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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0135

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HISTOIRE. - PARIS MODERNE.

allait danser aux bals de Suresne, de l’hôtel Richelieu, de Wentzel, de Travers, de la rue de Paradis. Les femmes se rendaient
là sans bas et sans souliers; elles n’étaient chaussées que du cothurne grec ou d’une simple-sandale attachée par des rubans.
Elles portaient des anneaux aux jambes, des bagues aux orteils, et affichaient des mœurs dignes de leur costume. Enfin, pour
compléter le tableau, les maisons de jeu demeuraient ouvertes jour et nuit.
Voilà où en étaient Paris et son peuple, lorsque Bonaparte, après avoir accompli les campagnes homériques d’Egypte et de
Syrie, reparut en France, et fort de la mission que lui imposait le vœu unanime de la France, termina, par le coup d’État du
18 brumaire, les hideuses saturnales de l’anarchie et l’impuissance politique du Directoire. Dès ce moment, s’ouvrit pour la
France un ordre nouveau.

PARIS SOUS LE CONSULAT.


1799-1804.


^e«général Bonaparte, élevé à la dignité consulaire, présida à l’établissement d’une nouvelle constitution qui porta
dila date de l’an VIII. Cette loi fondamentale établissait un pouvoir exécutif composé d’un premier consul, élu pour
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4e dix ans, et qui concentrait en ses mains l’exercice réel de l’autorité, les deux autres consuls n’étant que de simples

dix ans, et qui concentrait en ses mains l’exercice réel de l’autorité, les deux autres consuls n’étant que de simples
: fonctionnaires sans influence, élus seulement pour cinq ans. Au-dessous d’eux se trouvaient un Sénat, dont les membres étaient
mimés à vie par le premier Consul, et un Corps Législatif, composé par système de candidature. D’après ce mode, les
électeurs nommaient trois candidats parmi lesquels le pouvoir choisissait un député. En dehors du Corps Législatif, il existait une
autre assemblée qu’on appelait Tribunal; mais elle fut supprimée plus tard. Les séances du Sénat et celles du Corps Législatif
n’étaient point publiques, et les députés n’avaient d’autres droits que d’approuver ou de rejeter les propositions du Gouvernement,
sans pouvoir ni les discuter, ni les amender, ni faire connaître leurs opinions. La presse et les théâtres étaient soumis à la censure.
Dans ce régime le fait qui dominait surtout, était celui de la centralisation; il n’était pas une seule affaire, même dans les communes
les plus éloignées de Paris, qui pût être terminée sans l’assentiment du Gouvernement : le maire consultait le sous-préfet, le
sous-préfet en référait au préfet, et celui-ci au premier Consul. Bonaparte tenait donc dans sa main tous les ressorts de la France.
L’un des premiers soins du nouveau Consul fut de supprimer l’horrible fête du 21 janvier, instituée par la Convention, pour
célébrer l’anniversaire de la mort de Louis XVI. Bonaparte se rendit ensuite dans les prisons de Paris; et, en entrant dans celle du
Temple, il mit en liberté les otages, sortes de victimes politiques que le Directoire y avait enfermées. Pour consoler les Républicains
de ces innovations, il fit, en grande pompe, installer aux Tuileries le buste de Junius Brutus. Il ordonna ensuite que, pendant
dix jours, tous les drapeaux de la République resteraient voilés de crêpes noirs, en mémoire du célèbre Washington, dont on
venait d’apprendre la mort. Peu de jours après, suivi d’un grand cortège, et aux acclamations de la multitude, il alla habiter
l’ancien palais des rois. Sur la façade des Tuileries on lisait ces mots : « Le 10 août 1792, la royauté en France est abolie; —
elle ne se relèvera jamais ! » Elle était déjà relevée.
Le pays était las des théories démocratiques et courait au-devant des volontés du pouvoir. Douze ans de convulsions violentes
lui avaient fait regarder l’ordre comme le premier des besoins. Aucune voix ne s’élevait pour protester contre les intentions du
premier Consul; tous les bras se résignaient à l’obéissance, tous les cœurs espéraient dans l’avenir.
Cependant les armées étrangères continuaient le cours de leurs succès en Allemagne et en Italie; elles étaient jalouses de la
gloire et de la prospérité inattendues de la France, et ce sentiment était bien naturel. La France n’était plus réduite aux limites
qui lui avaient été assignées sous Louis XIV : au Nord, elle s’étendait jusque sur le Rhin; au Sud, elle embrassait la Savoie et le
comté de Nice. C’étaient à peu près les limites de l’ancienne Gaule. Bonaparte, au retour du printemps, comprit la nécessité
d’écraser ses ennemis en Italie. Il rassemble une armée non loin de Genève, et franchit avec elle les glaces inaccessibles du
Saint-Bernard. De nombreuses troupes, un matériel immense, la cavalerie et l’artillerie ne furent retardés ni par les ravins ni
par les précipices. Pour traîner les canons, on les détacha de leurs affûts et on les coula dans des troncs d’arbres creusés; les
roues et les munitions de guerre furent transportées à force de bras. Ces immenses préparatifs eurent pour résultats les glorieux
triomphes de Montebello et de Marengo, et l’Italie fut de nouveau placée sous la main de la France.
La France était victorieuse sur le continent; l’Angleterre elle-même, après tant de luttes et de sacrifices, négociait pour obtenir
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la paix. Dans cette condition heureuse, et, malgré les complots qui rïienaçaient sa tête, Bonaparte prit en main d’une manière
vigoureuse les rênes du Gouvernement. Il regardait comme l’un des plus précieux droits de sa puissance, celui de rendre à la
France son culte aboli et ses autels trop longtemps profanés. Le pape Pie VI, vieillard vénérable, mort dans l’exil à Valence,
avait été remplacé par l’ancien évêque d’Imola, qui avait pris le nom de Pie VIL Bonaparte ouvrit des négociations avec le
Souverain Pontife, et Rome tressaillit de joie en entrevoyant l’heure où l’étendard de la Croix serait de nouveau arboré par la

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