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C. HEITZ
Ailleurs, le meme Agneau est represente sur un tróne-echelle septup-
lement „gradue” 22.
La representation la plus attirante, mais aussi la plus mysterieuse, est
cełie que les miniaturistes accordent a la Ville celeste. Dans Y Apocalypse
de Saint-Amand, conservee a la Bibliotheąue Nationale de Paris, mais
aussi dans YApocalypse de Valenciennes (toutes deux du IXe siecle), fi-
gurę une reprśsentation de la sainte Jerusalem 23. Douze cercles concen-
triąues — de couleurs differentes — entourent 1’Agneau de la bouche du-
quel sort une bandę jaune, sans doute ce fleuve de Vie dont il est question
au cliapitre 22 du texte de saint Jean. Douze portes, groupees par trois —
celłe du milieu etant toujours de couleur bleue — ouvrent a l’Ouest, au
Sud, a l’Est et au Nord sur le cercie central (fig. 6).
On reste surpris devant la formę circulaire de cette ville ideale, alors
que le r-ecit de 1’Apocalypse la depeint en tant que cube parfait. („La Vil-
le formę un carre: sa longueur est egale a sa largeur, il mesura la Ville
avec un roseau: douze rnille stades. Sa longueur, sa largeur et sa hauteur
sont ćgales” •— Apoc. XXI, 16). — A quoi cette formę circulaire est-elle
due? Sans doute au fait que le cercie est la formę parfaite par eccellence
et que la formę de la coupole represente souvent le ciel. Mais plus encore
que cette image abstraite, c’est l’image de la Jerusalem reelle, de la ro-
tonde du Saint-Sćpuicre, batie par Constantin, qui semble avoir deier-
mine ce genre de representation 24 (fig. 7).
Une fois au moins, un architecte carolingien, Eudes de Metz, eut pour
idee d’approeber le symbole abstrait par 1’application de mesures symbo-
liques precises. Les savants travaux de Fćlix Kreusch 25 ont demontre que
le pourtour interieur de la chapelle d’Aix mesure exactement 144 pieds.
22 Apocalypse de Saint-Amand, Bibliotheąue Nationale de Paris, ms Nouv. acq.
lat. 1132, fol. 7 v°.
23 Apocalypse de Valenciennes, Bibliotheąue Municipale ms 99 fol. 38 r.° Cette
Jórusalem celeste demande a etre comparee a celle qui figurę au fol. 33 r° de YApo-
calypse de Saint-Amand: meme disposition des portes, meme cite faite de 12 cercles
concentriąues ąui entourent, en 13e plan, la grandę plateforme centrale occupe par
1’Agneau.
24 Cf. les dessins laisses par l’eveque Arculfe, de retour de Jerusalem a la fin
du VIIe siecle, a Adamnanus, abbe de la communaute de łona (Ecosse). Celui-ci en
tira son De locis sanctis, dont ąuatre manuscrits carolingiens conservent le souvenir.
Nous reproduisons le plan de 1’Anastais figurant dans le manuscrit de Vienne, en
provenance de Salzbourg — Kremsmiinster (cod. 458, fol. 4 v.°).
25 Cf. F. Kreusch, Kir che, Atrium und Portikus der Aachener Pfalz, Karl der
Grosse, Karolingische Kunst, Aachen 1965, p. 463 - 533. —■ Zur Planung der Aache-
ner Barbarossaleuchters, Aachener Kunstblatter, 22 (1961), p. 21 - 36. — Das Mass
des Engels, Vom Bauen, Bilden und Bewahren, Festschrift Willy Weyres, ed. J. Ho-
ster et A. Mann, Koln 1964, p. 61 - 82.
C. HEITZ
Ailleurs, le meme Agneau est represente sur un tróne-echelle septup-
lement „gradue” 22.
La representation la plus attirante, mais aussi la plus mysterieuse, est
cełie que les miniaturistes accordent a la Ville celeste. Dans Y Apocalypse
de Saint-Amand, conservee a la Bibliotheąue Nationale de Paris, mais
aussi dans YApocalypse de Valenciennes (toutes deux du IXe siecle), fi-
gurę une reprśsentation de la sainte Jerusalem 23. Douze cercles concen-
triąues — de couleurs differentes — entourent 1’Agneau de la bouche du-
quel sort une bandę jaune, sans doute ce fleuve de Vie dont il est question
au cliapitre 22 du texte de saint Jean. Douze portes, groupees par trois —
celłe du milieu etant toujours de couleur bleue — ouvrent a l’Ouest, au
Sud, a l’Est et au Nord sur le cercie central (fig. 6).
On reste surpris devant la formę circulaire de cette ville ideale, alors
que le r-ecit de 1’Apocalypse la depeint en tant que cube parfait. („La Vil-
le formę un carre: sa longueur est egale a sa largeur, il mesura la Ville
avec un roseau: douze rnille stades. Sa longueur, sa largeur et sa hauteur
sont ćgales” •— Apoc. XXI, 16). — A quoi cette formę circulaire est-elle
due? Sans doute au fait que le cercie est la formę parfaite par eccellence
et que la formę de la coupole represente souvent le ciel. Mais plus encore
que cette image abstraite, c’est l’image de la Jerusalem reelle, de la ro-
tonde du Saint-Sćpuicre, batie par Constantin, qui semble avoir deier-
mine ce genre de representation 24 (fig. 7).
Une fois au moins, un architecte carolingien, Eudes de Metz, eut pour
idee d’approeber le symbole abstrait par 1’application de mesures symbo-
liques precises. Les savants travaux de Fćlix Kreusch 25 ont demontre que
le pourtour interieur de la chapelle d’Aix mesure exactement 144 pieds.
22 Apocalypse de Saint-Amand, Bibliotheąue Nationale de Paris, ms Nouv. acq.
lat. 1132, fol. 7 v°.
23 Apocalypse de Valenciennes, Bibliotheąue Municipale ms 99 fol. 38 r.° Cette
Jórusalem celeste demande a etre comparee a celle qui figurę au fol. 33 r° de YApo-
calypse de Saint-Amand: meme disposition des portes, meme cite faite de 12 cercles
concentriąues ąui entourent, en 13e plan, la grandę plateforme centrale occupe par
1’Agneau.
24 Cf. les dessins laisses par l’eveque Arculfe, de retour de Jerusalem a la fin
du VIIe siecle, a Adamnanus, abbe de la communaute de łona (Ecosse). Celui-ci en
tira son De locis sanctis, dont ąuatre manuscrits carolingiens conservent le souvenir.
Nous reproduisons le plan de 1’Anastais figurant dans le manuscrit de Vienne, en
provenance de Salzbourg — Kremsmiinster (cod. 458, fol. 4 v.°).
25 Cf. F. Kreusch, Kir che, Atrium und Portikus der Aachener Pfalz, Karl der
Grosse, Karolingische Kunst, Aachen 1965, p. 463 - 533. —■ Zur Planung der Aache-
ner Barbarossaleuchters, Aachener Kunstblatter, 22 (1961), p. 21 - 36. — Das Mass
des Engels, Vom Bauen, Bilden und Bewahren, Festschrift Willy Weyres, ed. J. Ho-
ster et A. Mann, Koln 1964, p. 61 - 82.