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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 4.1886-1887

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Nr. 162 (6 Mars 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19488#0028

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L'ART ORNEMENTAL.

bois, et de la peinture décorative. Pendant la seconde moitié du règne de
Louis XIV, l'amour du majestueux, du grandiose, entraîna bientôt les
artistes vers l'exagération. La sculpture, dans les intérieurs, prit des pro-
portions hors d'échelle. Avec cette prétention de faire grand, on ne par-
vient souvent qu'à faire gros.

Les voussures, les plafonds, se remplirent de figures colossales dans
des attitudes tourmentées et finirent par produire un effet pénible.

Cet,art français, si fin, si délié, et qui contenu dans ses expressions ne
lasse jamais, perdit sa voie en tombant dans l'exagération et l'enflure. On
s'habitua à négliger les principes qui régissent toute forme architectonique
indépendamment du style adopté, on a cru pouvoir trouver un art déco-
ratif indépendant de l'architecture proprement dite et on a admis que, le
monument fait, on pouvait le revêtir n'importe comment. Cette erreur,
l'enseignement académique, loin de la combattre, n'a cessé d'y pousser en
prétendant inaugurer un art officiel, qui désormais n'aurait plus à tenir
compte des conditions imposées aux constructeurs.

Le Brun sert de transition entre le système décoratif, appliqué encore
avec tant de bonheur et de goût au commencement du xvnc siècle, et le
style boursouflé de la fin de ce même siècle. Ses conceptions ont un grand
air uni à une certaine solidité dans les premières œuvres qu'on connaît de
lui. Il s'y manifeste un souffle puissant et une science consommée de
l'effet.

Sous la Régence, une réaction se produisit contre le style majestueux
du règne précédent : mais l'art de décorer les formes de l'architecture ne
se releva pas pour cela.

Les délicieuses compositions décoratives du règne de Louis XV sont
d'une incomparable élégance ; mais cela n'est pas fait pour les monuments
publics.

A la fin du. xvm' siècle, se produisit une tentative de retour vers un
art mieux approprié à la nature des édifices. Ce ne fut qu'une tentative
avortée.

Sous le Consulat et le premier Empire, on abandonna toute tradition

pour se lancer à corps perdu dans un faux classique qui heureusement ne
tarda pas à tomber dans un profond discrédit. On sait ce que vaut l'art
architectural et décoratif du règne de Louis-Philippe, et quant à celui du
second Empire, il se vautre dans une orgie de luxe grossier qui est comme
un défi jeté à l'esprit français. Les académies seules sont responsables de
ces décadences successives. C'est elles qui empêchent de naître ces artistes
à la fois architectes, sculpteurs et peintres, qui savaient appliquer à un
ensemble les trois arts plastiques. Grâce aux Académies, l'architecte ne
s'est plus préoccupé de savoir si la place qu'il donnait au peintre et au
sculpteur était propre à faire converger les œuvres du sculpteur et du
peintre vers une pensée commune. Le peintre a songé à son tableau sans
se soucier de ce qui l'entourait: le sculpteur a procédé de même pour sa
statue ou pour son groupe et dans ces conditions la décoration des édifices
est devenue la chose la plus discordante et la plus déplaisante du monde.
C'est pourquoi nous, qui ne perdons pas l'espoir de voir ce déplorable
gâchis remplacé bientôt par une nouvelle renaissance du goût, nous ne ces-
serons jamais de nous élever contre l'enseignement officiel, donné à
l'École des Beaux-Arts sous la haute direction de l'Académie.

Statuette équestre, en bronze.

Ce guerrier, casqué, avec cuirasse et brodequins, tenant une épée nue,
souvenir évident de l'antique, est l'œuvre de Verrocchio, ce puissant créa-
teur, à qui Venise doit le bronze du Colleoni.

Andréa del Verrocchio, peintre et sculpteur, naquit à Florence en 1435
et mourut à Venise en 1488. Il surpassa tous ses contemporains dans l'art
de travailler le bronze ; habile orfèvre, il fut en même temps géomètre,
musicien et graveur. C'est lui qui mit en vogue l'usage de mouler avec du
plâtre les visages des morts afin de conserver de précieuses indications
pour exécuter leurs portraits. Verrocchio eut pour élèves Léonard de Vinci
et Pierre Pérugin.

PETITE CHRONIQUE

— Le conseil municipal de Paris va être saisi de deux projets artis-
tiques importants : l'un se rapportant à la décoration picturale de
 
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