Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 3.1885

DOI Heft:
Nr. 133 (15 Août 1885)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19487#0121

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
1 to

L'ART ORNEMENTAL.

nous ne pourrions préciser d'une manière absolue. Elle contient toutes les
qualités d'élégante solidité et d'ornementation, tantôt massive, tantôt déli-
cate par places, qui résume l'art malheureusement perdu de l'ancienne
orfèvrerie orientale.

Anciens verres de Bohême de la fin du XVIIe siècle.

Rodolphe II, dit M. J. Falke, qui détestait les soucis du pouvoir sans
avoir la volonté de s'y soustraire ou d'y renoncer, vivait seul et presque
inaccessible dans son château de Prague, à la fin du xvie siècle.

Passionné pour presque tous les arts, l'empereur fit acheter des chefs-
d'œuvre dans différents pays et attira dans la ville qu'il habitait un grand

matière, presque aussi mince que du papier, et dont la délicatesse concorde
avec la grâce et la légèreté de la forme. Sa fabrication exige à la fois l'ha-
bileté manuelle et le sentiment complet de la beauté particulière à cette
sorte de verre. Il en est tout autrement pour le cristal, tout autrement
pour le verre de Bohême. C'est en travaillant le cristal à l'état brut, en le
taillant et en le polissant qu'on arrive à lui donner les contours les plus
nobles et les formes les plus élégantes. On ne procédait pas autrement au
xvi,! siècle, époque où florissaient à Venise dans tout leur éclat l'art de
travailler le cristal et l'art de fabriquer le verre. Mais à l'élégance des
contours les tailleurs de cristal savaient ajouter la richesse des ornements :
ils gravaient sur les surfaces rondes des dessins et des figures qui, par
suite des jeux de lumière, contribuaient à l'effet du relief. C'est ce mode
nombre d'artistes, qu'il sut y retenir en leur de décoration et de fabrication légèrement

confiant d'importants travaux. modifié qu'on appliqua au verre de Bohême :

Parmi ces artistes se trouvaient des pour le cristal, le bloc brut prenait succès-

Italiens sachant tailler le cristal de roche, et n £s sivement dans les mains de l'ouvrier la

des orfèvres qui se fixèrent à Prague. Leur *©î forme voulue : on donna au verre en le

vogue et leur habileté nous sont attestées .^Js^KX soufflant une première forme qui prit peu à

encore aujourd'hui par les nombreux objets ySflSilp^'S^ Pcxl, ^al" ^ P°^ssa8e ^e l'élégance et du fini,

d'art en cristal de roche que contient le j 7|«||p|§§|ag:| /r-*x_ et qui s'embellit en même temps d'ornements

trésor impérial 4e Vienne, l'un des plus uq, llllfe^w^j /<^fm gravés à la molette. En outre, pour que

riches en ce genre, chefs-d'œuvre incompa- /Pîîiîlwl'li^^^^^^^^ s^w^s**™^ l'imitation du cristal par le verre fût com-

rables qui étonnent souvent par la grosseur /^^s^^"^^^^S^^^\ //Jy plète, on s'efforça d'obtenir du verre aussi

des cristaux et qui sont tous admirables A llllir^l-'')! // // limpide, aussi pur, aussi incolore que le

par la beauté et l'élégance de la forme, par In W Xy-w^l ^W l- // cristal, résultat auquel n'étaient parvenus

la pureté de la taille, par la richesse et le jj'| MBfMfî'i! lin jusqu'alors ni les Vénitiens ni les Alle-

goût de la monture en or et en émail. Les Ut JP8§~^L m n mands.

ouvriers tailleurs de cristal étaient si nom- lliBBv^ i'È il ^ arriva alors qu'on put opposer l'un à

breux à Prague qu'ils ont donné leur nom à Jellf'^w l'M II l'autre le verre de Venise et le verre de

l'une des rues de cette ville. ^2%1 É1P*1 &\\ M, f Bohême comme étant des verres d'espèce

Mais, après la mort de l'empereur »^Ékr$É^Kfel §5 W\ IKj M différente, et qu'on désigna le premier sous

Rodolphe, de mauvais jours commencèrent |5k> ImWÊÊz^Ê Wy ^ ImÈ v\ le nom de verre soufflé et le second sous

pour eux et pour leur art. L'empereur Ma- ^^^^^T^^M^^^ ,wS^ ^V^^ffi^m '6 nom ^e verre taillé.

thias fixa sa résidence à Vienne et, quelques i^^^^^^^^^^^^^jv Ê^^^^^^^ ^ C"sta' taillé, se perfectionnant de

années plus tard, la révolution de Bohême CM^^^^^Êm^^\\iïï^ÊS>WSr plus en plus, remplaça dans le courant du

ayant donné le signal de la guerre de Trente WjSnKnÊÊ^^^^ I S Y^nXl XVI° siècle le verre de Venise qui passa

ans, on négligea l'art de la taille du cristal, M^m^^Bil^Ml ^ ÉluL^ Il f iflvlt\ ^& m0^e' ^e 'a ^on^me *' se répandit dans

art pénible et coûteux. Vers le milieu du ^^^^Pwfffill^SsI'l11 i «il W \ï*\ tous les pays au nord des Alpes et. à la fin

xvnc siècle, l'empereur Ferdinand III fit |Éja|Sj||i§|B^^^^H|jj| | I|ÉPv1|b du siècle, c'était le seul verre qui fût fabriqué

encore exécuter quelques objets d'art en W^^^^^^^^^^M^^M\^^^^Vm dans ces pays. Cependant au point de vue

cristal de roche, mais leurs formes plus X^^^lv^^^^^Ê^^^^^J' artistique, le cristal allait subir des modifi-

massives annoncent déjà la décadence du s^^^^m^Oïïfl^jÈrn^,^/ cations, résultat de l'altération du goût. Aux

goût. : ^ËSsfe,A / ]gSÊ0^ formes arrondies et légères du temps de la

Le cristal de roche étant passé de , ^^^^^^^^/SÊUÊSs Renaissance, qui, dans l'origine, avaient

mode, les ouvriers tailleurs de cristal, ne ll^^^SSsSSSiF servi de modèle, se substituèrent des formes

pouvant plus gagner leur vie par leurs tra- Z&i- IIÉ#.4t P^us raides. Puis il se produisit une innova-

vaux ordinaires, cherchèrent à utiliser leur S^ÉïlÊi--' y^g^H^B^^^. tion, résultat de la technique de la taille du

habileté dans la fabrication du verre de '^i^^^^^Wl*^BSBE^I^^^I|fe^<„ verre, innovation qui devint caractéristique

Bohême. ""'*s^i*^j^^H^^^^^^^^^^'<^^^) ^ ^ - pour le verre de Bohême et qui, dans la

Cette fabrication existait depuis long- "° '■ ■ ■■ ^^^^^i-JXà-:..S^SQ^-,'Î7. >V suite, influa sur les progrès du verre artis-

temps dans ce pays, mais sans caractère tique. Sur la surface arrondie des coupes

particulier et, autant du moins que nous Aiuuière persan a, on traça extérieurement des facettes à cornes,

pouvons en juger, sans valeur artistique. . destinées à être polies ou à être entourées

Venise fournissait les modèles, mais on les des anciens ornements gravés. Si le vase

modifiait suivant le goût allemand et l'interprétation germanique en épais-
sissait et en alourdissait les formes fines et gracieuses. On employait un
verre de couleur verdâtre dont la décoration consistait en dessins assez
grossiers obtenus au moyen d'émaux colorés.

Il est hors de doute que ce sont les Vénitiens qui ont essayé les pre-
miers de fabriquer pour les miroirs et autres objets un verre aussi pur,
aussi transparent et aussi incolore que le véritable cristal. Cette ambition
gagna à leur tour les verriers de Bohême et, lorsque les tailleurs de cristal
de l'empereur Rodolphe eurent été forcés par le manque d'ouvrage d'en-
trer dans les verreries, la fabrication du verre se modifia d'après une
méthode toute nouvelle qu'on appela, par opposition à la méthode des
Vénitiens, méthode de Bohême.

Dans la verrerie de Venise, la forme primitive qu'on a donnée à l'objet
en le soufflant n'est modifiée dans la suite par aucune décoration. C'est là
le caractère distinctif de cette verrerie, dont la beauté réside dans l'élé-
gance et la finesse des contours, le charme dans le peu d'épaisseur de la

avait un pied et une tige, on les ornait de la même manière, de sorte que
les lignes arrondies des contours se changèrent partout en ligne droite.
La forme prit plus de raideur et les proportions parurent épaisses et
lourdes, comparées aux proportions élégantes des verres de Venise.
Cependant la beauté de la forme restait suffisante et le fini de la gravure
était tel, que de nos jours les amateurs recherchent encore et avec raison
les cristaux de cette époque qu'ils payent un prix très élevé. C'est ce cristal
gravé et taillé à facettes qui a remplacé l'ancien verre de Bohême.

Il règne une certaine incertitude sur l'invention de la gravure sur
verre. Certains croient qu'elle n'a été inventée que vers ibio par Gaspard
Lehmann et continuée par son élève Georges Schwanhard. Certains verres
vénitiens dont la fabrication est antérieure à cette date sont cependant
gravés. Ce sont des verres du xvc et du xvic siècle réunis par les graveurs
de Bohême et dont le décor fut exécuté par eux soit au diamant soit au
touret, au moment où le goût, abandonnant la verrerie vénitienne, se porta
sur la verrerie de Bohême avec une telle fureur que, les verres indigènes
 
Annotationen