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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0082
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46 PARIS DANS SA SPLENDEUR.
Les conjurés avaient tout disposé pour assurer le prompt effet de cette décision; on avait marqué à la craie la porte des
maisons habitées par les Protestants. Les chefs du parti exalté se portèrent d’abord à l’hôtel de l’amiral Coligny,'.et égorgèrçnt
ce vieillard; le reste de la nuit fut mis à profit pour tuer, à coups d’épée ou de mousquet, ceux des Huguenots que; l’on put
atteindre. Les corps sanglants des victimes étaient entassés dans les rues, et les milices de la ville, au lieu de s’opposer au
massacre, y participaient elles-mêmes en mettant à mort les Protestants, comme s’il se fût agi de livrer une bataille ’el de ne
faire aucun quartier à l’ennemi. Il est faux que Charles IX ait tiré d’une fenêtre du Louvre sur des Huguenots fugitifs. Ce conte
absurde, longtemps accrédité sur la foi de Voltaire, n’est désormais admis par aucun historien sérieux. C’est bien assez que le
sang dé milliers d’hommes, surpris sans défense, ait coulé par trahison dans.les rues de Paris; ce grand, attentat laissera une tache
ineffaçable imprimée à la mémoire du jeune roi et de sa mère. Nous eussions voulu qu’une pareille page ne ée fût jamais rencontrée
dans les annales de Paris; mais il ne nous a point, été donné de pouvoir la déchirer, et le souvenir de ce criiffe posera, non sur la
religion catholique, qui le maudit et le condamne, mais sur la cour perfide qui ordonna et dirigea le massacre. Au surplus, ce
forfait ne porta pas bonheur à ceux qui en avaient eu la pensée. Charles IX mourut, deux ans après, poursuivi par les ombres
de ses victimes, et les Protestants arborèrent de nouveau dans toutes les provinces le drâpeau de la guerre.
En 1674, Henri III, frère de Charles IX, et l’un des auteurs de la Saint-Barthélemy, abandonna lé trône de Pologne, et vint
à Paris prendre possession de la couronne de France. C’était un prince de mœurs dépravées, qui laissa volontiers la direction
des affaires à Catherine de Médicis et à quelques honteux favoris qu’on appelait les Mignons du roi. La puissance de ces hommes
débauchés, dissipateurs et-incapables irrita le peuple de. Paris,-et fut, pour le clergé et la bourgeoisie, un perpétuel sujet de
.dégoût et de scandales. Le roi et la cour, en butte aux attaques dés Protestants et au mépris des sincères' Catholiques $ imaginèrent
un système de concession et de bascule qui, sans donner satisfaction aux Huguenots, alarma vivement tous ceux qui avaient à
cœur les intérêts religieux et le salut de la Foi. Les choses en vinrent'à ce point que les Catholiques, désespérant de la loyauté
du roi et se voyant trahis par le Gouvernement lui-même, s’associèrent en dehors du pouvoir régulier et organisèrent, d’abord à
Péronne, puis à Paris (1686), une formidable union offensive et défensive,^qui së mit sous la direction de? Henri, duc de Guise,
surnommé le Balafré. La cour s’alarma; elle essaya de trompér la Ligue;de roi chercha même à s’en faire le chef ostensible.;
niais, comme il continua de trahir les intérêts catholiques, confiés à sa garde*, on agit sans lui et.contredui.
A Paris, la Ligue avait pour chefs naturels seize associés, très-influents sur le peuple, et dont chacun commandait un quartier.
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Les corporations, les métiers, les capitaines des milices bourgeoises, les magistrats municipaux obéissaient plus volontiers aux
Seize qu’aux lieutenants du roi, et bientôt l’immense majorité des citoyens-s’arma pour la Ligue. Sans cesse menacés ou trahis
par Henri III, les Seize méditèrent de déposséder ce prince de l’autorité’ souveraine, de s’emparer de sa.personne, de lui laisser
le vain titre de roi, mais de confier la régence de l’État au duc de Guise, chef de là Ligue. Dans la journée du 12 mai. 1688,
une formidable insurrection éclata dans Paris; sur tous les points les bourgeois s’armèrent, tendirent <es chaînes, occupèrent les
positions militaires et les postes de sûreté, et le roi, après avoir essayé dé résister, se trouva trop’heureux de sé soustraire-par
la fuite à la domination des Seize et à la tutelle du duc de Guise. Tandis que la journée des Barricades-livrait Paris au Balafré,
Henri III se réfugiait à Blois et convoquait dans cette ville les Etats généraux du royaume. En attendant la session, il parlementait
avec le peuple de Paris et le duc de Guise, et une paix, plus trompeuse que réelle, intervenait entre le roi et ses sujets. Vers la
fin de décembre, durant la solennité de Noël, le peuple apprit ’ayec stupeur que Henri III avait fait assassiner à Blois le duc de
Guise, l’idole de la France, et son frère, le cardinal de Lorraine. A cette nouvelle, une révolution éclata dans Paris. Les Seize,
appuyés sur l’adhésion des citoyens, et soutenus au dehors par la France catholique, proclamèrent la déchéance du roi, et.
déférèrent au duc de Mayenne, frère du Balafré, la lieutenance du royaume. Ainsi attaqué et menacé, Henri III n’eut d’autre
ressourceque de s’allier aux Huguenots et de réclamer le secours de leur chef, Henri de Bourbon, roi de Navaire, et le
plus proche héritier de la couronne. Ces deux rois réunirent leurs armées et vinrent assiéger Paris/ Comme ils campaient à
Saint-Cloud et sur les hauteurs qui avoisinent la capitale, un misérable fanatique', nommé Jacques Clément, exalté par de furibondes
prédications, s’introduisit auprès du roi et le tua d’un coqp de poignard. La. mort de Henri III fit entrer la guerre civile dans
une phase nouvelle, et contraignit les armées royales et calvinistes/ de renoncer, pour le moment, à s’emparer de Paris. Or,
tandis que la population de cette ville considérait cet événement comme un triomphe, les chefs de la noblesse et les Seigneurs
calvinistes .acclamaient l’avénement de Henri IV et se disposaient à placer par les armes le nouveau souverain à la tête de la
France catholique. . " . - .s '•' / -- ./.v,
' .'-‘.V' " • ’■ - ; Amédée Gabôurd.
 
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