L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif (28.1889)

28e Année

L'ART POUR TOUS

N° 699

XIXe SIÈCLE — école française CLASSIFICATION GÉNÉRALE

Enseignement technique d'Art des Formes des Vases

Eléments des Calibres du Tour du potier

par emile reirer

Eléments

Calibres et
Tracés corrects

®L'Été méat droit
(îleoie verticale)

typiques

Déuclojjpemenl des Termes d'Art

Ce Tableau d'ensemble est disposé de façon à servir de
Préface et de Résumé aux diverses éludes que nous avons
entreprises sur la Classification des Formes des Vases.
Pour ne pas encourir le reproche de ne présenter ici qu'une
œuvre théorique et de pure imagination, nous avons soi-
gneusement établi cet Aperçu général sur les données
techniques fournies par la pratique du Tour (du potier).

Qu'on imagine une masse de terre molle placée au cen-
tre du plateau circulaire que mettent en mouvement les
pieds du tourneur en terre : toutes les molécules de cette
masse décriront autour de l'axe de rotation (axe du tour)
une série de cercles horizontaux ; et si, de celle niasse ma-
niable en mouvement, on approche un profil fixe (rccliligne
ou courbe), découpé dans une matière rigide (bois ou
métal), ce calibre, suivant les éléments dont il est composé,
déterminera des formes droites, courbes ou galbées, sur
la surface de la masse tournante.

Si, par exemple, ce calibre était une simple règle verti-
cale (lro bande du tableau), le tracé correct de ce calibre
(2° colonne) fournirait, par l'opérai ion du tour, la forme d'un
Cylindre (3> colonne). On voit à la A° colonne les formes
typiques de deux de ces cylindres (en proportion haute
et basse), et la 5e colonne montre divers spécimens des
développements d'art (Tubes) dont celte forme géométri-
que est susceptible. Cet exemple suffit pour l'intelligence
des bandes qui suivent.

Dans la bande 2, la règle est inclinée (elle peut l'être en
deux sens : voir (îg. 10, 5° col.) ; dans la 3° bande, le calibre
affecte la forme d'un demi-cercle, qui produit, par sa révo-
lution autour de l'axe, une forme sphérique. Deux hori-
zontales divisent ce calibre en trois régions a, b, c : celle
du milieu, b, est le type des vases dits « de capacité » ;
celle du haut, a, celui des couvercles; celle du bas, c, celui
des vases plats (coupes, soucoupes, etc.).

Par la répétition symétrique de l'élément courbe, il se
forme, en cetle môme figure, en d, un élément concave,
et les bandes (-'i) et (5) fournissent les Iracés corrects des
éléments convexe et concave, avec leurs développements
variés de forme et de proportion.

Aux bandes (0), (7) et (8), on voit les combinaisons, par
langence sur trois horizontales, de ces deux mômes élé-
ments, avec les trois familles de formes caractéristiques qui
en résultent.

En (9) et (10) on trouvera les combinaisons de trois élé-
ments courbes tangents (quatre horizontales); et les tracés
corrects indiquent les positions exactes des points d'in-
flexion. (Voir le Tableau des courbes usuelles, p. 2670.)

La bande (H) donne le tracé usuel de YOvale (forme de
l'Œuf) avec ses applications variées a des vases simples
(sans pied) ou complets (pied, col, panse).

Enfin la bande (12) montre diverses combinaisons des
éléments qui précèdent : notre tableau, pour être intelligible,
ne pouvait être présenté que sous l'aspect d'une telle
gradation de formes allant du simple au composé.

La colonne de droite, intitulée : Développement des For-
mes d'Art, n'a été indiquée que comme une suite d'amorces
auxquelles se rattachent les diverses études, déjà publiées,
sur les « familles » principales sous lesquelles viennent se
ranger les formes, en nombre infini, dont les Vases sont
susceptibles, et qui dépendent de l'usage, du climat, du
degré de civilisation, etc., des peuples qui, de tout temps
et. dès les âges les plus reculés, ont tenu la Céramique en
honneur.

Quant aux tracés corrects de la 2" colonne de notre
tableau, on remarquera que nous nous sommes tenu aux
courbes usuelles citées plus haut, et qui sont simplement
obtenues par l'emploi de la règle et du compas. Ainsi que
nous l'avons fait voir dans la suite de nos éludes sur les
modifications des profils à l'aide des tracés des raccords
(échelles ascendantes de transformation, etc.), la forme et
les proportions des calibres peuvent être modifiées à l'in-
fini ; mais les lois esthétiques qui régissent ces formes
d'art ne peuvent être développées dans un tableau élémen-
taire, dans un aperçu d'ensemble, dont le mérite doit con-
sister surtout dans la logique et la clarté.

On trouvera notamment, disséminés parmi les études
déjà présentées, des groupements de formes de vases aji-
tiques qui montrent que les profils ou calibres sont com-
posés de courbes de degré supérieur, et ce fait est con-
firmé par les relevés exacts faits sur les profils des monu-
ments g'recs et les vases de la belle époque de l'art.

Un autre point important qui n'a pu être indiqué qu'en
passant, c'est la question des proportions générales (voir
p. 28G0) des vases. Il y faut joindre l'élude des accessoi-
res : la tournure des pieds, socles, etc. ; les anses et leurs
attaches; enfin le décor, soit plastique, soit en émaux de
peinture, etc., elc,— étude complexe s'il en fût, maïs dont
les documents sont aujourd'hui rassemblés pour servir de
matériaux à la création — dont l'urgence devient de jour en
jour plus manifeste —d'un Enseignement technique et popu-
laire d'Art.

Cette nécessité nous est apparue lors de l'Exposition
universelle de Vienne, 1873, et l'impuissance évidente de
l'Enseignement officiel, académique, à constituer cet En-
seignement spécial et entièrement nouveau, nous a décidé
a en recueillir les éléments épars, et à les classer d'après les
données logiques fournies par VA Iphabet des Formes, que
nous avons produit à l'Exposition universelle de Paris 1878.

Développements de l'Alphabet des Formes (N° ij). 2896