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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 4.1886-1887

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Nr. 182 (24 Juillet 1886)
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L'ART ORNEMENTAL

ristiques avec les exigences ou les traditions du génie national, le plus de l'arc de Titus, en même temps que certaines particularités d'ajustement

fortement inspiré comme le plus habile est, sans contredit, Andréa Man- ou de physionomie, certaines combinaisons imprévues révèlent l'âge véri-

tegna. Le Triomphe de Jules César dont nous donnons un fragment est table de l'œuvre et l'originalité intime de l'esprit qui l'a conçue. Pour se

une reproduction modifiée des peintures à la détrempe exécutées en forme pénétrer de cette vérité il suffit de jeter les yeux sur ce groupe d'hommes

de frise à Mantoue de 1487 à 1492 pour la décoration du palais de Jean-
François II, marquis de Gonzague, et transportées un siècle et demi plus
tard en Angleterre, où elles furent acquises par Charles Ier. Les différences

chargés de butin et en particulier sur ce jeune soldat marchant au premier
plan sans fléchir sous le poids du lourd trophée qu'il supporte; figure
héroïque par la fierté de la tournure et ^cependant traitée avec une déli-

qui existent entre les compositions peintes et les gravures prouvent que catesse exquise : figure imposante comme une statue antique, expressive

celles-ci ont été faites après coup à titre de version corrigée, de seconde comme une peinture chrétienne et dont la beauté complexe semble parti-

édition en quelque sorte, qu'elles n'ont pas eu pour modèles directs les pein-
tures. Mantegna est un des artistes qui ont le plus cherché à mettre
d'accord ses aspirations archéologiques et les suggestions de son propre
sentiment. Nulle part ces efforts de conciliation ne se montrent plus sin-
cères et n'aboutissent à des résultats plus heureux que dans ce long cor-
tège de figures dont l'ordonnance symétrique rappelle celle des bas-reliefs

ciper à la fois des formes solides de l'Antinous et de la grâce mystique
d'un saint Georges. Cette science de J'antique, Mantegna l'avait puisce
dans l'atelier de son maître Squarcione Jqiii dirigeait à Padoue une école
nombreuse d'où sortirent entre autres pçfnï$es de mérite Niccolo Pizzolo,
dont on a quelquefois confondu les tableaux avec ceux de Mantegna lui-
même, et le Bolonais Marco Zoppo. Squarcione avait beaucoup voyagé en

Fragment du «Triomphe de Jules César».

Italie et en Grèce. Il s'était formé, chemin faisant, une collection de frag-
ments antiques, d'études dessinées d'après les plus belles statues et d'exem-
plaires moulés en plâtre qu'il donnait pour modèles plus volontiers à ses
élèves que ses propres ouvrages, « attendu, dit Vasari, qu'il ne se croyait
nullement le premier peintre du monde ». Parce que le sentiment de
l'antique domine tout l'œuvre de Mantegna on a dit qu'il était malhabile
à traduire les expressions douces, la tendresse mélancolique; la Vierge
que nous reproduisons est une preuve évidente du contraire. Il me paraît
difficile d'unir, plus qu'il ne l'a fait dans ce petit morceau, les mâles qua-
lités de son talent et le sentiment de mansuétude un peu douloureuse qui
résulte du pressentiment de la Vierge sur le rôle destiné à son fils.

Fragments de la porte de l'église abbatiale, à Vézelay.

Cette porte, que l'on a si habilement et si heureusement restituée au
Trocadéro et qui à Vézelay fait communiquer le narthex avec la nef,
appartient à la partie toute primitive de l'église, à celle qui, terminée par
l'abbé Artaud en 1106, amena cette sédition terrible que nous avons

racontée. C'est, on le voit, un des monuments les plus vénérables de notre
statuaire nationale.

Une des particularités les plus remarquables des églises abbatiales
relevant de la règle de Cluny et de celle de Cîteaux, c'est qu'elles étaient
toujours précédées d'un avant-nef ou porche fermé d'une certaine impor-
tance. On n'est pas bien fixé sur l'usage de ces narthex : l'opinion la plus
répandue, c'est qu'ouverts en toutes saisons et à toute heure ils servaient
d'abri aux nombreux pèlerins arrivés pendant la nuit ou le matin même
avant l'ouverture des portes de l'église.

A Vézelay, le narthex communique avec la nef par trois portes, dont
celle du milieu est à deux vantaux. Ces deux vantaux viennent se con-
joindre sur un trumeau central du plus beau style et de la plus grande
hardiesse. Relativement mince à sa base et composé de piliers accouplés,
ce trumeau s'élargit aux deux tiers de sa hauteur par l'abaque arrondi d'un
chapiteau superbement travaillé.

Le pilier central du trumeau porte la statue de saint Jean précurseur
que nous reproduisons. C'est une longue et gtave figure vêtue d'une robe
flottante et d'un manteau fourré figurant la peau de l'agneau traditionnelle,
 
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