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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0153

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HISTOIRE.

PARIS MODERNE.

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occupée et gardée par un factionnaire. Jusqu’au mois de novembre la situation alla en s’aggravant. Les différentes nations de
l’Europe faisaient marcher leurs troupes sur la France, et continuaient en pleine paix l’occupation militaire du territoire. Dominé
par les circonstances et cédant aux entraînements des partis, le gouvernement de Louis XVIII publia des ordonnances, aux termes
desquelles se trouvait destituée, frappée, exilée ou livrée à la justice de guerre l’élite des personnages qui avaient favorisé
la révolution du 20 mars. Vers le même temps, les collèges électoraux, convoqués dans tout le royaume, nommèrent de nouveaux
députés et constituèrent cette chambre fameuse par l’exaltation de son royalisme, et que Louis XVIII qualifia lui-même de
l’épithète iï introuvable. La Restauration, à dire vrai, ne la retrouva point, à d’autres époques, lorsque surgirent de nouveaux
dangers. Sur ces entrefaites, on parlait de troubles et de massacres dans le Midi; la sang coulait à Marseille, à Avignon, à Nîmes,
à Toulouse, à Uzès, et le roi, réduit à l’impuissance, ne pouvait maintenir la sécurité ni faire respecter les lois.
Vint la période des exécutions. Le premier qui périt judiciairement fut le jeune et infortuné Labédoyère; après lui fut jugé et
condamné le maréchal Ney, prince de la Moskowa : le 7 décembre, cet homme illustre subit le dernier supplice dans l’avenue de
l’Observatoire, à la place même où s’élève aujourd’hui sa statue. D’autres grandes victimes tombèrent encore; mais ce livre n’est
{
point destiné à servir d’archives aux passions politiques, et nous jetterons le voile sur les corps de ceux qui moururent, condamnés
par les conseils de guerre et au nom des lois. L’influence de l’étranger victorieux pesait sur les ministres du roi, sur les juges,
sur le monarque lui-même, et aucun intervalle ne fut donné à la clémence. Qu’il nous suffise de le déplorer. Notre tâche n’est
point de fouiller dans la cendre des morts et de remuer des haines assoupies. Nous n’eussions pas même prononcé le nom de ceux
qui périrent, si leur supplice ne se rattachait point directement aux annales de Paris. Ces annales, durant les trois premières
années de la Restauration, présentèrent un caractère sombre et douloureux. La France, ruinée par les guerres et les invasions,
eut à subir des intempéries, et la récolte de 4 816 ayant manqué, deux années se passèrent durant lesquelles le peuple souffrit
de la disette la plus dure. Vainement le roi et son gouvernement donnèrent-ils l’exemple des sacrifices, les misères de la population
furent grandes et répandirent dans tous les cœurs une profonde affliction. La présence des armées étrangères qu’il fallait loger
et nourrir, ajouta un fléau de plus à toutes les calamités qui pesaient sur Paris. Disons encore qu’au milieu des souffrances
qu’imposaient au peuple les conséquences de la guerre, la cherté du pain, les intempéries, le manque de travail, on voyait se
produire des manifestations violentes de l’esprit de parti. Il y avait des conspirations et des duels ; le sang coulait sans utilité et
sans gloire; les actes du Gouvernement étaient systématiquement dénaturés et attaqués; les classes riches étaient en butte aux
invectives des classes pauvres; la religion, dont les chefs du pouvoir voulaient maladroitement se faire un moyen de gouvernement,
était rendue responsable des fautes d’un parti et de l’impopularité du prince. Situation grave et difficile qui, dès l’origine de la
Restauration, faisait pressentir son peu de durée.
Durant cette épreuve, on procéda au recensement de Paris, et la population totale fut évaluée à 714,396 habitants; sur ce
nombre, on constata que le chiffre des indigents secourus par la charité officielle dépassait celui de 103,360 personnes. Vers le
même temps on comptait à Paris 692 hôtels garnis, 18 petits spectacles, 28 bals, 6 jardins où se donnaient des fêtes, 9 concerts,
60 séances musicales, 13 cafés à soirées amusantes, 38 curiosités, 304 cafés, 116 restaurants, 132 bureaux de loterie et
9 maisons de jeux. Le nombre des voitures de toutes classes, qui circulaient dans les rues de la capitale, était de 13,048. Ces
chiffres, qu’on pourra rapprocher des chiffres actuels, auront une grande valeur, en ce qu’ils permettront d’apprécier avec
exactitude l’immense développement de la prospérité et de la fortune publique, à Paris, depuis quarante ans.
L’année 1818 s’ouvrit sous de favorables auspices; la récolte avait été heureuse; on négociait avec les puissances étrangères
le départ des armées d’occupation; depuis le 3 septembre 1816, le Gouvernement était entré dans une voie de modération que
l’on commençait à apprécier, et dont on ressentait les effets favorables; le 30 décembre 1817, le roi s’était entouré de ministres
choisis dans les rangs de l’opinion constitutionnelle, et leur présence au pouvoir mettait fin à la politique de réaction. — Le 6 janvier,
il y eut au Louvre grande exposition des produits de manufactures royales, et dès ce moment on put se féliciter des progrès
qu’osait tenter l’industrie, paralysée depuis plusieurs années par les inquiétudes de la guerre et les misères du pays. — Vers le
même temps les bals de l’Opéra attirèrent comme autrefois une grande affluence, et ce déploiement du luxe fit espérer du travail
et des salaires aux classes ouvrières. — Le 20 mars 1818, le théâtre de l’Odéon fut consumé par les flammes, et, en deux
heures, malgré la promptitude et l’abondance des secours, on vit s’écrouler le comble de l’édifice. — Le 13 mai mourut, à
l’âge de quatre-vingt-deux ans, le prince de Condé dont, à une autre époque, on avait remarqué les vertus et le courage; le 26,
il fut inhumé en grande pompe à Saint-Denis, et son oraison funèbre, prononcée par l’abbé Frayssinous, révéla dans cet
orateur l’intention d’associer et d’honorer toutes les gloires de l’armée française.
Le 23 août de la même année, eut lieu l’imposante cérémonie du rétablissement de la statue de Henri IV. Ce jour-là, le roi
Louis XVIII sortit en calèche du château des Tuileries, pour passer en revue la garde nationale, la garde royale et les corps
militaires formant la garnison de Paris. Cette revue eut lieu sur les boulevards du Nord. Dans la voiture du roi on remarquait
LL. AA. RR. les duchesses d’Angoulême et de Berry. Les princes du sang escortaient à cheval la calèche. Vers deux heures

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