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L'ART ORNEMENTAL
EXPLICATION DES PLANCtIES
Dessin pour un vitrail représentant l'éousson du canton de Schaffouse,
par Daniel Lindmayer.
A partir du ive siècle de notre ère, l'emploi du vitrail coloré devint
assez fréquent. On en trouve des mentions à chaque paye des historiens
grecs et latins. L'historien Prudent, lorsqu'il décrit la basilique de Saint-
Paul-hors-les-Murs, ne nous parle pas seulement de la voûte, revêtue de
lambris dorés, mais il vante encore ses fenêtres cintrées formées par des
vitraux harmonieusement teintés.
Du ve au vie siècle, les vitres colorées franchirent les Alpes et se répan-
L'industrie du verre coloré remonte à la plus haute antiquité. Les
Egyptiens furent des verriers éminents. Nous dirent dans la Gaule. On en trouve aux
connaissons chez eux trois fabriques de verre. Vl \*)\ / ~7~t\[/) fenêtres de presque toutes nos églises de cette
La plus ancienne fut établie à Diospolis, / ftV^!^—-*~-—- l)/% \ époque.
capitale de la Thébaïde; les deux autres, qui / v^-^O^^^^'\ Ces premiers vitraux furent enchâssés
ne lui furent postérieures que de fort peu \. dans la pierre, le marbre ou le bois, qui
d'années, à Thèbes et à Memphis. ^S^fy^ff. v iJtt1^"^^>^^>^S^^\
reliaient entre elles leurs diverses parties.
Les ouvriers artistes de ces différentes /,^^^^v^utTwy\ ^ \ Ce fut l'abbé Didier qui, le premier, eut l'idée
villes savaient composer les émaux de diverses S/m^** '' ! ™—,l—^BpS^M^Mi^M r<Ç sc servir d'armatures en fer ou en plomb,
couleurs et ils les appliquaient fort habile- ' ' ' fffrv 1 1 "F? f^rfv^ n'ayant pas besoin d'une telle épaisseur, et
ment sur le verre qu'ils savaient aussi dorer. _Jjvtff I j j j|jjîp) |"~*j'f fffill| f| donnant ainsi au vitrail plus de grâce, de
Leur chimie déjà savante excellait dans l'imi- =^=? , : • j ; '||,i r | '' '' 4j! J^mI/^^ \ légèreté et d'élégance. Ces verrières n'étaient
tation des pierres précieuses. Une statue de ssU [ ïlllf !ï iwllliKSS^^ d'ailleurs que des morceaux de verre colorés
Sérapis, célèbre dans l'antiquité, était formée ^jjj'.'j , i ]" ! -\i dans la masse, de la] mosaïque, et rien de
de blocs de verres teints dans la masse et sb^t- . ; ~■.^^_^__==y, ïl^cfr^mÊ W I plus.
arrivés à une coloration puissante. 'TIJ^^V^^V^l ^^tp^^CTN [ Onne tarda point à raccorder ces diverses
Les Romains ne connurent cette industrie ^ffml^Ml^îl k^^^^fl' I || combinaisons par des traits qui, dans l'ori-
délicate et charmante du verre coloré qu'après —/^^frSlk _^\\^^^\^è^gÊ^\'9^ ginc, furent peints avec un mordant, et, plus
leurs conquêtes en Asie. Les premières ver- r VV^AI \ %j%')§AA^SfcvvjN\\v| tard, indiqués dans le verre lui-même, au
reries romaines datent du commencement de ^w>fe;Sf'i-ai' ' ^WfyivW moment de sa fabrication. On trouve encore
l'Empire. Ils en firent l'essai au point de vue v^^l '4fè^i^^^)^ "^^Êt^^^^^Xr^ aujourd'hui d'admirables échantillons de ce
monumental, dans l'amphithéâtre de Scaurus, (fêilxSÊIfî' f^S^^Èj^^r^Êê^*^<^y type dans certaines fenêtres des cathédrales
où ils l'employèrent en hautes colonnes et *\ijjrYl/ fi ^6^à^fci^^[^^&|^MkiV de Bourges, de Lyon et d'Angers, dans l'église
eh larges plaques. Ils poussèrent du reste \^iy Jjj ittt a^RM ^wJ^ÊSx^^X^^, des Saints-Pères, à Chartres, et dans la basi-
assez loin la fabrication du verre : ils le y& yf |l> ^SjMMBsfP//// Eïlillfo I JS||B~- lique de Saint-Denis.
doraient, le filaient et en composaient ainsi 'w^J' A ^^^^^ÊMiMi // / ^^^W^^ol f Le xuic siècle fut le triomphe du vitrail
des espèces de tresses qui prenaient place SAL^jA ^^raLLjfâb^A^^^^C^^f ||j religieux comme de l'architecture religieuse,
dans leurs mosaïques où elles produisaient 1 'j m? \^^^^^k\^^^^X^^K.^mlî W L'inspiration est la même qu'au siècle pré-
un effet saisissant. Ils avaient entre autres -> cèdent. Les peintres-verriers de cette époque
deux espèces de coupes en verre extrêmement Quatrième prière de l'Oraison dominicale: recherchent toujours et avant toute chose
précieuses. L'une était d'un rouge opaque et Donnez-nous notre pain quotidien. l'harmonie entre leurs œuvres et l'édifice
Pline la désigne sous le nom à'hematinum Vitraux peints par Mathis Wallter (i563). qu'elles décorent : mais les dispositions géné-
que l'on traduirait assez exactement par le raies ont déjà plus d'élégance et la couleur
mot sanguin; l'autre appartenait à la catégorie de ces vases appelés
alassonii, auxquels l'empereur Adrien fait allusion dans une de ses lettres,
plus de prestige. Pour les fenêtres de la grande nef, on commence à
peindre des figures grandes comme nature et parfois même de propor-
et qui offraient à l'œil des tons___________ tions colossales. Ces figures, géné-
ralement longues et raides, ont
différents et des nuances diverses,
suivant l'angle sous lequel on les
examinait. Les petites mosaïques
en verre représentant toutes sortes
de sujets, des fleurs, des oiseaux
ou de légères arabesques sur un
fond, le plus souvent bleu céleste
ou rouge vif, furent le triomphe de
la fabrication romaine.
Dans les premiers siècles de
l'ère chrétienne on ne se servit du
verre que pour orner les palais
des empereurs et des patriciens
opulents : on l'employait alors en
grandes plaques colorées, pour
recouvrir les plafonds et les mu-
railles des palais.
Les vitres, lorsque l'on en fit
usage pour clore les fenêtres,
furent d'abord en verre blanc.
Bientôt on les revêtit d'émail. On
ne tarda pas à substituer, à la vitre
des draperies à plis serrés, comme
on en voit dans les tableaux de
l'école byzantine ; peu de raccour-
cis ; nulle perspective. Mais ces
pauvretés d'exécution n'empêchent
jamais l'artiste de s'élever aux plus
sublimes hauteurs de l'allégorie
mystique.
Cette admirable période du
xmc siècle, qui vit l'apogée du
vitrail, nous a laissé de nombreuses
traces de l'infatigable activité des
peintres-verriers. La Sainte-Cha-
pelle de Paris, les cathédrales de
Bourges, de Rouen, de Chartres,
de Reims, de Paris et d'Angers,
sont là pour nous dire que jamais
le travail de l'homme n'a été plus
près d'atteindre la perfection que
' dans ces admirables manifestations
de sa foi religieuse.
unique et d'une seule pièce, le Les Sept prières de l'Oraison dominicale. Dès les premières années du
vitrail, composé de petites mo- Vitraux peints par Mathis Wallter (i 563). xivc siècle, on peut déjà signaler
saïques translucides que l'on unis- d'importants symptômes dans la
fabrication du vitrail. Le verre et la pierre ont cessé de former cet harmo-
sait les unes aux autres au moyen d'armatures de différentes sortes et de
diverses substances. C'est le procédé dont on se sert encore aujour-
d'hui.
nieux ensemble cherché et trouvé par les artistes de la période précédente.
Les peintres-verriers s'affranchissent de la domination pourtant nécessaire
L'ART ORNEMENTAL
EXPLICATION DES PLANCtIES
Dessin pour un vitrail représentant l'éousson du canton de Schaffouse,
par Daniel Lindmayer.
A partir du ive siècle de notre ère, l'emploi du vitrail coloré devint
assez fréquent. On en trouve des mentions à chaque paye des historiens
grecs et latins. L'historien Prudent, lorsqu'il décrit la basilique de Saint-
Paul-hors-les-Murs, ne nous parle pas seulement de la voûte, revêtue de
lambris dorés, mais il vante encore ses fenêtres cintrées formées par des
vitraux harmonieusement teintés.
Du ve au vie siècle, les vitres colorées franchirent les Alpes et se répan-
L'industrie du verre coloré remonte à la plus haute antiquité. Les
Egyptiens furent des verriers éminents. Nous dirent dans la Gaule. On en trouve aux
connaissons chez eux trois fabriques de verre. Vl \*)\ / ~7~t\[/) fenêtres de presque toutes nos églises de cette
La plus ancienne fut établie à Diospolis, / ftV^!^—-*~-—- l)/% \ époque.
capitale de la Thébaïde; les deux autres, qui / v^-^O^^^^'\ Ces premiers vitraux furent enchâssés
ne lui furent postérieures que de fort peu \. dans la pierre, le marbre ou le bois, qui
d'années, à Thèbes et à Memphis. ^S^fy^ff. v iJtt1^"^^>^^>^S^^\
reliaient entre elles leurs diverses parties.
Les ouvriers artistes de ces différentes /,^^^^v^utTwy\ ^ \ Ce fut l'abbé Didier qui, le premier, eut l'idée
villes savaient composer les émaux de diverses S/m^** '' ! ™—,l—^BpS^M^Mi^M r<Ç sc servir d'armatures en fer ou en plomb,
couleurs et ils les appliquaient fort habile- ' ' ' fffrv 1 1 "F? f^rfv^ n'ayant pas besoin d'une telle épaisseur, et
ment sur le verre qu'ils savaient aussi dorer. _Jjvtff I j j j|jjîp) |"~*j'f fffill| f| donnant ainsi au vitrail plus de grâce, de
Leur chimie déjà savante excellait dans l'imi- =^=? , : • j ; '||,i r | '' '' 4j! J^mI/^^ \ légèreté et d'élégance. Ces verrières n'étaient
tation des pierres précieuses. Une statue de ssU [ ïlllf !ï iwllliKSS^^ d'ailleurs que des morceaux de verre colorés
Sérapis, célèbre dans l'antiquité, était formée ^jjj'.'j , i ]" ! -\i dans la masse, de la] mosaïque, et rien de
de blocs de verres teints dans la masse et sb^t- . ; ~■.^^_^__==y, ïl^cfr^mÊ W I plus.
arrivés à une coloration puissante. 'TIJ^^V^^V^l ^^tp^^CTN [ Onne tarda point à raccorder ces diverses
Les Romains ne connurent cette industrie ^ffml^Ml^îl k^^^^fl' I || combinaisons par des traits qui, dans l'ori-
délicate et charmante du verre coloré qu'après —/^^frSlk _^\\^^^\^è^gÊ^\'9^ ginc, furent peints avec un mordant, et, plus
leurs conquêtes en Asie. Les premières ver- r VV^AI \ %j%')§AA^SfcvvjN\\v| tard, indiqués dans le verre lui-même, au
reries romaines datent du commencement de ^w>fe;Sf'i-ai' ' ^WfyivW moment de sa fabrication. On trouve encore
l'Empire. Ils en firent l'essai au point de vue v^^l '4fè^i^^^)^ "^^Êt^^^^^Xr^ aujourd'hui d'admirables échantillons de ce
monumental, dans l'amphithéâtre de Scaurus, (fêilxSÊIfî' f^S^^Èj^^r^Êê^*^<^y type dans certaines fenêtres des cathédrales
où ils l'employèrent en hautes colonnes et *\ijjrYl/ fi ^6^à^fci^^[^^&|^MkiV de Bourges, de Lyon et d'Angers, dans l'église
eh larges plaques. Ils poussèrent du reste \^iy Jjj ittt a^RM ^wJ^ÊSx^^X^^, des Saints-Pères, à Chartres, et dans la basi-
assez loin la fabrication du verre : ils le y& yf |l> ^SjMMBsfP//// Eïlillfo I JS||B~- lique de Saint-Denis.
doraient, le filaient et en composaient ainsi 'w^J' A ^^^^^ÊMiMi // / ^^^W^^ol f Le xuic siècle fut le triomphe du vitrail
des espèces de tresses qui prenaient place SAL^jA ^^raLLjfâb^A^^^^C^^f ||j religieux comme de l'architecture religieuse,
dans leurs mosaïques où elles produisaient 1 'j m? \^^^^^k\^^^^X^^K.^mlî W L'inspiration est la même qu'au siècle pré-
un effet saisissant. Ils avaient entre autres -> cèdent. Les peintres-verriers de cette époque
deux espèces de coupes en verre extrêmement Quatrième prière de l'Oraison dominicale: recherchent toujours et avant toute chose
précieuses. L'une était d'un rouge opaque et Donnez-nous notre pain quotidien. l'harmonie entre leurs œuvres et l'édifice
Pline la désigne sous le nom à'hematinum Vitraux peints par Mathis Wallter (i563). qu'elles décorent : mais les dispositions géné-
que l'on traduirait assez exactement par le raies ont déjà plus d'élégance et la couleur
mot sanguin; l'autre appartenait à la catégorie de ces vases appelés
alassonii, auxquels l'empereur Adrien fait allusion dans une de ses lettres,
plus de prestige. Pour les fenêtres de la grande nef, on commence à
peindre des figures grandes comme nature et parfois même de propor-
et qui offraient à l'œil des tons___________ tions colossales. Ces figures, géné-
ralement longues et raides, ont
différents et des nuances diverses,
suivant l'angle sous lequel on les
examinait. Les petites mosaïques
en verre représentant toutes sortes
de sujets, des fleurs, des oiseaux
ou de légères arabesques sur un
fond, le plus souvent bleu céleste
ou rouge vif, furent le triomphe de
la fabrication romaine.
Dans les premiers siècles de
l'ère chrétienne on ne se servit du
verre que pour orner les palais
des empereurs et des patriciens
opulents : on l'employait alors en
grandes plaques colorées, pour
recouvrir les plafonds et les mu-
railles des palais.
Les vitres, lorsque l'on en fit
usage pour clore les fenêtres,
furent d'abord en verre blanc.
Bientôt on les revêtit d'émail. On
ne tarda pas à substituer, à la vitre
des draperies à plis serrés, comme
on en voit dans les tableaux de
l'école byzantine ; peu de raccour-
cis ; nulle perspective. Mais ces
pauvretés d'exécution n'empêchent
jamais l'artiste de s'élever aux plus
sublimes hauteurs de l'allégorie
mystique.
Cette admirable période du
xmc siècle, qui vit l'apogée du
vitrail, nous a laissé de nombreuses
traces de l'infatigable activité des
peintres-verriers. La Sainte-Cha-
pelle de Paris, les cathédrales de
Bourges, de Rouen, de Chartres,
de Reims, de Paris et d'Angers,
sont là pour nous dire que jamais
le travail de l'homme n'a été plus
près d'atteindre la perfection que
' dans ces admirables manifestations
de sa foi religieuse.
unique et d'une seule pièce, le Les Sept prières de l'Oraison dominicale. Dès les premières années du
vitrail, composé de petites mo- Vitraux peints par Mathis Wallter (i 563). xivc siècle, on peut déjà signaler
saïques translucides que l'on unis- d'importants symptômes dans la
fabrication du vitrail. Le verre et la pierre ont cessé de former cet harmo-
sait les unes aux autres au moyen d'armatures de différentes sortes et de
diverses substances. C'est le procédé dont on se sert encore aujour-
d'hui.
nieux ensemble cherché et trouvé par les artistes de la période précédente.
Les peintres-verriers s'affranchissent de la domination pourtant nécessaire