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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0060

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PARIS DANS SA SPLENDEUR.

colères de la population parisienne, publia et fit afficher, à Paris et dans tout le royaume, une proclamation dans laquelle il
énumérait tous les griefs que la rumeur publique avait mis à la charge de l’ordre du Temple, tous ceux que de récentes et
épouvantables révélations avaient portés à la connaissance de la justice. Il était dit dans ce document historique, en parlant des
chevaliers de l’ordre: « Loups ravissants sous l’apparence d’agneaux, insulteurs de la Foi sous l’habit religieux, ces frères, de
nos jours, ont de nouveau crucifié Jésus-Christ mort pour nos péchés! En entrant dans leur ordre, ils renient trois fois
Jésus-Christ, trois fois ils le foulent aux pieds, trois fois ils lui crachent au visage. Race immonde, race perfide, race accroupie
aux pieds des idoles, race aux mains criminelles, aux paroles empoisonnées, elle souille la terre, elle arrête la bienfaisante rosée,
elle corrompt la pureté de l’air, elle met la confusion dans la Foi! » Suivaient les détails des crimes les plus horribles qu’avaient
pu inventer la perversité humaine et l’audace de l’enfer. L’année suivante, commença le procès qui dura plusieurs années, et
qui, souvent interrompu par la nécessité de prescrire de nouvelles enquêtes, fut repris et continué à différents intervalles. Le
28 mars 1310, le plus grand nombre des accusés comparurent dans une salle d’audience construite à la hâte dans le jardin de
l’évêché; ils étaient cinq cent quarante-six. On leur opposa leurs aveux multipliés; ils les désavouèrent, et les imputèrent,
souvent avec apparence de raison, à l’épouvantable rigueur des tortures; on entendit une multitude de témoins, et, à travers les
contradictions, les accusations, les réponses, il fut établi d’une manière certaine que beaucoup de griefs imputés à l’ordre étaient
fondés, et que les chevaliers du Temple, soit orgueil, soit avarice, soit débauche, soit affiliation aux sectes secrètes de l’Orient,
avaient dévié de leur règle, s’étaient rendus coupables d’actes odieux et étaient devenus ennemis de Jésus-Christ et de l’Église.
Parmi eux, tous n’étaient pas coupables au même degré, et il est à espérer que les abominables sacrilèges reprochés à l’ordre
n’étaient le fait que d’un très-petit nombre. Le 26 mai, cinquante-neuf Templiers, condamnés à mort, furent brûlés à Paris, dans
la campagne, derrière l’abbaye Saint-Antoine. Au milieu du bûcher et déjà atteints par les flammes, ils rétractèrent énergiquement
leurs aveux. Le peuple les entendit avec stupeur et ne voulut voir en eux que des victimes. Peu de jours après, neuf autres
chevaliers de l’ordre périrent également par le supplice du feu. L’année suivante (1311) l’affaire fut portée au concile de Vienne;
puis, en 1312, le pape abolit solennellement l’ordre religieux et militaire des Templiers. Cette décision ne mit point entièrement
fin à ce grave procès. Le 18 mars 1314, Jacques de Molay, grand maître, et plusieurs autres chefs furent condamnés à une
prison perpétuelle; au lieu de se soumettre, ils rétractèrent leurs aveux et se proclamèrent innocents. A cette nouvelle, le roi
Philippe, procédant sans formes légales, et, de sa propre autorité, déclarant les accusés relaps, les fit conduire au bûcher. Le
supplice eut lieu à l’heure de Vêpres, dans l’île aux Juifs, réunie à l’île de la Cité, entre le Jardin-Royal et l’église des Frères
Ermites. Les Templiers endurèrent les tourments avec courage, et tant qu’il leur resta un souffle de vie au milieu des flammes,
ils continuèrent à protester de leur innocence. La foule qui environnait leur bûcher demeura saisie de pitié, et n’hésita pas à voir
en eux de nouvelles victimes sacrifiées à l’avarice du roi.
Sous Louis X, surnommé le Hutin, sous Philippe V, dit le Long, et sous Charles-le-Bel, qui régnèrent l’un après l’autre,
après la mort de Philippe-le-Bel, l’histoire particulière de Paris ne fut signalée que par le supplice de quelques hauts personnages;
c’était comme la distraction accoutumée donnée par le pouvoir à la population parisienne, mais l’opinion publique réformait souvent
la sentence des juges. Ainsi le peuple plaignit Enguerrand de Marigny, surintendant des finances, qu’on avait envoyé au gibet
pour complaire à Charles de Valois, oncle du roi; on l’accusait de malversations et de sortilèges, mais ces crimes furent loin d’être
établis (1316). Marguerite de Bourgogne, femme de Louis X, autrefois convaincue d’adultères commis dans la tour de Nesle, s’il
faut en croire des légendes douteuses, fut étranglée dans sa prison par ordre du roi, et le prince épousa Clémence de Hongrie. Quand
il mourut (1316), Philippe-le-Long, son frère et son successeur, crut apaiser la colère de Dieu, levée sur la France, en faisant
condamner juridiquement et périr dans les flammes un grand nombre de lépreux et de Juifs, accusés d’avoir empoisonné les
fontaines et les sources. Ce fut sous ce règne (1320) que l’agitation populaire des Pastoureaux se reproduisit, et que les séditieux,
après avoir traversé Paris, furent dispersés dans le Midi de la France. A la mort de ce prince (1322), son successeur Charles-le-Bel
mit fin aux persécutions dirigées contre les prétendus empoisonneurs, et permit aux Juifs de rester en France, en rachetant leur
vie par de très-lourdes amendes. A sa mort, arrivée en 1328, la lignée directe de Hugues Capet se trouva éteinte, et, par
application de la loi salique, la couronne de France, réclamée par le roi d’Angleterre, fut donnée à Philippe de Valois;
cousin-germain de Charles-le-Bel et le plus proche parent de ce prince. Sous le règne de ces différents souverains, de Philippe III
à Charles IV, la ville de Paris ne vit guère sa splendeur s’accroître. Le collège Montaigu fut fondé dans la rue des Sept-Voies;
on fonda de même, dans la rue de la Harpe, le collège de Narbonne et le collège du Plessis, rue Saint-Jacques; vers la place de
Cambrai, on institua le collège de Tréguier et de Léon, sur l’emplacement duquel fut plus tard construit le collège de France.
En 1326, Charles-le-Bel fit reconstruire l’église Saint-Jean-en-Grève et bâtir l’église Saint-Jacques-de-l’Hôpital (1327).
 
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