations naturelles. Peu de peuples ont poussé aussi loin
que lui la céramique au point de vue de la diversité des sujets. Il y a, dans
tous leurs objets de terre cuite, une variété vraiment inouïe. Ils passent des
formes les plus simples aux formes les plus compliquées, les plus élégantes
et les plus imprévues. Tel vase imite le fruit dont il renferme le suc, tel
autre les traits du buveur lui-même dans la pose de l'ivresse la plus com-
plète et la mieux observée. Le vase que nous reproduisons n'est-il pas
aussi beau qu'un vase grec? Et, à côté de ces pièces simples, on en trouve
Vase ancien du Pérou, en terre Cuite.
une série d'autres où l'ancienne Amérique a fait la preuve que son imagi-
nation n'était en rien inférieure à celle des Japonais ou des Chinois. Ici,
c'est un vase formé par un masque indien qui semble être un portrait, peut-
être celui de son propriétaire; là, c'est une femme allaitant son enfant, ce
sont des guerriers qui combattent, un berger qui garde son troupeau, l'inca
qui préside son conseil, etc. Les règnes végétal et animal y passent tout
entiers. Hommes, bêtes et plantes s'associent pour former un ensemble
ronde bosse où se retrouve toujours le principe du vase, ou bien la scène
est en bas-relief méplat à la manière étrusque et certains sujets grotesques
rappellent le caractère des œuvres primitives qui décorent les tombeaux
trouvés aux environs de Pérouse et de Velletri. La similitude est telle que
certains archéologues, frappés de ces rapports étroits de la céramique amé-
ricaine avec celle des Grecs, n'ont pas craint d'affirmer que les premières
populations qui avaient peuplé le Nouveau-Monde devaient avoir une
origine gréco-asiatique.
Cadre inventé et dessiné par Ranson.
Ranson, peintre décorateur, travaillait à Paris dans la seconde moitié
du xviiic siècle. Les compositions de ce maître sont très recherchées. 11
traitait surtout les trophées et les fleurs décoratives avec beaucoup d art.
La première série de son œuvre se compose de vingt cahiers; elle est
intitulée : Œuvre contenant un recueil de trophées, attributs, cartouches,
vases, fleurs, ornements et plusieurs dessins agréables pour broder des
fauteuils.
La deuxième série se compose de douze cahiers, qui ne contiennent à
peu près que des fleurs d'ornement et des trophées.
La troisième série se compose de six cahiers représentant des trophées.
La quatrième série se compose de dix cahiers d'ameublements de six
pièces chaque.
L'ART ORNEMENTAL.
servilement des objets étrangers qui s'appliquent à d'autres usages sous des
climats différents.
L'esprit artistique se retrouve à l'état latent chez chaque ouvrier
indien, mais il n'a point, comme en Europe, un ressort intellectuel qui lui
permet de s'élever au-dessus du métier pour créer une forme nouvelle.
L'art décoratif de l'Inde se renferme dans les règles immuables de la tra-
dition en répétant sans cesse des types arrêtés depuis vingt siècles, comme
dans l'ancienne Egypte, et se trouve, par suite, condamné à l'immobilité.
Vase ancien du Pérou, en terre cuite.
Les vases sont les véritables reliques qui nous permettent d'apprécier
le sens artistique des anciens habitants de l'Amérique. Ceux qui ont été
trouvés dans les ruines ou dans les tombeaux sont tout à fait remarquables
comme forme et comme décoration. On s'étonne, dit M. d'Orbigny, de
trouver, dans ces vases, des figures qui annoncent l'entente du dessin, un
degré réellement extraordinaire de vérité, de perfection, de finesse dans les
traits. Et, en effet, que ce soit sous forme de vases, de petites idoles, de
petites statuettes en terre cuite, d'ex-voto apportés par les pèlerins qui
visitaient les lieux de dévotion, les Péruviens ont trouvé moyen de repré-
senter toutes les créations naturelles. Peu de peuples ont poussé aussi loin
que lui la céramique au point de vue de la diversité des sujets. Il y a, dans
tous leurs objets de terre cuite, une variété vraiment inouïe. Ils passent des
formes les plus simples aux formes les plus compliquées, les plus élégantes
et les plus imprévues. Tel vase imite le fruit dont il renferme le suc, tel
autre les traits du buveur lui-même dans la pose de l'ivresse la plus com-
plète et la mieux observée. Le vase que nous reproduisons n'est-il pas
aussi beau qu'un vase grec? Et, à côté de ces pièces simples, on en trouve
Vase ancien du Pérou, en terre Cuite.
une série d'autres où l'ancienne Amérique a fait la preuve que son imagi-
nation n'était en rien inférieure à celle des Japonais ou des Chinois. Ici,
c'est un vase formé par un masque indien qui semble être un portrait, peut-
être celui de son propriétaire; là, c'est une femme allaitant son enfant, ce
sont des guerriers qui combattent, un berger qui garde son troupeau, l'inca
qui préside son conseil, etc. Les règnes végétal et animal y passent tout
entiers. Hommes, bêtes et plantes s'associent pour former un ensemble
ronde bosse où se retrouve toujours le principe du vase, ou bien la scène
est en bas-relief méplat à la manière étrusque et certains sujets grotesques
rappellent le caractère des œuvres primitives qui décorent les tombeaux
trouvés aux environs de Pérouse et de Velletri. La similitude est telle que
certains archéologues, frappés de ces rapports étroits de la céramique amé-
ricaine avec celle des Grecs, n'ont pas craint d'affirmer que les premières
populations qui avaient peuplé le Nouveau-Monde devaient avoir une
origine gréco-asiatique.
Cadre inventé et dessiné par Ranson.
Ranson, peintre décorateur, travaillait à Paris dans la seconde moitié
du xviiic siècle. Les compositions de ce maître sont très recherchées. 11
traitait surtout les trophées et les fleurs décoratives avec beaucoup d art.
La première série de son œuvre se compose de vingt cahiers; elle est
intitulée : Œuvre contenant un recueil de trophées, attributs, cartouches,
vases, fleurs, ornements et plusieurs dessins agréables pour broder des
fauteuils.
La deuxième série se compose de douze cahiers, qui ne contiennent à
peu près que des fleurs d'ornement et des trophées.
La troisième série se compose de six cahiers représentant des trophées.
La quatrième série se compose de dix cahiers d'ameublements de six
pièces chaque.