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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 3.1885

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Nr. 135 (29 Août 1885)
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n8 L'ART ORNEMENTAL. L'ART ORNEMENTAL. u9

assurément avec le secours d'un instrument qui n'était point un pinceau. artistique d'une femme mit en œuvre avec tant de bonheur les meilleures | moins accidentellement fourni des modèles à la tapisserie, Jordaens et

EXPLICATION DES PLANCHES!! 0n ne saurait décrire la grâce et la finesse des faïences d'Oiron. Leur qualités de l'esprit français. | Teniers, dans les Flandres; Lerambert, Gayot, Dumée, Simon Vouet,

Ooupe en faïence d'Oiron.

Cette coupe est une des neuf pièces de
faïence d'Oiron que possèdent MM. de Roth-
schild.

Nous avons déjà parlé, dans les n°" 4 et 5
de ce recueil, de cette belle faïence dont la
fabrication, suivant l'expression de M. Saint-
Raymond, a traversé comme un brillant mé-
téore l'histoire de la céramique, surpassant,
dès ses débuts, tous les autres produits par
la beauté de ses formes et la délicatesse de
ses ornements, disparaissant peu de temps
après avec la même soudaineté, sans laisser
d'autre trace qu'un très petit nombre de
chefs-d'œuvre et l'exemple désespérant de
procédés dont personne n'a pu retrouver le
secret.

Rappelons seulement que le souvenir
même de cette faïence était à ce point perdu,
que les premiers collectionneurs qui en ren-
contrèrent quelques produits hésitèrent long-
temps sur leur origine. On désignait égale-
ment l'Italie, Lyon ou Beauvais, on croyait
à une commande royale et on la qualifiai
de service de Henri II, quand les recherches
de M. Fillon démontrèrent que ces merveilles
de délicatesse et de goût avaient été faites
au château d'Oiron en Poitou, et avaient pour
auteur une femme, Hélène de Hangest, veuve
de Claude Goufiier, grand écuyer de Henri 1!,
assistée de deux collaborateurs : François
Charpentier, son potier, et Jehan Bernarr.
son bibliothécaire.

Disons aussi que la faïence d'Oiron esf.
au point de vue de sa composition céramique,
un produit d'une espèce particulière. Elle
possède au lieu des éléments de la faïence
commune ceux qui caractérisent la faïence
fine ou terre de pipe ; elle constitue une sorte
de pâte dure qui contient à côté de l'argile
une certaine quantité de silex ou de quartz et
de chaux. Il en résulte que la découverte de
cette faïence fine, faite au siècle dernier en
Angleterre, avait été précédée de deux cents
ans par une invention française absolument
semblable.

Le caractère particulier des faïences
d'Oiron, ouvrages de grand luxe qui ont dû
être fort peu nombreux et fort peu répandus,
et la si courte durée de la fabrication expli-
quent parfaitement l'oubli dans lequel, même
en France, cette invention serait tombée.
On avait oublié jusqu'aux pièces encore exis-
tantes, et la haute estime où elles sont tenues
de nos jours a été la suite d'une sorte de
résurrection.

Outre la différence de la matière, il y
a aussi une différence très remarquable de

procédé qui sépare la faïence d'Oiron des '■ ™j jimEz
habitudes de décoration suivies dans la majo-
lique italienne. Ce n'est pas ici à proprement
parler une peinture sur la terre émaillée, c'est

une incrustation faite avec des argiles colorées dansée dessin préalablement
gravé en. creux dans la pâte pour les recevoir. D'autres fois, c'est, au lieu
d'une incrustation, une impression faite de la manière la plus précise et

Yscstt t-iy.i:r..'

Philippe de Champaigne, Le Poussin, Lesueur,
Van der Meulen, Noël Coypel, Sébastien
Bourdon, en France; Romanelli et les élèves
de Pierre de Cortône, en Italie; Candido ou
de Witte, en Allemagne; Francis Cleyne, en
Angleterre, un nom domine, avec celui de
Rubens, tout le xvii" siècle et balance la
gloire du chef de l'école d'Anvers, c'est celui
de Charles Le Brun. L'émule, ou plutôt le
successeur de Rubens, ne compte point parmi
les plus grands artistes, même à ne prendre
pour terme de comparaison que ses contem-
porains. La gloire d'un Poussin, d'un Lesueur,
d'un Rigaud éclipse la sienne, et cependant
ce génie universel a fait pour les arts déco-
ratifs plus que tous ses contemporains réunis.
Le sentiment de la décoration est si vif en
lui que ses peintures se transfigurent en pas-
sant de la toile sur la chaîne; leur traduction
dans un art différent leur donne plus d'éclat,
une harmonie plus riche et plus mâle. Il en
est de même des grands tableaux de cérémo-
nie qui forment l'incomparable suite appelée
l'Histoire du Roi. Quand ces tentures éblouis-
santes s'agitent, on croit voir Alexandre, le
Roi Dieu, et Louis XIV, le Roi Soleil, des-
cendre de leur char triomphal pour se mêler
à nous. Ces figures héroïques, les unes cou-
vertes d'armures .étincelantes, les autres
d'étoffes brochées d'or et de soie, de pierre-
ries, de dentelles, s'animent d'une nouvelle
vie sur ces surfaces souples et ondulées.
Fastidieux lorsqu'il se produit dans la pein-
ture à l'huile ou à fresque, le besoin de pompe
et de magnificence du grand siècle trouve sa
plus naturelle et sa plus heureuse expression
dans ces tissus dont l'or et la soie forment
les éléments naturels.

Ce qu'il est intéressant de faire remarquer
à propos de ces admirables tapisseries d i
xvnc siècle, c'est qu'il se produit à ce moment,
au point de vue de la production, des chan-
gements de la plus haute importance. La
centralisation, dit M. ML'tntz, fait des progrès
rapides; les manufactures officielles tendent
à se substituer, en France, en Angleterre, en
Allemagne, en Italie et même dans le nord,
aux ateliers particuliers; l'action gouverne-
mentale remplace l'initiative privée. Le résultat
le plus marquant des efforts nouveaux est le
déplacement, en faveur de la France, de la
suprématie naguère exercée par les Pays-Bas ;
en créant les Gobelins, cette école de hautes
et fortes études, Colbert assure à notre pays
une prépondérance qu'il n'a point perdue
depuis. Désormais l'Europe s'inspire des prin-
cipes de notre grande manufacture nationale
et nous emprunte nos ouvriers; la tapisserie
est redevenue, comme au xiv" siècle, un art
français.

PETITE CHRONIQUE

mente, comme celui des choses simplement belles, semble naître de nëfl. _ . . . , ,. ___, „

' , , , , , • „„„ • - - , c Tapisserie des Gobelins, composée par Charles Le Brun.

Ce n'est qu en les voyant qu'on peut se faire une idée de ces formes

pleines d'élégance, de cette décoration intelligente et mesurée où le tact Si nous laissons de côté, dit M. Muntz, les peintres qui ont plus ou

— La direction du Musée du Louvre
vient de faire rouvrir la salle des Gladiateurs, qui fait pendant à la salle
de Vénus, récemment livrée au public. Restées fermées pendant près de
deux années, pour faciliter la construction de sous-sols destinés à les
 
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