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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0061
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HISTOIRE.-PARIS ANCIEN.

31

PARIS SOUS LES PREMIERS VALOIS.

1328-1498.
Be premier de la branche des Valois, Philippe VI, parvenu au trône à l’âge de trente-six ans, était un prince
intrépide au combat, mais présomptueux, sans capacité et d’une humeur capricieuse autant qu’irritable. Son
avènement, contesté par le roi d’Angleterre, qui invoquait de prétendus droits à la couronne de France, donna
J de la guerre de cent ans, période de luttes, d’invasions et de revers, qui fut si fatale au royaume et fit couler
ng. Des souffrances, des misères, quelques exécutions capitales marquèrent seules, durant ce règne, l’histoire de
Paris. En 1343, le roi convoqua dans cette ville les États généraux de la langue d’oïl, mais la session n’eut lieu qu’en 1346.
Cette assemblée s’occupa de questions d’impôts, et fit entendre des réclamations contre la gabelle, taxe impopulaire qui pesait
sur le sel, une des denrées de première nécessité. Le roi, pour donner satisfaction à ces plaintes, consentit à quelques réformes
fiscales. La guerre, un moment interrompue, recommença en cette même année, et les Anglais, après avoir envahi la Normandie,
poussèrent des reconnaissances jusqu’aux portes mêmes de Paris et vinrent brûler Saint-Cloud et Bourg-la-Reine. Philippe VI, pour
en finir, proposa à ses ennemis de livrer une bataille décisive dans la plaine de Vaugirard. Édouard III se replia vers le Nord;
Philippe VI le suivit de près, et, par sa déplorable imprudence, perdit la bataille de Crécy, où périt l’élite de la noblesse française.
Tandis que cette défaite découvrait le royaume du côté du Nord, Paris, comme le reste de l’Europe, se trouvait exposé aux
atteintes d’un fléau plus redoutable encore que la guerre; nous voulons parler de la terrible peste noire qui enleva le tiers du
genre humain. Elle se déclara à Paris en 1348. Le mal commençait par une fièvre très-violente que suivaient le délire, la stupeur
et l’insensibilité. La langue et le palais devenaient livides, l’haleine fétide; le corps se couvrait de taches noires, et chez quelques
personnes se déclaraient instantanément d’abondantes hémorrhagies. La science ne connaissait aucun remède capable de retarder
les progrès du mal; la plupart des pestiférés succombaient en vingt-quatre heures.
« Il y eut cette année, dit le continuateur de Nangis, à Paris, dans le royaume, et encore aussi dans tout le reste de
l’univers, une telle mortalité parmi les hommes et les femmes, et plus parmi les jeunes gens que parmi les vieillards, qu’on
pouvait à peine les ensevelir. Leur maladie durait rarement plus de deux ou trois jours; le plus souvent ils mouraient subitement,
tandis qu’on les croyait sains et saufs On n’avait jamais entendu, jamais vu, jamais lu que, dans les temps anciens, une
telle multitude de gens fût morte. Le mal semblait provenir de l’imagination et de la contagion Dans l’Hôtel-Dieu de Paris,
la mortalité fut si grande que, pendant longtemps, on emporta, chaque jour, cinq cents morts dans les chars, au cimetière des
Innocents. » ... • . ?

Or, bientôt le terrain manquant pour inhumer ces cadavres, et l’infection qu’ils causaient commençant à se répandre, on ferma
ce cimetière et l’on en fit bénir un autre hors de la ville pour servir au même usage. La charité des religieuses qui desservaient
le grand hôpital, a été honorablement mentionnée dans les chroniques. « Ces saintes filles, y est-il dit, ne craignaient pas de
s’exposer à une mort certaine en soulageant les pauvres; elles les assistaient avec une patience et une humilité admirables. » Il
fallut renouveler leur communauté à plusieurs reprises, à cause des ravages qu’y fit la contagion. A Paris, en 1349, la peste
enleva Jeanne de Bourgogne, reine de France, et sa bru, la duchesse de Normandie; bientôt après mourut Jeanne de-Navarre,
qui laissa son royaume à un jeune homme de dix-scpt ans, tristement célèbre dans l’histoire sous le nom de Charles-le-Mauvais.
Quant à Philippe de Valois, son règne s’achevait dans ces douloureuses conditions, et le 22 août 1330, ce prince mourut à Paris,
laissant la France humiliée par l’Angleterre, dépeuplée par la peste, et ruinée par la guerre, le fisc et l’usure.
Son successeur, Jean Ier, fut surnommé le Bon, sans qu’il soit possible de dire quel acte de sa vie lui mérita ce glorieux
titre. C’était un prince courageux sur un champ de bataille, mais d’un esprit médiocre et d’un caractère soupçonneux et opiniâtre.
Cinq ans après son avènement au trône, la guerre se ralluma avec les Anglais, et une armée ennemie, aux ordres d’Édouard 111,
envahit la France du côté du Nord. Le roi Jean convoqua à Paris les États généraux de la langue d’oïl et leur demanda les
subsides nécessaires pour lever des troupes. L’assemblée désirait, au moins autant que le roi, faire face au danger; mais elle crut
devoir saisir l’occasion qui s’offrait à elle de rétablir un peu d’ordre dans les finances du royaume. Elle fit donc entendre de
justes plaintes et contraignit le pouvoir de donner satisfaction à plusieurs griefs. Elle accorda au roi les fonds nécessaires pour
mettre sur pied une armée de cent cinquante mille soldats; mais elle voulut que les sommes à percevoir demeurassent, jusqu’à
emploi, entre les mains des receveurs particuliers des États, et que des précautions fussent prises pour s’assurer que les subsides
seraient entièrement consacrés aux dépenses de la guerre. Les États nommèrent des commissaires, choisis dans les trois ordres
qui les devaient représenter après leur séparation, et que le roi était tenu de consulter soit pour les affaires relatives à la guerre,
 
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