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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 3.1885

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Nr. 147 (21 Novembre 1885)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19487#0175

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i66

L'ART ORNEMENTAL.

délicates; c'est ce qui apparaît clairement dans ces colonnettes finement
ornées au-dessus de la base, dans ces voussures refouillées de caissons
avec rosaces. L'idée de faire de l'entablement du rez-de-chaussée une
balustrade ajourée est certainement des plus ingénieuses et des plus ration-
nelles. On remarquera que, si la sculpture précieuse est prodiguée sur les
points où l'œil peut l'apprécier, elle n'est pas inutilement attachée aux
parties hautes, qui ne sont décorées que par les profils et les ressauts de
l'architecture, et cependant la délicatesse de l'ornementation inférieure
n'empêche pas les supports de paraître assez robustes pour porter les
parties supérieures.

Cette liberté dans l'emploi des procédés décoratifs, qui s'allie si bien

Petite cour du lycée de Toulouse.

Lorsque les architectes de la Renaissance, dit M. Viollet-le-Duc, se
mirent à étudier l'antiquité romaine, ils ne se laissèrent pas entraîner à
revenir aux formes de cet art sans tenir compte de l'opportunité de leur
application, suivant les circonstances. Tout en adoptant des éléments
décoratifs nouveaux, ils n'abandonnèrent pas tout d'abord les principes
judicieux qui guidaient leurs prédécesseurs. Ce n'est guère que vers la fin
du xvie siècle et pendant le xvne que l'on vit la partie décorative de l'archi-
tecture imitée de l'antiquité s'appliquer indifféremment à toute espèce
d'édifices, sans tenir compte de l'affectation. C'est alors qu'on vit naître

cette sorte de culte pour les ordres ro- au génie français, ne devait avoir, hélas,

mains, qui fut cause que tout architecte qu'un règne éphémère; car, vers la fin du

ne se croyait pas quitte envers le public, ^-sSfS5^SSSSfc\ XVI° s^cle, un goût italien assez mal com-

ni envers lui-même, s'il n'avait plaqué un ' itf!'"' (|ll\fll Prls xmt s'imposer chez nous sous les

de ces ordres sur une façade. Ce fut là i Ifffi derniers Valois. Les édifices qui datent de

une étrange manie, qui n'a malheureuse- kfSI. .'• ' VpsT^jR "a ^u XVI* siècle nous montrent une

ment pas été abandonnée. I lll»^^^' f l«l ornementation dans laquelle la richesse

Ce qui fait de la belle période de la 1 M| ■la \ "Ml n'est souvent que la confusion, une super-
Renaissance un art d'une valeur incontes- k'fïl m \ tilt fétation de détails qui n'ont pas toujours
table, c'est le choix du parti décoratif. i ;|B| | |B| une corrélation avec l'ensemble, une
Au point de vue de la structure, de l'em- H! lit Pi! i lll influence italienne, enfin, admise sans
ploi judicieux et raisonné des matériaux 1 ilB \g[ \ ||1 critique et se traduisant par une recherche
mis en œuvre, la Renaissance est en déca- 1 |B r|I \ de Pétrangeté plutôt que de l'originalité.

dence manifeste sur les époques anté- | Ml LmL- ''ifflBli____ ^c ^ut ^a rnort de cet art libre, sobre,

rieures, mais la décoration des édifices s'y \ :=3^^t, logique dans ses allures, dont la petite cour

montre avec une distinction singulière. /r7^ÊN^r$~' fffîi -"^^"""^^s^^S j|^P du lycée de Toulouse est un spécimen

Jamais rien d'outré, de prétentieux; jamais K81pL^^|]t HL tt Mm accompli,
le gros ne prétend s'imposer pour le N^^^%==~-ZZr^ ^HaaBflTN / I H M

grand. C'est un art délicat, fait pour des RI lï^^ïSr M 11 Broderie espagnole du XIVe siècle,
délicats, qui malheureusement ne se déve- [1 ^3 Ici fW sm 11

loppe pas suivant son premier essor, mais g|> i f Pli la H! " ^ans tout 'e Moyen-Age et jusqu'à

dévie bientôt par la recherche du majes- pf \m I | .11 il Sj la fin du xvie siècle, la broderie était un

tueux et d'une imitation sans critique de <èSy-~^~~ A~-~y, 1 f- l|| 11 art, une branche estimable de la peinture,

l'art romain. <jLp4 _ ' il i| 1 ~ L'aiguille, véritable pinceau, se promenait

Tout le monde connaît ces charmantes 'V>J=Jj__ i ^tà^*^ SL"" 'a t0''C Êt 'a'ssa't derrière elle le fil

productions de la moitié du xvie siècle, *<^fe;?SSs~-___ ~~~" [| I ^^^^0^ffS^^^^ʧ) teint en guise de couleur, produisant une

productions si françaises, qui s'allient si '';!^*^^'-2f;.é:=ï^8^SSÉ?^^^^S^9S peinture d'un ton doux et d'une touche

parfaitement à la nature de notre esprit, çH^^^^^^^ÉKw Hll^^^^îl^P ingénieuse, tableau brillant sans reflet

auquel l'exagération, l'enflure, le pompeux W^MgJ fj 4 BP-^^^^ir éclatant, sans dureté. »

sont antipathiques. ',; ;.•; ' ' ^^^^^ «f| «1 ^^^^' ' ' ' Ceci était vrai dès le xnc siècle. Dans

Il y avait alors trois écoles distinctes : '•■ ' VtoÏM Iffjjf' /e Roman de Perceval, Gauvain se présente

l'école qui s'étendait de la Normandie et / . \ vuil ilm-' ' ~~ ' ■ à la porte d'une tente et se nomme; une

de l'Ile-de-France aux bords delà Loire, , -*!^Éiik<iJi\\ Ir^SIlBi - ..... jeune fille va chercher une œuvre sarrasi-

l'école bourguignonne et l'école langue- ,i ('/Ji^Wp ', . noise où il était représenté :
doeienne ; toutes trois sœurs, mais possé- "r'.-_''y-ï':'-'~-A']'A'-^ •-:: ■"• ,< : ' • • "

i fc i - • . " Si proprement avait pourtraite

dant leur originalité. ,. ■ , • u, r ■

^- V C ti ^ i v^^rar^^litC^ . L ymage a lui en semblant fane,

Alors le fanatisme de la symétrie, de - = ({/%ʧ?lt[! m I ' n i - Que nulz homs du mont n'i fausist

ce qu'on appela plus tard la belle ordon- '-V^fgC vAAx. 'j 11 'f Ji l'I Wt^sS^^Sk^''' A lui connoistre, qui veist

... , , , ' ".' - / £/,< /M'f1 'I i ' I 1 — 1 La pourtraiture et lui ensemble.

nance, n'existait pas. La décoration des • T^MW^W^P^l-->®@BK , Si très finement le ressemble.

édifices se soumettait aux besoins com- ' '^^Êff^SSÊÊ^>f'.:

mandés par la disposition architectonique Jf^^Pr'^' Aiwof^ " Pour se faire une idée du nombre et

et ne prétendait pas s'imposer; elle parait de la richesse des broderies au xive siècle,

le corps sans prétendre soumettre ses fonc- Chaise a pivot. il suffit de consulter l'inventaire de

tions à l'habit. Midi de la France. (Collection Bonnaffé.) Charles V. On y voit relatée l'existence des

La petite cour du lycée actuel de objets les plus variés et les plus somp-

Toulouse est un exemple précieux de cette tueusement traités : « Une mitre brodée

sur champ blanc et orfrasée d'or trait à images ayant appartenu au
pape Urbain V; une chapelle de camocas d'outre-mer, brodée à images
de plusieurs histoires; une touaille parée, brodée à ymages de la Passion
sur or ; une ymage de saincte Agnès de brodeure; ung ymage de saint
George en brodeure, ou sont Nostre-Dame, saincte Katherine et saint Jean

l'évàngeliste en ung estuy couvert de veluyau vermeil. Enfin, il faut voir, à
la Bibliothèque nationale, le livre d'heures d'Isabeau de Bavière, dont la
couverture en canevas brodé représente Jésus sur la croix, ayant à ses
pieds les saintes femmes, et la Cène, surmontée de deux compartiments
ornés; et puis, au musée de Cluny, un fragment d'orfroi provenant d'une
chapelle faite à Cologne, et renfermant deux des apôtres dans des enca-
drements à nervures, et un tissu brodé à chevrons, provenant d'une
ancienne étole fabriquée aussi à Cologne.

application de la décoration pour faire saisir d'un coup d'oeil ce qui vient
d'être dit.

Ce lycée était autrefois l'hôtel Bernuz, où François Ier, dit-on, fut reçu
en 1533. De cette cour, il ne reste que deux côtés, dont notre figure donne
un aperçu. A droite, est la cage d'un petit escalier qui monte à la loge
supérieure donnant sur la façade extérieure et sur cette cour. A gauche, un
arc d'une seule volée forme abri et dégage le sol.

On le voit, rien de symétrique en tout ceci. L'architecte s'est préoc-
cupé, avant tout, de trouver les dispositions les plus commodes, de
satisfaire aux besoins imposés par la nature de l'habitation, et, ce premier
point obtenu, il a cherché des motifs de décoration. Ici, comme dans tous
les édifices de la bonne Renaissance française, le décorateur s'est attaché
à orner les parties abritées et à placer prés de l'œil les sculptures les plus
 
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