Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0137
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
PARIS SOUS NAPOLÉON I’-*, EMPEREUR ET ROI

1804-1814.

gg ne grande épopée militaire et politique s’ouvre au mois de floréal an XII (mai 1804) pour se terminer, dix
| ans plus tard, dans les douleurs de l’invasion étrangère. Nous n’avons point à la résumer. Nous ne l’envisageons
qu’à un seul point de vue, l’histoire particulière de cette grande capitale que Napoléon aimait tant, qu’il a tant
Æ) embellie, et qui conserve à jamais la trace de son passage. Laissons donc à l’écart le récit des glorieuses
campagnes d’Austerlitz, d’Iéna, d’Eylau, de Friedland, de Wagram, de la Moskowa, de Lutzen, de Dresde et de
France; souffrons que d’autres racontent ailleurs les longues luttes de la guerre d’Espagne, les épouvantables calamités
de la retraite de Russie, le développement inouï et le démembrement rapide de la France impériale : de vastes volumes
ne su^ra^en^ Pas Pour ^es redire, et il ne nous reste que quelques pages exclusivement consacrées à faire connaître les
incidents dont Paris fut le théâtre durant ce prodigieux poème historique.
En 1804, le vénérable Pie Vil, chef de l’Église catholique, vint à Paris, malgré les rigueurs de l’hiver, donner Fonction
sainte à Napoléon-le-Grand. Le 11 frimaire an XIII (2 décembre 1804), sous les voûtes de la vieille cathédrale de Paris,
étincelante de feux et d’or, eut lieu la cérémonie du sacre. Dès neuf heures du matin, le pape sortit des Tuileries dans
une voiture à huit chevaux, surmontée d’une tiare et des attributs de la papauté. A son entrée dans l’église métropolitaine,
le Saint-Père était revêtu d’une chape; il portait la tiare et avait deux cardinaux-diacres, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.



Devant lui marchait le cardinal-évêque assistant. Le cardinal Caselli le suivait en dalmatique. Le pape, assis sur son trône, dit
Tierce. A dix heures Napoléon et Joséphine partirent des Tuileries :1e couple impérial occupait une voiture éclatante d’or et de
peintures précieuses, conduite par huit chevaux de couleur isabelle et richement caparaçonnés. L’Empereur et l’impératrice étaient
revêtus d’ornements magnifiques, et qui rappelaient les costumes pittoresques du moyen-âge. Le manteau de sacre était en velours

cramoisi, parsemé d’abeilles d’or, doublé de satin blanc et d’hermines. La tunique de Napoléon était blanche; sa couronne d’or
était composée de feuilles de laurier, d’olivier et de chêne, emblèmes de la victoire, de la paix et des vertus civiques. Joséphine
était chargée de riches atours qui nuisaient à sa grâce en relevant sa majesté; les princesses Pauline et Caroline portaient la queue
Z
de sa tunique. Louis et Joseph Bonaparte, frères de l’Empereur, soutenaient les pans du manteau de Napoléon; le fondateur de
la quatrième dynastie cherchait ses premiers vassaux dans les membres de sa famille, auxquels il réservait le titre de rois.
L’immense cathédrale, sur le pavé de laquelle s’étaient agenouillées tant de générations, avait été tapissée de velours, semée
d’étoiles d’or, et revêtue de ses plus beaux ornements; l’élite de la France remplissait son parvis, sa nef et ses hautes travées.
Kellermann portait la corbeille, Pérignon le sceptre, le maréchal Lefebvre la grande épée de Charlemagne, Eugène Beauharnais
l’anneau de l’Empereur, Serrurier l’anneau de l’impératrice, Murat la couronne, Berthier le globe, Bernadette le collier d’or de
la Légion-d’IIonneur, Moncey la corbeille où l’on devait déposer le manteau du sacre.
L’Empereur tenait en main le sceptre et la main de justice. Au moment où il parut dans le saint temple, où l’attendaient le
pape et les cardinaux, soixante évêques de l’Empire, le Sénat, le Corps Législatif, le Tribunat, les ambassadeurs, le Conseil d’État,
les députations des départements et des armées de terre et de mer, un immense cri de vive F Empereur ! parti des rangs du peuple
et auquel cent mille voix répondaient au dehors, monta vers le ciel comme une acclamation et comme une prière. En ce moment
le pape quitta son prie-Dieu et se dirigea vers l’autel, où il entonna le Veni, Creator. L’Empereur et l’impératrice s’agenouillèrent,
et la cérémonie commença.
On avait déposé sur l’autel la couronne, le sceptre, l’épée et le manteau. Le pape fit sur le front de l’Empereur, sur ses bras,
■>
sur ses mains les onctions accoutumées; il bénit le sceptre et l’épée. A toutes les oraisons du sacre, l’Empereur répondit selon

le rit catholique et d’une voix ferme. Lorsque le pape s’avança d’un pas grave pour placer la couronne sur la tête de Napoléon,
l’Empereur fit un geste brusque, et saisissant la couronne, il la mit lui-même sur son front. Ce mouvement inattendu et significatif
révéla au monde la pensée du nouveau César, qui semblait ne point vouloir tenir son autorité monarchique de la main de l’Église,
et ne relever que de son épée et de sa propre force. Le pape se résigna en souriant avec une paternelle bonté. Il conduisit ensuite
Napoléon sous le dais impérial, il l’embrassa et cria d’une voix faible : Vivat imper ator in œternum! Napoléon, la main étendue
sur les saints Evangiles, prêta le serment; alors les salves d’artillerie retentirent au dehors, dominant à peine les acclamations,
 
Annotationen