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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 4.1886-1887

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Nr. 203 (18 Décembre 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19488#0190

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l82

L'ART ORNEMENTAL.

saient devant leur tente, ces quatre minarets, les plus anciens mais les Les Hollandais des xvn" et xviii" siècles rirent un fréquent usage de

plus disgracieux de tous, n'embellissent pas le monument. ces plaques; mais à la fin elles furent reléguées dans les caves, dans les

L'intérieur produit une impression extraordinaire, la plus vive peut- I cuisines ou dans les grandes cheminées des paysans. Les temps modernes
être que puisse causer un édifice. La première sensa-
tion que l'on éprouve en entrant dans le temple de la
Sainte-Sagesse, c'est celle de la lumière. On en est
inondé. Dans ce pays, on n'a jamais - oublié le culte
d'Apollon. Ici, point de clair-obscur, ni de mystère
comme dans les sanctuaires du Moyen-Age. La cou-
pole, la plus hardie de toutes celles que les hommes
aient construites, car la difficulté tient à la longueur
du diamètre et non à la hauteur des murs d'appui, la
coupole repose sur un véritable disque lumineux, de
sorte qu'elle semble suspendue à la voûte céleste par
un fil invisible. Elle occupe exactement le centre de
l'édifice. Celui-ci a la forme d'un carré, et dès que
l'on a franchi le vestibule on se trouve sous le dôme.
Aussi les dimensions du monument paraissent-elles
immenses. Saint-Pierre de Rome, qui est en réalité
beaucoup plus grand, paraît infiniment plus petit. Cela
tient à ce que le catholicisme a imposé aux artistes
italiens la croix latine, qui n'est compatible qu'avec
le style gothique. Lorsqu'on veut construire un dôme,
il est nécessaire d'adopter, comme plan, le carré de
la basilique, le cercle du Panthéon, ou la croix
grecque, dont les quatre branches sont égales; Michel-
Ange l'avait bien compris, mais le despotisme du
Vatican a gâté sa conception primitive en lui ajoutant
une façade ridicule. Lorsqu'on entre à Saint-Pierre,
on ne voit pas la coupole, qui se trouve à l'extrémité
d'une longue nef, et même lorsqu'on est dessous,
comme sa hauteur est disproportionnée avec sa lar-
geur, on ne peut en concevoir l'immensité que par un
effort de raisonnement au moyen d'une comparaison
avec les objets qui vous entourent. On finit alors par
comprendre, mais on ne sent pas immédiatement
comme à Aya Sophia. Il y a plus de science dans la
première, mais plus d'art dans la seconde.

L'importance d'Aya Sophia est surtout consi-
dérable au point de vue historique. Elle marque une
étape dans l'histoire de l'art. Comme les Pyramides
et le Panthéon d'Agrippa, c'est une de ces colonnes
du passé vers lesquelles Michelet nous engage à nous
retourner pour voir blanchir à leur cime les lueurs de
l'avenir. Comme l'ornementation intérieure d'Aya
Sophia reposait sur l'iconographie d'un dogme, elle a
tout naturellement disparu, et il n'y a pas à en parler.

Cul-de-lampe.

Il est tiré de la généalogie de la maison de Tour-
et-Taxis, par Flacchio. C'est une composition de
J. B. Berterham. Le dessin original, au bistre lavé à
l'encre de Chine, porte la date de 1708.

Christ au tombeau.

C'est une pensée de Rubens littéralement fixée
d'un premier jet dans tout le feu de la composition.

PETITE CHRONIQUE

— Depuis que, à la sueur de leur front, les
Hébreux durent fabriquer des plaques d'argile pour le

Pharaon égyptien, que dans la Perse elles brillèrent de l'éclat de leur bleu
azuré et de leur émail, jusqu'aux temps où la Renaissance italienne se mit à
les peindre, ces carreaux d'argile ont eu une longue histoire. Et, depuis la
Renaissance, il se passa encore bien des années avant qu'ils fussent employés
à la décoration des maisons dans l'Europe du Nord et de l'Occident.

Intérieur

ont remis en honneur l'emploi des plaques émaillées en bleu ou én cou-
leur. En France, elles ont reçu une nouvelle illustration par la fabrique
de Deck, en Alsace; en Angleterre, par celles de Wedgwood et de Minton ;
en Hollande, on a ressuscité l'ancienne fabrique de Delft à l'enseigne du
« Porceleiner flesch ».

L'ART ORNEMENTAL.

i83

Depuis quelque temps une nouvelle fabrique a été fondée à La Haye. a couvert des plaques de fleurs et de fruits. Enfin, M. T. Colenbrander,

Elle emploie non pas le bleu, mais soit une couleur plus chaude, comme avec une fantaisie riche et originale, a créé un ornement nouveau qui
la sépia, soit des couleurs splendides et variées. Nous mentionnons d'abord donne aux produits de Rozenburg un caractère tout à fait extraordinaire.

Rojenburg, — qu'est-ce que Rozenburg ?

A CONSTANTINOPLE,

de grands tableaux en briques, d'après des peintures de Bisschop, de
Mesdag, de Bosboom, d'Israels, où, avec un superbe émail crémé, les scènes
sont peintes en couleur sépia. Puis, M. Henkes a peint une foule de plaques,
y reproduisant ses types curieux et caractéristiques. M. de Iwart, à son
tour, a peint un choix de paysages et de vues pittoresques ; M. Horsen

Peut-être, parmi ceux qui ne sont plus jeunes,
quelque habitant de La Haye sait-il encore qu'il se
trouvait, sur l'un des anciens boulevards, un grand
moulin à l'enseigne de la Cigogne, et à côté une an-
cienne maison, dont l'entrée portait le nom de Rozen-
burg.

Lorsque, tout jeune, me promenant autour de la
ville, en regardant et en rêvant, je voyais cette mai-
son, elle me paraissait avoir quelque chose de mysté-
rieux. Je pensais, qu'est-ce que cela peut-être ? Que
renferme-t-elle ? Comment cette vieille maison, de si
bonne apparence, se trouve-t-elle fourvoyée à cette
place? Elle était là où la ville finissait, et regardait le
canal qui la ceint et les prairies du lointain. C'était
une maison du commencement du xv 111° siècle. Au
milieu de la façade, une porte d'entrée, entourée,
ainsi que la fenêtre au-dessus, d'ornements rococo et
dont le chambranle était orné d'une coquille en
rocaille ; c'était une demeure d'une certaine majesté,
une espèce de villa avec un grand jardin. Ce qui la
rendit curieuse pour moi, c'est que cette maison, avec
un reste de jours meilleurs et de luxe, était là toute
seule égarée à une extrémité de la ville, dans un entou-
rage de maisons chétives et délabrées.

Peu à peu cette maison elle-même se délabrait ;
plus de peinture ; par-ci par-là un carreau brisé, des
rideaux sales ou faisant défaut, toutes les apparences
d'une maison déserte ou habitée par quelques gens en
décadence. Lorsque le roman de Hawthorne, la Maison
aux sept pignons, parut, j'y trouvais des analogies, et
Rozenburg n'en devint pas moins fantastique pour
mon imagination.

Et maintenant il me semble que le vieux Rozen-
burg — nonien et onien, car Rozenburg signifie villa
aux roses — veut réaliser mes imaginations d'enfant
et de jeunesse et devenir un jardin où naissent d'autres
fleurs. Car, outre les pliques peintes, ce sont des
produits plus remarquables encore qui y fleurissent.

Le créateur et l'âme de la nouvelle fabrique de
faïence est un Allemand, Freiherr VV. Wolll von Guden-
berg. Avec une grande énergie et une connaissance
éclairée, il a tout inventé et créé, les fours et machines,
les ateliers de formage, la mixture de la terre fine, la
composition chimique des couleurs, l'émail superbe.
C'est toute une science qui, dépassant ses limites,
devient art. Il cherchait quelque chose de nouveau
et il l'a trouvé. Il est comme le chercheur que dépeint
le livre de Jésus ben Sirach :

Ainsi le potier assis à son travail
Qui des pieds fait aller le tour
Et des mains forme l'argile,
Il met son âme à perfectionner l'email
Et son insomnie s'occupe à chauffer le four.

Ainsi il composa l'argile fine, qui à la cuisson
sonne comme une cloche, l'émail crémé et suave, l'art
de préparer les couleurs de sorte que le four leur
donne les teintes voulues, et il trouva de plus un
grand artiste dont « l'insomnie » s'occupa de formes
et d'ornements entièrement nouveaux. Et ce n'est pas
chose facile que de trouver du nouveau après quatre
mille ans de merveilles céramiques ! Et pourtant
M. F. Colenbrander y réussit. Il est architecte et surtout ornemaniste. Je
mentionne en passant les carreaux à figures ornementales qu'il a compo-
sés ; son œuvre la plus originale, ce sont ses plats, potiches, vases. Il y est
intarissable en nouvelles combinaisons et couleurs. Il a voulu ouvrir
à l'art de terre des perspectives nouvelles. Il fit des séries de potiches,
 
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