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Babelon, Ernest [Hrsg.]
Le cabinet des antiques a la Bibliothèque Nationale: choix des principaux monuments de l'antiquité, du Moyen-Age & de la Renaissance conservés au département des médailles et antiques de la bibliothèque Nationale (Text) — Paris, 1887

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https://doi.org/10.11588/diglit.4845#0006
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II

Renaissance est sans rivale et illustrée par des chefs-d'œuvre de glyptique que les cabinets de Naples, de Florence, de
Pétersbourg, de Londres ou même de Vienne sont bien loin d'égaler. On chercherait en vain, ailleurs, une aussi belle
réunion de diptyques consulaires, de cachets d'oculistes gallo-romains et de vases antiques en argent ; la série des
statuettes de bronze est de premier ordre, et les vases peints, moins nombreux, il est vrai, qu'au Louvre et dans d'autres
musées, constituent cependant, par leur heureux choix, une des plus intéressantes collections qui existent. Il nous a
paru utile de retracer ici, en quelques pages, ïhistoire de ce Cabinet de médailles et d'antiquités, l'un des premiers
établissements scientifiques du monde, de raconter comment il s'est formé et développé, de rappeler les nobles souvenirs
qui s'y rattachent et les noms des hommes de science et de goût qui en ont facilité l'extension et accru les richesses.

Ce serait remonter trop loin, sans doute, que de rechercher dans les trésors des princes ou des églises du Moyen-
Age les origines du Cabinet des Médailles. Il n'y avait point alors de collections d'objets anciens formées, comme
nos musées, au point de vue de l'intérêt rétrospectif de l'art et de l'histoire. Loin de nous de supposer, par exemple,
que la collection de gemmes et joyaux de Philippe-Auguste, dont le catalogue nous a été conservé ', ou que les bijoux,
vases et pierres gravées du mobilier de Jean le Bon et de Charles V, soient l'origine directe de ce Cabinet d'antiquités
que, dans les derniers temps de l'ancienne monarchie, les rois de France avaient installé clans leur palais pour leur
instruction ou pour se procurer d'agréables distractions artistiques, à la manière des amateurs de nos jours. Cependant
les sacristies des églises et les garde-meubles des palais n étaient-Us pas les musées du moyen-âge ? N'est-ce pas là
qu'ont été recueillies les épaves échappées au naufrage de l'antiquité, et que nous retrouvons ces onyx multicolores, ces
rubis, ces topazes, ces améthystes qui font aujourd'hui la gloire de nos vitrines de gemmes antiques ? Le Moyen-Age
se sert des dépouilles des Romains et des Grecs pour rehausser la magnificence du culte chrétien, et pour donner plus
de prix et plus d'éclat aux produits de l'orfèvrerie et de l'èmaïlleric contemporaines. Les reliquaires, les croix, les
vases sacrés, les meubles de luxe, les coffrets, les couvertures de manuscrits précieux sont incrustés de camées et d'intailles.
On va jusqu'à employer au service des autels des vases et des ustensiles couverts des emblèmes de la mythologie
gréco-romaine, et les rituels des églises contiennent des oraisons particulières pour purifier les vases païens qu'on veut
remettre en usage, vascula arte fabricata gentilium \ Au lieu d'être un prétexte à la destruction des œuvres de la
glyptique et de l'orfèvrerie antiques, la piété ardente de nos pères fut, contre le vandalisme, une garantie bien autrement
efficace que les raisonnements scientifiques d'époques plus éclairées. Seulement, elle dénatura le sens archéologique des
monuments et elle chercha à leur appliquer une interprétation de fantaisie qui répondît à ses aspirations chrétiennes.
Chaque objet d'art ancien devint une relique de l'Ancien ou du Nouveau Testament ; les scènes les plus faciles à
expliquer, les tableaux les plus réalistes même trouvèrent leur commentaire dans les Livres Saints.

C'est ainsi que les plus illustres des gemmes du Cabinet des Médailles furent vénérées comme de pieuses reliques,
et les inventaires des trésors de Saint-Denis, de la Sainte-Chapelle et de la cathédrale de Chartres, par exemple, leur

i. Archives nationales, //. 2B, f« 3, r°.

2. Rituel de Rouen : Oratio super vasa in loco antiquo reperta, dans Le Prévost, Mémoire sur la collection de vases antiques trouvés à Berthouville, p. 2.
 
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