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INTRODUCTION A LA VINGT-HUITIÈME ANNÉE

aucun résumé constituant une Science des Formes, aucune indication sur une réorganisation pratique et populaire de nos arts,
et ne nous ont fourni, à part quelques tentatives isolées et restées sans écho, aucune donnée sur les éléments constitutifs d'un
style en harmonie avec notre époque, aucune notion sur un ensemble de moyens topiques disposés pour assurer V Unité
indispensable à une manifestation d'art de cette nature.

Ces lacunes devaient être signalées afin d'expliquer comment, à la suite d'efforts persévérants mais dépourvus d'un lien
commun, de tentatives multipliées, mais restées infécondes par leur isolement, ce vaillant xixe Siècle, qui donnait de si belles
espérances, n'a su trouver son expression caractéristique d'art, son idéal esthétique, son Style. Il se trouve, par surcroît, en
présence d'une confusion extraordinaire de documents archéologiques, véritable dédale où, en l'absence des études précitées,
il est impossible de fixer son choix sur une orientation quelconque. Si bien que, lassée de ses tentatives infructueuses, notre
Industrie d'art a été amenée à se rattacher à nos vieilles traditions françaises, à nos anciens styles nationaux, en les accommodant,
faute de mieux, tant bien que mal, aux exigences modernes. Nos excellents ouvriers du xvnr3 Siècle (celui de Voltaire et de
l'Encyclopédie) avaient en effet réussi à créer des types d'art si bien appropriés aux besoins de la société civile, qu'en réalité
ces types sont encore dominants, et que, tout compte fait, ils n'ont pas été remplacés, témoins aujourd'hui plus que séculaires
d'une des manifestations les plus brillantes de l'art national de la France.

Mais, s'il nous faut faire notre deuil du Style du XIXe Siècle, au moins avons-nous de quoi nous consoler!

Par certaines de ses créations caractéristiques, — et qui resteront, — il nous a laissé de glorieuses promesses pour l'avenir
de nos arts; de plus il nous a légué un Testament magnifique dont il faut nous hâter de nous constituer les exécuteurs : c'est la
généralisation, au point de vue populaire, de l'Enseignement du Dessin, affirmant à nouveau l'influence puissante de l'art sur le
développement intellectuel et moral des nations (1). On fonde avec raison de grandes espérances sur cette vulgarisation des
principes d'art; mais encore est-il indispensable que cette extension topique profite à tous les métiers, à toutes les professions,
et prenne, dans ses premiers degrés surtout, un caractère pratique, professionnel : le développement esthétique se produira
virtuellement par un effet d'atavisme particulier à notre race. Ainsi, de par son histoire architecturale, comme en raison de son
goût et de son aptitude pour les arts décoratifs, notre pays se trouve outillé pour reconquérir son ancien prestige et son influence
au dehors, en se mettant à la tête de l'élaboration du Style nouveau (2).

L'Enquête de 1882 sur la situation des Ouvriers et des Industries, antérieure à l'institution récente, a tracé le diagnostic de
notre mal, qui est l'impuissance où nous sommes de trouver une forme adéquate aux aspirations intellectuelles de l'époque.

Nous avons disséminé nos forces; elles doivent être concentrées à nouveau. — Cette enquête esta reprendre dans un
esprit large et pratique, en visant l'organisation professionnelle de l'enseignement d'art. Elle devra se terminer par un Congrès
qui aurait pour but d'inviter aux recherches intellectuelles que commande la situation, de communiquer aux esprits un
stimulant par le mouvement de la pensée collective, — de fixer l'orientation.

Plus que jamais notre époque a besoin d'une convergence d'idées, d'une unité d'efforts, afin de créer un sentiment collectif
dominé par la même pensée, aspirant au même but. C'est une évolution qui reste à accomplir, — en ces temps troublés par des
divisions profondes, — qui fondrait les éléments contradictoires dans une idée nouvelle, et réconcilierait les antithèses par une
synthèse supérieure (3). — Les considérations désintéressées de l'art seraient d'un grand poids dans la balance et rempliraient
à souhait leur fonction pacificatrice.

(1) Déjà en 1862 le Congrès artistique d'Anvers rappelait que « l'art avait ce singulier privilège de parler une langue comprise de tous. Admirant les mêmes objets, épris des
» mûmes beautés, les hommes se réunissent dans une entente commune... L'amour de l'art est une des bases les plus solides de la confraternité humaine : l'art partage avec la science
w l'éducation du genre humain. »

(2) Nous possédons aujourd'hui : 1» un tableau d'ensemble des Eléments des Formes, permettant d'enseigner couramment le Dessin comme l'Ecriture ; 2» une méthode de
Tracés corrects (à main levée) assurant du premier coup la perfection des résultats; 3° la pratique courante des Echelles ascendantes de proportion (dont le 28» Vol. montre plusieurs appli-
cations), apportant à la Composition d'art les éléments de mobilité, d'élasticité et de variété, indispensables à son rajeunissement.

(3) L. Pfau, Études sur l'Art. Paris, Claye, 1862.

Paris, Décembre 188g.

Emile REIBER

Architecte, Fondateur de l'Art pour Tous (1861).
 
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