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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 4.1886-1887

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Nr. 201 (4 Décembre 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19488#0184

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176

L'ART ORNEMENTAL.

L'ordre de prédilection de Rubens est le composite torse, enrichi de
rinceaux feuillagés, de branches d'olivier ou de .chêne. On pourrait, avec
justice, l'appeler ordre Rubens, car le maître anversois l'employa le pre-
mier, d'une façon magistrale, aux arcs de triomphe de la « Joyeuse Entrée
de Ferdinand d'Autriche ». Une lettre de Bernin nous apprend qu'il faisait
ses délices des compositions décoratives de la Pompa introitus.

A part ce composite torse, qui constitue par excellence l'élément
décoratif de ses plus fières compositions, les ordres de Rubens sont essen-
tiellement romains, mais ils se rapprochent plus de la manière colossale et
somptueuse d'Apollodore de Damas ou de Cossutius que de l'élégante et
correcte sobriété de Vitruve ou de Valerius d'Ostie.

Dans toutes ses compositions d'arcs de triomphe, Rubens sait émi-
nemment varier les quantités, la discipline des lignes, les dispositions
heureuses de l'effet : jamais les figures d'un de ses groupes ne s'offrent
égales entre elles. Ses arabesques sont richement étoffées de rinceaux; il y
a plus de fruits que de verdure et de fleurs dans ses festons; ses cartouches
et ses cuirs semblent taillés dans ces larges peaux de fauves clouées comme

dépouilles opimes aux peltes et aux rondaches. Parfois, il emploie en guise
de cartel, pour étoffer l'écu de Brabant, la dépouille d'un lion au naturel,
avec le mufle à épaisse crinière, les griffes pendantes et la queue en sautoir.
De cet ensemble sauvage, sort un motif d'effet étrange. Ses baies trouent
l'architecture avec fracas ; comme Michel-Ange, il affectionne les plates-
bandes à angles rompus. Son architecture est aussi hardie, aussi person-
nelle que sa peinture. Comme ordonnateur et comme décorateur, il surpassa
tous ses rivaux, entraîna son siècle à la remorque de son goût, et après
lui son influence se fit encore sentir durant trois générations successives
d'artistes.

Portrait de Giorgio Vasari, par lui-même.

Vasari naquit à Arezzo en i5i2 et mourut en 1574. Il fut peintre,
architecte et écrivain. C'est à ce dernier titre surtout qu'il est connu. C'est
par excellence l'historien de l'art italien et le vrai créateur de l'histoire de
l'art. Sans doute, avant lui quelques tentatives avaient bien été faites, pour

lit & Fi,

Portrait de Giorgio Vasari, par lui-même.

retracer les glorieuses conquêtes réalisées par l'école italienne, dans le
court espace de temps compris entre le xin" et le xv° siècle, mais que sont
ces travaux fragmentaires comparés au merveilleux ensemble des Vite!
L'Italie peut le proclamer fièrement, il n'existe dans aucune littérature un
recueil aussi riche de faits et d'idées, aussi nourri, aussi vivant, que l'ou-
vrage de Vasari. Il a fallu, pour créer cette œuvre monumentale, non
seulement un tempérament d'écrivain et d'érudit tout à fait hors ligne, mais
encore un concours de circonstances vraiment exceptionnelles, car, com-
posées trente années plus tôt ou trente années plus tard, les Vite ne présen-
teraient plus qu'un intérêt secondaire. En effet, dans la première hypothèse,
Vasari n'aurait pas pu connaître les grands artistes qui ont imprimé à l'art
italien sa consécration suprême, dans la seconde il n'eût plus compris les
glorieux précurseurs du xiv° et du xve siècle.

Les Vite, c'est-à-dire les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et
architectes, sont le plus précieux ouvrage que nous possédions pour l'histoire
de l'art, celui dans lequel puisent incessamment tous les écrivains que
préoccupe la grande époque de la Renaissance.

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PETITE CHRONIQUE

— Le dépôt des esquisses pour le concours ouvert au sujet de la déco-
ration artistique de la nouvelle mairie de Pantin est achevé.

Ce concours est fort nourri, par suite de l'appât des primes qui s'élè-
vent à 54,5oo fr.

On ne compte pas moins de soixante-dix concurrents ayant déposé
leurs esquisses dans la salle Saint-Jean, à l'Hôtel-de-Ville.

Trois artistes seront choisis par le jury pour un second concours.
L'artiste qui l'emportera alors aura à exécuter les parties capitales de la
décoration et recevra une prime de 36,ooo fr.

Les deux autres artistes, après avoir reçu l'un 1,000 fr., et l'autre
5oo fr., seront chargés d'exécuter chacun un panneau dans une des salles
d'honneur, et recevront chacun 8,000 fr. pour cette œuvre.

MM. Puvis de Chavannes, Cabanel et Olivier Merson ont été choisis
comme membres du jury chargés d'examiner le concours de peinture pour
la décoration de la mairie de Pantin. G. Dargenty.

Le Gérant

EUGENK VERON.
 
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