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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0156

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PARIS DANS SA SPLENDEUR.

un enthousiasme royaliste, habilement dirigé par M. de Villèle, plus l’opinion publique se laissait aller, au dehors, aux entraînements
de la liberté et aux emportements de l’esprit de parti. La scission entre le roi et le peuple devenait de jour en jour plus profonde
et plus grave; mais il ne fut point réservé au roi Louis XVIII d’en voir le dénoûment. Au mois de septembre 4 824 , ce prince
depuis longtemps obèse et valétudinaire, et dont l’âme avait seule conservé un reste d’énergie, vit ses infirmités prendre un
caractère alarmant; le 14 septembre, dans un dernier entretien qu’il eut avec M. le comte d’Artois, il dit à ce prince : « J’ai
louvoyé entre les partis, comme Henri IV, et j’ai par-dessus lui que je meurs dans mon lit. » Peu de temps après il fit approcher
de lui le jeune duc de Bordeaux pour le bénir : « Que Charles X ménage la couronne de cet enfant, » dit-il d’une voix éteinte.
Le 16 septembre, vers quatre heures du matin, il expira, et fut inhumé en grande pompe à Saint-Denis. Pendant cinq jours le
peuple de Paris fut admis à circuler dans le palais des Tuileries, et à passer devant le cercueil du roi défunt. Le 23 septembre,
jour des funérailles, on fit revivre pour cette cérémonie tous les usages anciens de la monarchie française. Cinq cent mille
spectateurs se trouvèrent sur le passage du cortège, qui se mit en marche au bruit du canon des Invalides, du bourdon de
Notre-Dame et de toutes les cloches; les rues étaient tendues de drap noir, les insignes royaux étaient déposés sur le cercueil.
Mais le clergé de Paris ne figurait pas à cette pompe funèbre, et le bruit courut que la mort de Louis XVIII n’avait pas été digne
d’un roi très-chrétien.

RÉGNE DE CHARLES X.

1824-1830.

h Arles X était âgé de soixante-six ans. Son passé ne pouvait rassurer les partisans des principes de 1789;
il était bon, gracieux, doué des dons aimables de l’esprit, mais il manquait de cette haute capacité politique qui
permet aux princes de se rendre compte des obstacles et de les surmonter. Sa religion était sincère, touchante
et peu éclairée. On eût dit le dernier roi de la famille des Stuarts. C’est par de tels princes que Dieu fait gouverner les
peuples lorsqu’ils ont à traverser de nouvelles révolutions.
Pour le moment l’espérance semblait renaître; le roi fit son entrée à Paris, le 27 septembre, par la barrière de l’Étoile. Le
préfet de la Seine, à la tête du corps municipal, lui ayant présenté les clefs de Paris, Charles X répondit d’une voix affable:
« Je vous laisse en dépôt ces clefs, parce que je ne puis les remettre en des mains plus fidèles; gardez-les, Messieurs, gardez-les!
C’est avec un sentiment profond de douleur et de joie que j’entre dans ces murs, au milieu de mon bon peuple; je veux employer
jusqu’au dernier de mes jours pour assurer et consolider son bonheur. » Comme les lanciers qui précédaient le roi écartaient la
foule avec leurs lances, Charles X s’en étant aperçu, poussa son cheval jusqu’à eux et leur dit : « Mes amis, point de hallebardes! »
mot qui plut au peuple. Dés la veille, une ordonnance du roi avait aboli la censure. L’avénement de Charles X fut considéré
de part et d’autre comme une ère de réconciliation; mais les principes étaient en lutte, et la guerre acharnée que se livraient
entr’elles la politique du passé et la politique de l’avenir ne pouvait être longtemps suspendue. Le Gouvernement était engagé,
contre les lois et les droits nés de la Révolution, dans un système de réaction énergique que Charles X continua d’autant plus,
qu’étant encore prince du sang, il était entré pour beaucoup dans ce conflit, et en avait bien souvent pris l’initiative. Chaque
session vit le ministère présenter aux Chambres des lois destinées, les unes à restreindre les concessions libérales faites par la
Charte, les autres, à restaurer peu à peu l’édifice monarchique, à entourer la religion de nouvelles garanties administratives, et
ces différentes tentatives, accueillies avec empressement par la majorité élective, discutées et marchandées par la Chambre des
Pairs, dénaturées ou combattues avec violence par la presse libérale, ne firent que multiplier les ferments d’agitation et de haine
et rendre de plus en plus impossible le maintien de la branche aînée. Nous nous bornons à indiquer cette situation, sans en
décrire les différentes phases. Nous sortirions du cadre qui nous est tracé, et d’ailleurs, ceux qui, de nos jours, ont l’âge d’homme,
ont été témoins de ces luttes et ont pu s’en faire une juste idée.
Le 29 novembre 1826 eurent lieu les funérailles du général Foy, l’un des chefs les plus éloquents et les plus accrédités du
parti constitutionnel. Ce jour-là, Paris fut témoin d’une démonstration populaire dont les annales du passé n’avaient point transmis
le souvenir, si l’on en excepte les obsèques de Mirabeau. A chaque pas la capitale étalait des emblèmes de deuil; les boutiques se
fermaient sur les boulevards et dans les quartiers que traversait le convoi; le cercueil était porté à bras, et sur la fosse, Casimir
Périer, après une harangue digne de l’illustre mort, fit décréter par la foule que la France adoptait les enfants du général Foy. Le
lendemain recommencèrent avec plus d’âpreté que jamais les luttes politiques. Elles remplirent les annales de 1826 et ne laissèrent
place à aucune autre préoccupation. L’année 1827 s’ouvrit sous de semblables auspices. Le différend suscité entre le Gouvernement
et le pays s’aggravait de plus en plus, par suite de la violence des partis et du pouvoir. Chaque question servait de prétexte à une
agitation nouvelle; chaque incident était grossi, d’un côté, par la crainte, de l’autre, par la haine. Le 30 mars, à l’occasion des
 
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