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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 3.1885

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Nr. 127 (4 Juillet 1885)
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86

L'ART ORNEMENTAL.

Nous avons dit plus haut que la transformation complète de la manu-
facture date de Brongniart. Avec lui la porcelaine tendre tomba dans le
plus absolu discre'dit. Tout fut à la porcelaine dure et on fit des vases qui
n'avaient pas moins de 2m,40 de hauteur. Cet abandon complet d'un art
charmant est extrêmement regrettable, et il serait à désirer que la manufac-
ture de Sèvres renouvelât la tentative faite il y a une trentaine d'années
pour retrouver les procédés de fabrication de la porcelaine tendre.

Le directeur actuel, M. Lauth, qui est animé d'un désir non équivoque
de tirer du magnifique outil qui lui est confié tout le parti possible et qui
a créé déjà un intermédiaire entre les deux fabrications, comprendra cer-
tainement qu'il lui appartient de réparer l'énorme faute de Brongniart et
qu'il faut à tout prix ressusciter un genre qui seul permet au caprice céra-
mique de se donner carrière.

PETITE CHRONIQUE

A cette époque, la fabrication reposait tout entière sur les procédés de
la porcelaine artificielle ou porcelaine de France, désignée aujourd'hui sous
le nom de porcelaine tendre, sans rivale si on la juge au point de vue artis-
tique, mais d'une qualité médiocre dans les applications aux usages domes-
tiques et hors d'état de soutenir, sous ce rapport, la comparaison avec la
porcelaine dure que l'on tirait de la Chine ou qui venait d'Allemagne. Or, la
manufacture royale avait pour mission principale d'annuler toute concurrence
étrangère, aussi accepta-t-elle, à plusieurs reprises, le concours d'ouvriers
allemands ou alsaciens qui lui promirent de révéler les secrets de Meissen.
La collaboration de ces ouvriers fut stérile, et ce n'est qu'en 1768 que Marc-
quer, le savant chimiste qui avait succédé à Hellot, put reconnaître les magni-
fiques gisements de Saint-Yrieix, près Limoges, dont la découverte fortuite
était due à la femme d'un pauvre chirurgien du pays, nommé Daruet.

La manufacture avait enfin atteint le
but de sa suprême ambition. C'est sous
l'habile direction de Régnier que furent
commencés les travaux un peu considé-

notamment les magnifiques vases qui SEnSI

ornaient, avant la guerre de 1870, le —M. Joseph Tournois, artiste bour-
palais de Saint-Cloud, et ceux qu'on 4j$éP^ïïïj^>S^ guignon, — il est né à Chazeuil (Côte-
remarque dans les anciennes galeries du JP®frïp^STÉ d'Or), — a terminé pour la ville de
Louvre. C'est également de cette époque Dijon la statue de Rude, l'immortel
que datent la première application de É^î^lwÏRlfp sculpteur du haut-relief de l'Arc-de-
l'émail à la porcelaine tendre et les copies *"®Mgjj3^'"' _ ■i^^'^IwT^f^k Triomphe. C'est à la suite d'un concours
des tableaux de maîtres sur plaques de JM«L ^mmSÊSr^lx^ntw 1 X ^hBhB^" que M. Tournois a été chargé de l'exé-
porcelaine. llimiîlf '■-^^^^^^RS^SJ^'^î» Ja ■iS' cution de ce monument exposé depuis
En 178(1, la manufacture de Sèvres '~~tÊT "^^ÈêÈÊaM ''^/^SSÊ^i^ Rj^jS le 20 juin, aux Champs-Elysées, devant
ne connaissait pas de rivale en Europe, ô^rXrij^^^^ T^jBPMLt^^ Jj^mr J^arPP^~^ *a Porte de sortie du Palais de l'Industrie,
mais l'annulation du privilège et la pénu- §T '■f^^^ÊÊÊ^^ÊÊl^bS'SSÊKÊÊÊiÊÊbk. M' Joseph Tournois, qui a remporté
rie du trésor lui portèrent un coup fatal : 'u M ■^L^fjK^g^j^WB^^^^^JMf ^e Grand Pr'x de R°me en ■857, a obtenu
en 1790, il fut question de la vendre, /i^SSg^CTS^b^ml.MÉ^fejKJttiéffiA _-t-Srvfi jl^à, des médailles aux Salons de 1868, 1869
Louis XVI la sauva eu la « gardant à ses ^Jï ^ ^J^^^ÊÊ^Fff^^^^^^^^S^^Ê^ et '^7° et une médaille de deuxième
frais ». Après le renversement de la ««, fM^'^^^x^W'mm'^^^àÀMi^^^^k^^^ classe à l'Exposition universelle de 1878,
royauté, la Convention décida que la ^àfe*^S^^raS^âBSt JËÊM ^^Sf^^ji^S^^^M, année où il a été nommé chevalier de la
manufacture serait conservée comme éta- ^âsl^^MKHffiBI ïf , * JpjjS^^r^^' Légion d'honneur,
blissement national. Iule ne battit que jMBRmP_\ ^^^^"£^^3^S^BlE^^^^^

d'une aile pendant la période révolu- :- ' ^^■'isj^S^'^ffr''—— Un sculpteur lyonnais, M. Arthur

tionnaire et ne revint en réalité à la vie \^^SSdP^lÊm^^'^^s& de Gravillon, termine en ce moment le

qu'en 1800, époque à laquelle Alexandre JKJhzIIhL* iK* buste du président du Sénat, M. Le

Brongniart en fut nommé directeur. Pen- ■«PlKîxSn Royer. L'œuvre de M. de Gravillon est

dant une période de quarante-sept an- iilHhPsioîlifi destinée à être coulée en bronze. Cet

nées, ce savant intègre et désintéressé HW^^jr artiste a exposé au Salon actuel la Croix

resta à la tête de la manufacture. C'est ^aBmjljr brisée, statue plâtre, et le buste en

sous son intelligente et active direction jHHK? marbre de M. l'abbé Hyvrier, supérieur

que l'établissement atteignit son plus haut '^Ër fl^ de l'institution des Chartreux de Lyon.

degré de prospérité. C'est de cette époque iwn|

surtout que datent les plus grands per- J&SLer^. — La galerie nouvelle dont nous

fectionnements apportés à la fabrication , avons déjà parlé et qu'on est en train

, . .. , _ Applique en ancienne porcelaine de Saxe et bronze dore, ... „ , , ,

de la porcelaine dure en France et en d installer au Musée du Louvre, est située

Europe, perfectionnements qui eurent A TR0IS ""' ,E. ' dans le vaste corps de bâtiment qui

presque tous leur point de départ à longe la Seine, au premier étage, au-

dessus de la cour Lefuel, et ne mesure pas moins de trente-sept mètres
de longueur.

On vient de construire tout autour de la salle un mur uni, derrière
lequel on a réservé la place d'un large corridor où les artistes pourront
déposer leurs tabourets, leurs toiles, leurs cartons et leurs chevalets.
Le plafond a été remplacé par un vitrage fixe en verre dépoli.
Ce nouveau plafond se relie au mur par des voussures dans lesquelles
il y a seize pénétrations ou lunettes : six sur les murs de droite et de
gauche et deux à chacun des murs du fond. Dans ces pénétrations s'en-
châssent des médaillons rattachés entre eux par des motifs ornementaux
et surmontés de cartouches et de tympans sur fond de couleur à rehauts
d'or. Au bas court une large frise. Deux grands sujets allégoriques
occuperont le centre des voussures qui surmontent les panneaux du
fond.

L'un représentera la France ancienne et l'autre la France nouvelle.
M. Thomas exécute la première figure, et c'est à M. Hiolle qu'on a confié
l'exécution de la seconde. Elles sont destinées à se faire pendants, et sont
conçues, par conséquent, dans une donnée décorative analogue. Ce sont

la manufacture et se répandirent ensuite dans l'industrie privée.

L'histoire de la fabrication de la porcelaine à la manufacture de Sèvres
résume l'histoire tout entière de la porcelaine française. C'est la manufac-
ture de Sèvres qui, la première en France, a fabriqué la porcelaine kaoli-
nique, et si elle n'a pas inventé la porcelaine française ou porcelaine tendre,
elle l'a du moins si bien transformée, en a tellement amélioré la composi-
tion et les procédés de fabrication, que les manufactures qui l'avaient
devancée ou qui l'ont imitée depuis s'effacent et disparaissent devant elle,
si bien que le nom même de porcelaine tendre ne semble plus s'appliquer,
dans le langage actuel, qu'à la seule porcelaine de Sèvres.

Parmi les produits les plus remarquables de cette première période, il
convient de citer principalement les bouquets si finement modelés en relief
et peints au naturel sur cet admirable émail laiteux et fluide où les couleurs
prenaient le ton frais et velouté des fleurs, les beaux vases à fond bleu de
roi ou de Sèvres, le beau rose carné appelé rose Dubarry et mieux encore le
rose Pompadour, qui n'a jamais été imité depuis; les services de table, les
cabarets et les mille riens coquettement ornés de figurines dont Boucher
et Van Loo fournissaient les dessins.
 
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