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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0148

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PARIS DANS SA SPLENDEUR.

Grenoble, et s’y trouva à la tête d’une petite armée; le 10 mars, il occupa Lyon. Toutes les troupes envoyées pour le combattre
se rallièrent à lui et reprirent la cocarde tricolore, et Je 20 mars au matin, l’Empereur, en arrivant à Fontainebleau, prit la
résolution d’entrer le soir même à Paris. Jusqu’à ce jour, le gouvernement du roi avait essayé de donner le change à l’opinion
et de déterminer Paris à une vigoureuse résistance. Tantôt on invitait le peuple à s’armer et à courir sus à l’usurpateur, tantôt
on publiait que « Buonaparte » errait dans les montagnes, avec les débris de sa troupe, et que le maréchal Ney allait ramener
« le Corse » à Paris, clans une cage de fer. La réalité se chargeait de démentir ces nouvelles trompeuses, et le roi, malgré le
dévoùment d’un petit nombre d’amis fidèles, reconnaissait qu’il était désormais impossible d’arrêter le torrent. En cette extrémité
Louis XVIII se montra calme, et donna sur-le-champ à la cour l’ordre de le suivre à Lille. Les préparatifs du départ s’étaient faits
secrètement; à minuit, le 19 mars, les voitures de voyage furent introduites dans les cours des Tuileries. A cette vue les officiers
et les soldats de la garde nationale, qui étaient de service au château, se portèrent dans les garleries et sous les vestibules du
château pour recevoir les adieux du roi. Un silence morne régnait dans cette foule de courtisans dévoués ou de royalistes
éprouvés par de longs malheurs; des sanglots mal contenus oppressaient les poitrines. A la vue du roi tous les fronts s’inclinèrent.
Le monarque marchait avec peine, appuyé sur le bras du duc de Blacas, et entouré des princes. Son regard se promenait avec
une majesté triste sur les uniformes et sur la foule; il était silencieux et résigné. Le temps était affreux ; la pluie tombait à torrents,
le vent éteignait les torches, et ce fut sous ces lugubres auspices que la voiture du roi prit la route de Lille.
Le 20 mars, au lever du jour, il ne restait dans Paris, abandonné du roi et des princes, aucune autorité qui osât administrer
et donner des ordres au nom de Louis XVIII. M. Lavalette, directeur général des postes sous l’Empire, reprit ses fonctions, et
expédia un courrier à Fontainebleau pour annoncer à Napoléon le départ du roi. A dix heures du matin, des rassemblements se
formèrent sur le Carrousel et aux abords des Tuileries, en poussant le cri demue l’Empereur ! Vers midi, le général Excelmans
entra dans Paris à la tête de quelques troupes. A huit heures du soir, le bruit des chevaux de lanciers annonça le retour de
Napoléon. La foule des soldats et des citoyens était si compacte autour des Tuileries, que l’Empereur, pour pénétrer dans le palais,
dut être porté de bras en bras. Il semblait sourire, mais son âme s’ouvrait aux graves préoccupations de l’avenir.

PARIS DURANT LES CENT-JOURS. — NAPOLÉON Ie". — NAPOLÉON II.
MARS 1815 - JUILLET 1815.
apoléon reconstitua, le 21 mars, son ministère, et y fit entrer Carnot et Fouché; le premier effraya l’Europe,
l’autre parut à la France de sinistre augure. Le 22 mars, l’Empereur passa en revue les régiments qu’on avait
rassemblés à Paris pour lui disputer l’entrée de la capitale. La troupe et les spectateurs firent entendre de vives
lions. On admirait les vieux drapeaux troués de balles et usés à la guerre; le bataillon sacré de file d’Elbe qui, en
, avait fait plus de deux cent cinquante lieues, figurait dans cette cérémonie militaire, et la rehaussait de toute la
splendeur des souvenirs. Le général Cambronne remit les aigles à la garde impériale, et les troupes, exaltées par la présence de
Napoléon, jurèrent de faire triompher l’Empereur ou de mourir; elles devaient tenir leur serment. « Soldats, leur dit Napoléon,
je suis venu avec six cents hommes en France, parce que je comptais sur l’amour du peuple et sur le souvenir des vieux soldats.
Je n’ai pas été trompé dans mon attente. Je vous en remercie. La gloire de ce que nous venons de faire est toute au peuple et
à vous Le trône des Bourbons était illégitime, puisqu’il avait été relevé par des mains étrangères, puisqu’il avait été proscrit
par le vœu de la nation exprimé par nos assemblées nationales Soldats, le trône impérial peut seul garantir.les droits du
peuple, et surtout le premier de nos intérêts, notre gloire » De vives acclamations éclatèrent dans tous les rangs, et bientôt
après les troupes défilèrent devant l’Empereur au son de la musique des régiments qui jouait des airs révolutionnaires. Cependant
Louis XVIII avait franchi la frontière le 23 mars; le comte d’Artois et le duc de Berry l’avaient accompagné dans sa fuite : le
duc d’Orléans, qui déjà cherchait à se concilier une popularité dont il espérait plus tard se faire une arme, avait obtenu la
permission de se rendre en Angleterre, et Louis XVIII l’avait vu partir sans regret. M. le duc et Mmc la duchesse d’Angoulême
étaient seuls restés dans le Midi : la princesse, à Bordeaux, le prince dans les vallées de la Drôme et du Rhône, cherchant à y
maintenir l’autorité des Bourbons. Abandonnés de l’armée et réduits à céder aux circonstances, ils réussirent à s’embarquer pour
la terre d’exil, et le 16 avril, la France tout entière obéissait de nouveau à Napoléon.
Napoléon se fit remettre par le Conseil d’État, en audience solennelle, une déclaration qui le relevait de sa déchéance et
annulait son abdication. L’Empereur voulut se concilier une adhésion plus importante encore, celle de Benjamin Constant, l’un
des coryphées du parti constitutionnel, et qui, la veille de la révolution du 20 mars, avait publié un manifeste des plus ardents
contre le mouvement qui s’accomplissait. L’Empereur savait que Benjamin Constant était encore plus avide de renommée que tenace
 
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