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ARCHITECTURE ET SYMBOLIQUE DES NOMBRES

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premiere columna du Ferculum mesure 200 vers 42; voila une autre coin-
■cidence avec le Plan qui ne laisse de frapper, alors que la deuxieme co-
lumna se compose d’un premier tronęon de 160 vers, nouvelle donnee
familiere au Pian de Saint-Gall, comme Font montre les recherches citees
plus haut. En guise de conclusion, Hincmar redescend du total, par retro-
gradation successive, aux elements constitutifs essentiels que sont le 40,
le 10, le 1.

Hincmar est mort en 382, le Plan de Saint-Gall a ete dessine sans
doute 65 ans plus tót et s’il existe une relation entre la structure numćrique
du Ferculum Salomonis et les valeurs architecturales du Plan, elle ne
peut etre que d’ordre generał, relever somme toute d’un phenomene de
mentalite. Les racines de cette concordance nous devons les rechercher
dans cette mystique chiffree, profondement ancree dans le IXe siecle, qui
pousse 1’allegorie numśrique jusqu’au paroxysme. Aussi n’hesite-t-on pas
a solliciter le numerus perfectus meme pour d’infimes details, ainsi les
fimbriae, touffes de franges cousues au nombre de 28, retro et antę, sur le
vetement des diacres se tenant derriere l’eveque sur une plaque d’ivoire
messine du IXe siecle, conservśe :a Francfort 43.

Trouver un sens cache a tout, injecter le symbole ramene a la simple
allegorie dans la demarche liturgique comme dans 1’apparence des choses,
ce sont la des imperatifs que le Moyen Age s’impose d’autant plus irnpla-
cabiement que certains nombres s’y pretent volontiers, permettant de con-
centrer en eux un ensemble de vertus. De vertus ou de malefices, selon
-le systeme dans lequel ils sont envisages. Le benśfique 1’emporte toutefois
iargement et la ou le malefique apparait, il est le plus souvent exorcise par
une attitude dlrumilitć. Considere comme un fardeau, on accepte de s’en
charger puisque par la penitence, il mene au rachat et au salut.

Le but supreme de ces combinaisons chiffrees constitue en premier
lieu un hommage a la perfection infinie -— mathematique serai-je tente

12 210 au juste, car a 200 s’ajoute 10, chiffre du d-ecalogue, cf. B. Taeger, Zah-
lensymbolik bei Iiraban, bei Hincmar — und im Heliand? Miinchen 1970, p. 127 - 128.
Mais ce supplement importe peu, c’est le chiffre initial de 100 + 100—200 qui prima
car, selon Hincmar qui se fonde sur s. Augustin, il equivaut a la „perfectio spiritus
qui in hac vita electis tribuitur, et perpetua vita” Mignę, P. L. 125, 823 B.

43 L’ivorie de Frankfort, conserve a la Bibliotheque municipale de cette ville
(cf. A. G o 1 d s c h m i d t, Die Elfenbeinskulpturen aus der Zeit der karolingięphen
und sachsischen Kaiser, Berlin 1914, t. I. PI. XXX. p. 41) montre un eveque en train
de benir les oblates. Les diacres qui se tiennent derriere lui portent des dałmatiques
aux rubans verticaux „franges” tels qu’Amalaire de Metz les decrit dans le meme
livre de son De ecclesiasticis officiis (Mignę, P. L, 105, 1096): „Ipsa dairnatica duas
coccineas lineas habet retro, similiterque in anteriori parte [. ..] Aliquae dalmaticae
habent viginti octo fimbrias (touffes frangees) antę et retro [...]”.
 
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