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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0123

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HISTOIRE. - PARIS MODERNE.

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5 MAI 1789. — 20 SEPTEMBRE 1792.

jlf ous sortirions du cadre qui nous est imposé si nous entreprenions d’esquisser le récit de cette révolution de 1789

Or, on était en 1789; les trois ordres venaient d’élire les représentants de la France aux États généraux; une grande
effervescence se produisait dans les esprits, et les Parlements, à peine vainqueurs de la cour, ne tardèrent pas eux-mêmes à voir
avec terreur leur victoire. Restaient à détruire les abus que ces Parlements avaient respectés, à opérer les améliorations qu’ils
avaient condamnées, et autour d’eux les magistrats n’entendaient, dans les rues de Paris, que le bruit des émeutes et la lecture
de pamphlets anarchiques; la large route des révolutions était ouverte devant les pas de la multitude, et ils se reprochaient d’y
avoir passé les premiers? „ f- -

ASSEMBLÉE CONSTITUANTE. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

■ JM dont le souvenir remplit le monde : Paris en fut le foyer et le théâtre, mais elle se développa dans les provinces, elle
franchit les bornes du territoire français et promena ses insignes au milieu de tous les peuples. On comprendra que,
racontant les annales de Paris, nous ne mentionnerons ces grands événements que lorsqu’ils réagirent sur la condition de
cette capitale. Laissant donc de côté les agitations dont la Bretagne et le Dauphiné furent témoins, l’exil et le rappel des
Parlements, la grande assemblée de Vizille, nous constaterons que, même au début de la Révolution, on voyait déjà se produire
à Paris, par des manifestations brutales et sauvages, la question- du prolétariat et les haines sociales. Dans les journées des 27 et
28 avril 1789, eut lieu le pillage de la maison du fabricant Réveillon, homme probe et laborieux, d’abord simple ouvrier, et qui
s’était enrichi par son travail. Bien qu’il se montrât charitable envers les pauvres, les agitateurs du faubourg Saint-Antoine lui
reprochaient stupidement d’être cause du renchérissement des denrées et delà baisse des salaires. Sa demeure fut pillée et incendiée,
et on ne parvint à arrêter le désordre qu’en faisant feu sur les brigands, dans lesquels la cour ne voulut voir, à tort ou à raison,
que les agents secrets ou les instruments de Philippe-Joseph, duc d’Orléans, à qui elle imputait de convoiter le trône et de se faire
une arme de la corruption et du crime. La Révolution avait déployé son drapeau: à Paris, elle se manifestait par l’émeute et le
massacre; à Versailles, elle se déployait avec des formes légales et préludait à l’établissement des institutions nouvelles, par le
serment du Jeu de Paume et la fusion définitive des trois ordres en un seul corps, qui fut l’Assemblée Nationale Constituante.
A Paris, le départ du ministre Necker fut le signal de troubles nouveaux; le dimanche 12 juillet, éclata une insurrection
dans le jardin du Palais-Royal, et la foule, substituant la cocarde verte (des feuilles d’arbres) à la cocarde blanche, promena
pendant deux jours dans les rues les images de ses idoles, c’est-à-dire deux bustes de cire, représentant le duc d’Orléans et
Necker. Un moment dispersés par le prince de Lambesc, vers le Pont-Tournant, les insurgés reparurent en forces, s’armèrent
de fusils et de piques, instituèrent la garde nationale, et adoptèrent définitivement pour couleurs nationales le rouge et le bleu,


couleurs de l’écusson de Paris, auxquelles on adjoignit le blanc, couleur du roi et de l’armée. Dans la nuit du 13 au 14 juillet,
tout fut disposé en vue d’une tentative contre la Bastille.
Cette forteresse, construite sous les Valois, se composait d’un énorme faisceau.de huit tours, reliées entr’elles par de hautes et
larges murailles; mais une longue paix avait dégarni ses remparts, et sa garnison se composait à peine de cent quatorze soldats,
tant Suisses qu’invalides. A la suite de quelques pourparlers, on échangea des coups de fusil, et trois compagnies des gardes
françaises, accourant avec du canon, vinrent seconder les insurgés. Le combat dura cinq heures et ne fut pas très-sanglant. A
la fin, la garnison consentit à capituler, stipulant qu’elle aurait la vie sauve; on abaissa le pont-levis, et la multitude, se ruant
par la porte, inonda en un instant les cours, les corridors et les toits de la forteresse. La. capitulation fut méconnue par les
vainqueurs. Plusieurs officiers, qui. s’étaient rendus, furent pendus et mis en pièces, et le gouverneur, M. de Launay, fut du
nombre des victimes. La prise de la Bastille fut le point de départ de l’ère nouvelle. Comme action militaire, cet événement fut
médiocre; au point de vue politique, il eut les conséquences d’un principe : la Bastille représentait une idée, celle de la monarchie
absolue, et cette idée fut vaincue le 14- juillet 1789.
A dater de cette heure décisive, les scènes de mort se succèdent; le peuple, devenu maître de la situation, se venge à sa
manière de plusieurs siècles d’inégalité et de souffrances. Un levain de ressentiments implacables fermentait dans les dernières
couches de la société, et la multitude ignorante et passionnée prenait, la torche à la main, possession du-pouvoir. Les horreurs
de la disette surexcitaient d’ailleurs la frénésie de meurtre et de pillage qui s’était emparée des esprits. Parmi les premières
victimes, on vit figurer MM. Foulon et Berthier de Sauvigny, qui, naguère, avaient honorablement rempli de hautes fonctions.
Une panique bien naturelle avait saisi les agriculteurs et les marchands de grains ; les convois de blés étant parfois interceptés et
pillés, les expéditions devenaient de plus en plus rares, et le peuple de Paris, furieux contre les prétendus aristocrates auxquels
il attribuait ses souffrances, se pressait à la porte des boulangers, attendant, au bruit des imprécations et des menaces, la vente

2”* P. — P. M.

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