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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0181

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HISTOIRE.

PARIS MODERNE.

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et des rues populeuses, ils étaient en mesure d’improviser, en quelques heures et sur tous les points de Paris, des forteresses de
pavés et de poutres pour ainsi dire inexpugnables. Le 23 juin 1848, jour de sinistre souvenir, ils engagèrent de toutes parts
une lutte opiniâtre et sanglante. Sur la rive gauche, les insurgés, ayant leur quartier général au Panthéon, occupaient la rue
Saint-Jacques et les rues étroites qui avoisinent le pont Saint-Michel ; plus loin, ils s’étaient retranchés dans la rue Saint-Victor, sur
la place Maubert et aux abords du pont de l’Hôtel-Dieu. Sur la rive droite, ils avaient pour quartier général et pour retranchement
un nouvel hôpital alors en construction dans le faubourg Saint-Denis, au Clos Saint-Lazare; leurs colonnes se déployaient ensuite,
appuyées sur une forêt de barricades, depuis le faubourg Poissonnière jusqu’au faubourg du Temple, et sur les deux rives, les
deux corps d’armée manœuvraient de manière à se rapprocher de l’IIôtel-de-Ville et à s’en emparer. Vers la Bastille, une troisième
masse d’insurgés, ayant pour points d’appui de gigantesques barricades élevées aux abords du faubourg Saint-Antoine, se
déployait rapidement dans ce faubourg, puis dans la rue Saint-Antoine et jusqu’à l’église Saint-Gervais. Près dœ cet édifice, les
socialistes avaient construit une barricade formidable qui défendait la place Baudoyer. Dans ces vastes espaces, formant la moitié de
Paris, toutes les rues principales et les petites rues adjacentes étaient coupées par de nombreuses barricades, entre lesquelles
circulaient les insurgés au moyen d’un passage ménagé à l’extrémité de chacune. D’autre part, une multitude de petites bandes
armées, ayant chacune leur chef, combattaient sur une foule de points pour leur compte, tout en se rattachant de loin aux colonnes
principales.
La Commission exécutive, chargée du gouvernement de la France, se composait d’hommes d’Etat à paroles dorées, et n’entendait
rien à la guerre; dans ses rangs même on pouvait apercevoir un ou deux hommes secrètement désireux du triomphe des socialistes.
La France était perdue en de pareilles mains, mais le général Cavaignac, ministre de la guerre, avait pris des dispositions pour
soutenir le combat et mettre à couvert l’autorité des lois. Sous ses ordres agissaient les généraux Bedeau, Lamoricière et Damesne.
Le général Lamoricière dirigeait la défense dans les quartiers Saint-Denis et Saint-Martin; les généraux Bedeau et Damesne
agissaient simultanément par la place Cambrai et le pont Saint-Michel; blessé presque au début de la lutte, le général Bedeau fut
remplacé par le général Duvivier. Celui-ci entreprit de dégager l’IIôtel-de-Ville, de toutes parts assiégé et enveloppé par des
masses insurrectionnelles. Sur tous les points de Paris le retentissement de la fusillade et du canon apprit aux familles consternées
et aux représentants du peuple le commencement, la suite et les développements rapides dïine bataille dont la capitale était le
théâtre, et de laquelle dépendait le sort du pays. Cette immense collision dura trois jours. Des deux côtés on déploya un
acharnement et un courage dont le peuple français, sous tous les drapeaux, peut seul donner l’exemple. On disputa pied à pied
les rues, les carrefours, les maisons, les ponts susceptibles d’attaque ou de défense : de nombreux quartiers furent pris et repris.
Les insurgés avaient compté appeler à eux la garde nationale mobile, composée d’enfants de Paris, recrutée.en partie dans la
classe ouvrière, et dont le personnel avait autrefois figuré derrière les barricades. Cet espoir fut déçu. La garde mobile, après
quelque hésitation, se détermina à combattre franchement pour la cause de l’ordre et des lois. Elle déploya le plus admirable courage
à l’attaque du Panthéon et des positions voisines qui tombèrent en son pouvoir après de sanglants efforts, plusieurs fois renouvelés;
dans ces combats acharnés on essuya de douloureuses pertes, et entr’autres celle du général Damesne, qui fut blessé mortellement
en attaquant une barricade, au coin de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Le général deBréa le remplaça, et dégagea, par
plusieurs attaques successives, les principaux points du douzième arrondissement. Le 25 juin, à la tète de deux bataillons, il
remonta la rue Saint-Jacques et marcha sur la barrière de Fontainebleau, occupée par les insurgés. Là se trouvait une forte
barricade. Pour éviter l’effusion du sang, le brave général s’avança vers les rebelles, suivi d’un aide-de-camp, et se laissa tromper
par de fausses assurances pacifiques. Bientôt après, et par trahison, les factieux se jetèrent sur lui, l’accablèrent d’outrages et le
massacrèrent. Le colonel Thomas, apprenant la mort de son général, attaqua vigoureusement la barrière et s’en rendit maître,
après avoir dispersé ou passé à la baïonnette les insurgés. Quelques heures ne s’étaient point encore écoulées, et déjà les quartiers
Saint-Jacques et Mouffetard étaient au pouvoir de nos troupes, et l’insurrection y avait été éteinte dans des flots de sang. De
l’autre côté de la Seine, le général Lamoricière, grâce à de nombreux et intrépides efforts, avait enlevé aux factieux les hauteurs
des faubourgs Montmartre et Poissonnière, et les formidables barricades de la Chapelle; dès le 25 au soir, et pendant la nuit,
il avait fait des dispositions pour enlever le faubourg du Temple et opérer ensuite sur le flanc gauche du faubourg Saint-Antoine.
Le 26 au matin, après avoir canonné les premières barricades qui s’élevaient à l’entrée de celui-là, du côté du canal, il les fit
emporter à la baïonnette et s’avança jusqu’au delà de la barrière; de là il concentra ses forces sur le faubourg. Tandis que sur
les divers points de Paris s’engageaient ces déplorables luttes, dans le reste de la ville et dans tous les quartiers reconquis sur
l’émeute, des mesures étaient mises à exécution pour empêcher le retour du désordre. Chaque compagnie de la garde nationale
gardait ses propres rues, les maintenait en repos par de fréquentes patrouilles, et interdisait la circulation. En dehors des lieux
où l’on se battait encore, l’aspect de Paris était celui d’une ville immense dont la population aurait tout-à-coup disparu. Partout
régnait un silence morne, qui n’était interrompu que par le roulement sinistre de la fusillade et le retentissement du canon.
Partout on ne voyait apparaître que des citoyens en uniforme. De temps à autre, cependant, les régiments appelés du dehors,
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