DOI Heft:
Nr. 150 (12 Décembre 1885)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19487#0187
L'ART ORNEMENTAL.
les deux ou trois ordres, dorique, ionique et corinthien, superposés
avec chacun son entablement et sertissant des arcades; tels le théâtre de
Marcellus et le Colisée, à Rome.
Les Grecs étaient des artistes trop chercheurs et trop éclairés pour ne
pas être choqués par ce qu'il y avait d'irrationnel dans cet emploi des
ordres. Aussi songèrent-ils à considérer la colonne comme un contrefort,
et s'ils continuèrent à la couronner de son entablement, ils profilèrent
celui-ci suivant le plan de cette colonne, comme pour la relier à la con-
struction.
Ainsi l'ordre grec, limité jadis à une seule fonction, trouvait un nouvel
emploi. Il voyait en même temps sa destination changer à l'intérieur.
D'abord employé à composer des colonnades qui, dans les basiliques,
portaient les galeries; d'abord appliqué le long des murs ou engagé dans
leur maçonnerie, on le voit prendre une nouvelle fonction : la colonne sert
Saint Georges.
Esquisse par P. P. Rubens.
de point d'appui rigide, incompressible, sous une retombée de voûte d'arête,
ainsi qu'on le voit dans la salle des thermes que nous reproduisons, et elle
est encore surmontée de son entablement, bien que celui-ci soit parfaite-
ment inutile dans son intérieur où il ne pleut pas et que l'architrave dût
suffire pour relier cette colonne et son chapiteau à la construction.
Mais ce n'est que peu à peu que les architectes grecs se décidèrent à
abandonner cet entablement inutile dans les salles couvertes.
L'ordre grec sert encore, dans les intérieurs de thermes et palais, de
claire-voie. Ainsi que l'indique notre figure, il ne porte alors que ses
propres membres; il est indépendant et passe presque à l'état de mobilier
permanent; c'est une pure décoration faite de matériaux relativement
précieux, tandis que la structure proprement dite, voûte et piliers, élevée
en moellons, en briques et blocage, est revêtue de plaques de marbre dans
les parties inférieures, de stucs peints et légèrement modelés dans les
parties supérieures et les voûtes.
C'est alors qu'on peut dire que la soudure entre les deux systèmes,
celui de la plate-bande et celui de la voûte, est habile. Chacun des modes
conserve son indépendance, et cependant ils s'unissent pour conserver un
ensemble.
Des trois ordres grecs les Romains de l'Empire n'adoptèrent plus guère
les deux ou trois ordres, dorique, ionique et corinthien, superposés
avec chacun son entablement et sertissant des arcades; tels le théâtre de
Marcellus et le Colisée, à Rome.
Les Grecs étaient des artistes trop chercheurs et trop éclairés pour ne
pas être choqués par ce qu'il y avait d'irrationnel dans cet emploi des
ordres. Aussi songèrent-ils à considérer la colonne comme un contrefort,
et s'ils continuèrent à la couronner de son entablement, ils profilèrent
celui-ci suivant le plan de cette colonne, comme pour la relier à la con-
struction.
Ainsi l'ordre grec, limité jadis à une seule fonction, trouvait un nouvel
emploi. Il voyait en même temps sa destination changer à l'intérieur.
D'abord employé à composer des colonnades qui, dans les basiliques,
portaient les galeries; d'abord appliqué le long des murs ou engagé dans
leur maçonnerie, on le voit prendre une nouvelle fonction : la colonne sert
Saint Georges.
Esquisse par P. P. Rubens.
de point d'appui rigide, incompressible, sous une retombée de voûte d'arête,
ainsi qu'on le voit dans la salle des thermes que nous reproduisons, et elle
est encore surmontée de son entablement, bien que celui-ci soit parfaite-
ment inutile dans son intérieur où il ne pleut pas et que l'architrave dût
suffire pour relier cette colonne et son chapiteau à la construction.
Mais ce n'est que peu à peu que les architectes grecs se décidèrent à
abandonner cet entablement inutile dans les salles couvertes.
L'ordre grec sert encore, dans les intérieurs de thermes et palais, de
claire-voie. Ainsi que l'indique notre figure, il ne porte alors que ses
propres membres; il est indépendant et passe presque à l'état de mobilier
permanent; c'est une pure décoration faite de matériaux relativement
précieux, tandis que la structure proprement dite, voûte et piliers, élevée
en moellons, en briques et blocage, est revêtue de plaques de marbre dans
les parties inférieures, de stucs peints et légèrement modelés dans les
parties supérieures et les voûtes.
C'est alors qu'on peut dire que la soudure entre les deux systèmes,
celui de la plate-bande et celui de la voûte, est habile. Chacun des modes
conserve son indépendance, et cependant ils s'unissent pour conserver un
ensemble.
Des trois ordres grecs les Romains de l'Empire n'adoptèrent plus guère