Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0070
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
38

PARIS DANS SA SPLENDEUR.

se porta au devant des deux rois et des princes, et sur leur passage elle criait: « Noël! » Un théâtre en plein vent était dressé
rue de la Calendre ; on y représentait, en signe de fête, le mystère de la Passion. Les deux rois, entrant à cheval, traversèrent
Paris, et ne s’arrêtèrent qu’à l’église Notre-Dame, pour rendre grâce à Dieu de leurs victoires. Dès ce moment, la domination de
Henri V devint chaque jour plus tyrannique; le Parlement, délibérant sous le joug anglais, rendit, le 3 janvier 1421, un arrêt
qui prononçait la déchéance du Dauphin et bannissait à perpétuité ce jeune prince. Charles VI était alors malade et délaissé à
l’hôtel Saint-Pol. Au retour du printemps, la guerre recommença entre le parti anglo-bourguignon et le parti national, représenté
par le dauphin Charles. Les armées de Henri V, fortes par le nombre et aidées des indices bourguignonnes, l’emportèrent peu à
peu sur les troupes françaises, découragées et isolées, et le Dauphin fut rejeté par ses ennemis sur la' rive gauche de la Loire.
C’en était fait delà monarchie française, lorsque Henri V mourut à Vincennes^ le 31 août 1422, laissant pour héritier un enfant
débile, âgé de moins de deux ans. Peu de temps après mourut, à son tour, le roi Charles VI, de lamentable mémoire
(21 octobre 1422). Le peuple de Paris, qui n’avait cessé de Paimer, honora ses obsèques par des regrets et des larmes.
PARIS SOUS LA DOMINATION ANGLAISE.
-.1422-1436.
u moment où les funérailles de Charles VI furent accomplies, un hérault d’armes cria sur la fosse royale: « Dieu
accorde bonne vie à Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et d’Angleterre, notre souverain seigneur! » Les
Anglais accueillirent avec transport l’avénement du jeune Henri VI, et le gouvernement de la France anglaise fut
duc de Bedford, oncle de cet enfant. En ce moment, le dauphin Charles était au Puy, en Velay ; ayant appris, dans
nce reculée, la mort de son père, il se fit proclamer roi de France, sous le nom de Charles VII. L’année suivante
(1423), la guerre recommença dans presque toute la France centrale, et particulièrement dans les provinces que traversent la
Seine et la Loire. Elle fut presque toujours conduite avec bonheur par les Anglais, et des défaites successives amoindrirent de
jour en jour le domaine de. Charles VIL Les Anglais, tournant en dérision la puissance de ce prince, le désignaient sous le nom
de roi de Bourges. Cette situation se prolongea près de sept ans, durant lesquels Paris ne connut d’autre roi que le jeune Henri VI
et n’obéit à d’autres maîtres qu’aux Anglais. - ■ • . " - * • •'
Il n’entre pas dans le cadre qui nous est assigné de raconter la miraculeuse mission de Jeanne d’Arc. Suscitée de Dieu pour
briser le joug étranger, cette illustre jeune fille avait délivré Orléans et conduit Charles VII à Reims pour l’y faire sacrer. En
peu de mois (1429), les choses avaient changé en France, comme par enchantement, et les belles provinces de la Loire,, ainsi
que les vallées entre la Seine et la Marne, avaient été victorieusement soustraites à la domination anglaise. Le duc de Bedford
s’’étant éloigné de Paris pour se porter au secours de Rouen, encore au pouvoir de l’étranger, Charles VII se rapprocha en toute
hâte de la capitale du royaume, et vint camper à Saint-Denis. Le lendemain 30 août, le duc d’Alençon et le comte de Clermont
occupèrent La Chapelle, et des chevaliers royalistes vinrent chevaucher devant la porte Saint-Honoré, et ne furent arrêtés dans
leur mouvement que par les fossés profonds et larges creusés devant les murailles. Le peuple de Paris (et c’est une page à déchirer
de son histoire) tenait énergiquement pour Bedford et le parti anglais. On lui avait fait croire que Charles VII voulait détruire la
grande capitale et faire passer la charrue sur ses ruines; aussi la bourgeoisie et la classe pauvre s’étaient-elles préparées à une
opiniâtre résistance. Les guets de jour et de nuit avaient été renforcés; la ville était pourvue de vivres et d’artillerie: les remparts
étaient chargés de pierres destinées à être lancées sur les assaillants ; les barrières et les boulevards avaient été fortifiés de nouveau,
les fossés déblayés, et des barricades défendaient les rues. . •
Jeanne d’Arc n’était point d’avis de diriger une attaque contre Paris; elle jugeait la position trop forte pour être enlevée par
un coup de main; les chefs de l’armée royale firent prévaloir l’avis contraire, et Jeanne d’Arc eut ordre de se joindre à eux et de
prendre part à l’attaque. Le corps d’armée, chargé de cette opération, était fort de douze mille hommes; les assiégeants prirent
position sur le terrain appelé Marché aux Pourceaux, entre la butte Sàint-Roch et la butte des Moulins, au lieu où de nos jours
la rue de la Fontaine-Molière aboutit à la rué Saint-Honoré. C’était la partie de l’enceinte la plus faible. L’attaque commença le
jeudi 8 septembre 1429, à onze heures du matin, au moment où l’on célébrait la Messe dans toutes les églises (c’était le jour de
la Nativité de la Vierge). La lutte fut engagée par une:canonnade bien nourrie ; « de grants bourrées à trois ars estoient lancées
à grant foyson, » puis l’assaut fut donné à la partie occidentale de. la ville, entre les portes Montmartre et Saint-Honoré. La
garnison anglaise et les milices bourgeoises, avec leurs grosses couleuvrines et leurs canons, réussirent à contenir les assaillants.
Des deux côtés on se battait avec un acharnement égal. Les lieutenants de Charles VII mirent le feu au boulevard et aux barrières
qui, en avant de l’enceinte, protégeaient les abords de la porte Saint-Honoré, et refoulèrent dans la ville les Anglo-Bourguignons
 
Annotationen