DOI Heft:
Nr. 181 (17 Juillet 1886)
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L'ART ORNEMENTAL.
même année i38o, Niccolo fut déclaré innocent et réintégré dans tous ses
droits. Nous ignorons comment et quand il mourut.
Si le jeune Donatello hérita de quelques traits du caractère de son
père, ce ne fut assurément pas de son amour pour la politique. Jamais
artiste ne montra autant d'éloignement pour toute discussion étrangère à
son art. Mais dans son œuvre si mouvementé et si fiévreux ne semble-t-il
pas qu'il y ait du sang de révolutionnaire ?
L'enfant semble avoir révélé de bonne heure de rares aptitudes, car
nous voyons la noble famille des Martelli s'intéresser à lui dès ses pre-
mières années et le recueillir dans son palais. L'amitié qui le lia dans la
suite à Robert, ce futur chef de la famille, dura jusqu'à sa mort. Ce fut par
les Martelli, probablement, que le jeune sculpteur entra en relations, avec
les Médicis.
Comme tousses compatriotes, Donatello fit ses premières armes dans
l'atelier d'un orfèvre ; on croyait à cette époque qu'il n'y avait pas de
pépinière plus propre à former un artiste accompli. Il ne serait pas impos-
sible qu'il eût fréquenté également l'atelier du peintre Lorenzo di Bicci.
Vasari fait allusion à un travail exécuté par Donatello tout jeune, sous la
direction de ce maître. Ce qui est certain, c'est que dans la suite, en 1412,
Donatello se fit recevoir membre de la corporation des peintres de Saint-
Luc et que vingt-deux années plus tard, en 1434, il composa pour la cathé-
drale un carton de vitrail.
Le plus ancien et le plus autorisé des biographes de Donatello,
Georges Vasari, rapporte que le jeune artiste prit part en 1401-1403 au
fameux concours pour les portes du Baptistère de Florence. C'est proba-
blement une erreur. Cependant, ce mémorable concours exerça une
influence décisive sur les études de Donatello, en ce sens qu'il détermina
Brunellesco à partir pour Rome afin d'y compléter ou plutôt d'y refaire
son éducation. L'occasion était trop belle pour que Donatello la négligeât.
Il résolut d'accompagner son ami, et ce voyage, fécond entre tous, devint
le point de départ de la grande révolution artistique qui ouvre l'ère des
temps modernes.
Le sort de l'art moderne a été décidé pour l'Europe entière, dans les
quatre ou cinq premières années du xv° siècle, et par cinq ou six hommes
au plus. Simultanément, Claux Sluter, en Bourgogne, les Van Eyck, dans
les Flandres, Brunellesco et Donatello à Florence, reviennent à l'art médité
et raisonné, à l'observation de la nature et à l'étude de l'antique.
Nous ne pouvons suivre ici l'artiste dans tout le cours de sa longue et
brillante carrière, ni faire l'énumération de ses nombreux ouvrages. Devenu
vieux et infirme, l'illustre Florentin n'eut d'autre ressource que la bienfai-
sance des Médicis. Cosme en mourant l'avait recommandé à son fils Pierre.
Celui-ci, pour acquitter cette dette sacrée, lui fit don d'un petit domaine
situé à Caffaggiuolo. Mais Donatello désira reprendre sa liberté et il revint
s'installer dans la petite maison de la Via del Cocomero, près du couvent
L'ART ORNEMENTAL.
même année i38o, Niccolo fut déclaré innocent et réintégré dans tous ses
droits. Nous ignorons comment et quand il mourut.
Si le jeune Donatello hérita de quelques traits du caractère de son
père, ce ne fut assurément pas de son amour pour la politique. Jamais
artiste ne montra autant d'éloignement pour toute discussion étrangère à
son art. Mais dans son œuvre si mouvementé et si fiévreux ne semble-t-il
pas qu'il y ait du sang de révolutionnaire ?
L'enfant semble avoir révélé de bonne heure de rares aptitudes, car
nous voyons la noble famille des Martelli s'intéresser à lui dès ses pre-
mières années et le recueillir dans son palais. L'amitié qui le lia dans la
suite à Robert, ce futur chef de la famille, dura jusqu'à sa mort. Ce fut par
les Martelli, probablement, que le jeune sculpteur entra en relations, avec
les Médicis.
Comme tousses compatriotes, Donatello fit ses premières armes dans
l'atelier d'un orfèvre ; on croyait à cette époque qu'il n'y avait pas de
pépinière plus propre à former un artiste accompli. Il ne serait pas impos-
sible qu'il eût fréquenté également l'atelier du peintre Lorenzo di Bicci.
Vasari fait allusion à un travail exécuté par Donatello tout jeune, sous la
direction de ce maître. Ce qui est certain, c'est que dans la suite, en 1412,
Donatello se fit recevoir membre de la corporation des peintres de Saint-
Luc et que vingt-deux années plus tard, en 1434, il composa pour la cathé-
drale un carton de vitrail.
Le plus ancien et le plus autorisé des biographes de Donatello,
Georges Vasari, rapporte que le jeune artiste prit part en 1401-1403 au
fameux concours pour les portes du Baptistère de Florence. C'est proba-
blement une erreur. Cependant, ce mémorable concours exerça une
influence décisive sur les études de Donatello, en ce sens qu'il détermina
Brunellesco à partir pour Rome afin d'y compléter ou plutôt d'y refaire
son éducation. L'occasion était trop belle pour que Donatello la négligeât.
Il résolut d'accompagner son ami, et ce voyage, fécond entre tous, devint
le point de départ de la grande révolution artistique qui ouvre l'ère des
temps modernes.
Le sort de l'art moderne a été décidé pour l'Europe entière, dans les
quatre ou cinq premières années du xv° siècle, et par cinq ou six hommes
au plus. Simultanément, Claux Sluter, en Bourgogne, les Van Eyck, dans
les Flandres, Brunellesco et Donatello à Florence, reviennent à l'art médité
et raisonné, à l'observation de la nature et à l'étude de l'antique.
Nous ne pouvons suivre ici l'artiste dans tout le cours de sa longue et
brillante carrière, ni faire l'énumération de ses nombreux ouvrages. Devenu
vieux et infirme, l'illustre Florentin n'eut d'autre ressource que la bienfai-
sance des Médicis. Cosme en mourant l'avait recommandé à son fils Pierre.
Celui-ci, pour acquitter cette dette sacrée, lui fit don d'un petit domaine
situé à Caffaggiuolo. Mais Donatello désira reprendre sa liberté et il revint
s'installer dans la petite maison de la Via del Cocomero, près du couvent