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L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 44.1905

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No. 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.22779#0073
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L'ART POVR TOVS

47-

En 1859 on trouva, à Saint-Nazaire de Carcassonne, une
crosse qui est aujourd'hui au musée de Cluny ; la volute est
ornée d'une double fougère émaillée ; le nœud, des quatre
figures d'évàngélistes, dont les têtes sont seules en relief ; la
douille, d'animaux fantastiques sur fond d'émail bleu. Un
tombeau d'Issoudun mit au jour une crosse du même genre,
qui a, au centre, les trois pointes rayonnantes de la fougère.
Ce sont là des types courants de cette fabrication.

Un petit nombre seulement de crosses semble avoir
échappé au monopole des ateliers de Limoges pour le
XIIIe siècle. Nous citerons parmi ces objets assez rares, au
Cabinet des médailles, une crosse en bronze dore avec in-
crustations d'argent, avec, dans la volute, d'un côté, le cruci-
fiement, de l'autre la madone debout entre deux saintes ; le
nœud est orné d'écussons, la douille de rosaces en quatre
feuilles juxtaposées. La bibliothèque de Versailles conserve
deux crosses de cristal de roche, montées en vermeil, qui
datent du XIII" siècle. L'une provient de l'abbaye du Lis
(Dammarie). Au-dessus d'un édicule ogival la volute sort en
se cambrant, garnie de fleurons et entourant un agneau
crucifère en cristal (/?). Le nœud feuillage est soutenu par
une sorte de chapiteau ; la hampe est coupée par six bagues
(hauteur totale 111178). La seconde crosse a aussi sa volute
en cristal de roche et représente l'agneau crucifère ; sa mon-
ture est du XVe siècle ; elle se trouvait autrefois à l'abbaye
de Maubuisson. La figure qui accompagne cet article donne
une bonne idée du genre de Limoges, de ces rinceaux et
arabesques émaillés d'un goût toujours si charmant. Voir
aussi nos figures M à P.

XIVe SIÈCLE, etc. — Ce fut au XIIIe, et surtout au XIVe
que se répandit pour la crosse l'usage du sudariam, sorte de
voile que l'on suspendait à la hampe ; on en voit un exemple
sur une bible latine de la bibliothèque nationale, qui date
du XIIIe siècle ; auprès d'un évêque, le diacre est figuré la
crosse en main, et sur cette crosse, deux fanons de dentelle
légère descendent du nœud le long de la hampe où flottent
leurs franges ; un peu plus tard, le tombeau de Nicolas de
Chalons, seizième abbé de Vauluisant (f 1337), nous en offre
un nouvel exemple. Ce voile fut usité aussi en Italie ; sur le
monument de saint Eustorgue, à Milan, saint Ambroise est
représenté avec une crosse garnie d'un sudarium (1338).

L'église du Temple, à Londres, sur un tombeau du XIIIe
ou du XIVe siècle, présentait une image d'évêque dont la
crosse était garnie d'une longue écharpe flottant sur la
hampe. D'autres tombeaux d'évêques offrent des crosses
voilées, à Winchester, Salisbury, Rochester, York ; on en
voit encore sur le tombeau de John Waltham, évêque de
Salisbury, à "Westminster, sur celui de l'évêque Branscomb
et de l'évêque Oliram, à Exeter. Vers 1300, on voit un
sudarium sur une statue adossée au transept de Saint-Nazaire
de Carcassonne ; de même au musée de Toulouse, sur une
statue d'évêque du XIVe siècle. Les Arméniens ont encore
ce sudarium à leurs crosses, comme on le voit à San-Lazzaro
de Venise. Sur un sceau de 1529, le vélum est attaché au-
dessus du nœud. Sur celles de Gembloux, il était noué à
l'un des feuillages de la volute.

On a proposé d'expliquer la présence de ce voile par le
désir de garantir la main du froid de la hampe ; outre
qu'une telle délicatesse serait peu convenable chez des
évêques, les gants qu'ils portaient toujotirs au XIVe siècle
suffisaient à les défendre de cet inconvénient. Il me semble
plus rationnel de voir dans cet ornement une-marque de
respect pour l'autorité épiscopale dont la crosse est l'insigne ;
on portait la crosse comme on prenait la patène, avec un
voile de main. Cela paraît d'autant plus probable que les
crosses, à cette époque, devinrent souvent des reliquaires
et qu'on y déposa même la sainte hostie, comme on le voit
sur les vitraux de la cathédrale de Tournai.

Au XIVe siècle, les crosses se fabriquaient en bois et se
recouvraient de lames d'argent. L'ivoire aussi semble rede-
venir plus commun ; une crosse d'ivoire très riche de cette
époque appartenait à M. Castellani ; elle portait dans la
volute la madone debout, et au-dessous un ange agenouillé
qui la soutenait. Une autre du même genre faisait partie de
la collection du prince Soltykoff. J'ai dessiné sur un tom-
beau de la cathédrale de Lausanne une crosse dont la volute
était aussi soutenue par un ange. On peut voir aussi dans
ce genre la crosse d'Estival, celle de la cathédrale de Metz.

Au XVe siècle, les crosses prennent plus de développe-
ment ; la crête se hérisse de crochets plus grands, plus
déchiquetés, comme sur les miniatures des chroniques de
France, à la bibliothèque de Toulouse ; l'enroulement qui
sort de la volute pour rejoindre la hampe devient la branche
de la volute elle-même, qui s'en écarte et forme crochet. Le
type antique du pedum s'altère de plus en plus jusqu'à ce
que la Renaissance y introduise des éléments d'architecture
qui en changent tout à fait le caractère, ce qu'on peut voir
à la crosse de Pierre de Lune (f 1494), au musée archéolo-
gique de Madrid, et sur une crosse faisant partie de la col-
lection Spitzer. Dans la collection du prince Soltykoff, une
crosse portait en guise de nœud un petit temple octogone
duquel surgit la volute où se trouve représenté le miracle
de saint Hubert et du cerf. Notre planche 86 fournit encore
un très remarquable spécimen de ces crosses si ouvragées
du XV° siècle ; cette crosse, qui appartient à l'abbaye de
Saint-Maurice, en Valais, offre un luxe extraordinaire de
combinaisons architectoniques. Les figures W à Z donnent
aussi de curieux exemples à cet égard.

Aux XVII" et XVIIIe siècles, les crosses suivent le style
général ; l'antique symbolisme disparaît souvent sous les
fantaisies du rococo, lors même qu'au point de vue de l'art
ces objets peuvent encore être estimés. J'ai vu notamment,
dans les mains de M. Bouquet, orfèvre, une crosse d'argent
dont la volute, soutenue par un ange assis, portait, au milieu
d'ornements baroques, une figure de prélat en chape, sculp-
tures qui ne manquent pas de prix. Elle doit dater du com-
mencement du XVIIIe siècle. On verra par notre figure
FF jusqu'où, a pu aller la fantaisie en pareille matière à
cette époque.

RÉSUMÉ. — Ceux qu'une promenade tardive attarde
jusqu'au soir dans la campagne romaine, ont pu voir un
pâtre devant une source, où il abreuve son troupeau ; il
 
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