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I

28 LE LOUVRE.

On travailloit à son exécution, et déjà non-seulement les fondemens de
la principale façade du Louvre étoient jetés, mais une partie de cette
façade s'élevoit de huit à dix pieds au-dessus du sol, lorsque Colbert
fut nommé Surintendant des Bâtimens du Roi. 11 arriva à cette place?
en 1664? avec la ferme intention de la rendre une des plus importantes
du Gouvernement. Son prédécesseur Ratabon n'avoit pas su, ou voulu lui
donner aucun éclat. « Il n'y avoit rien (ftr^rand ni de magnifique, dit
» Perrault*, que Colbert ne se proposât d'exécuter ». Non-seulement il
résolut d'achever le Louvre, entreprise tant de fois commencée et toujours
laissée imparfaite 3 mais il se promit de faire élever de grands monumens
à la gloire du Roi (car on ne vojoit alors qu'un homme dans la nation),
tels que des arcs de triomphe, des obélisques, des pyramides, des mauso-
lées, etc. Lorsque de pareils personnages parviennent, dans un Etat, à la
tête des affaires, tout prend une nouvelle vie, tout se perfectionne. C'est
ce qui arriva. Le règne de Louis xiv doit une grande partie de son éclat
à l'enthousiasme de Colbert pour les arts.

Le dessin de l'architecte Le Vau n'eut point l'approbation de Colbert.
Il trouva le projet mesquin, rétréci : il ne pouvoit satisfaire en rien ses
idées de grandeur et de magnificence. Cependant, ce prudent administra-
teur ne voulut point y renoncer sans avoir bien réfléchi, comparé3 et pour
la première fois s'établit un véritable concours pour l'élévation d'un monu-
ment public.

Le modèle en bois du projet de Le Vau fut exposé en public3 et les
architectes furent invités à en dire leur avis, et même à en exposer d'autres.
Il parut plusieurs mémoires contre ce projet3 personne ne chercha à le
défendre : ce qui ne doit pas étonner, puisque tout le monde savoit que le
Surintendant ne l'approùvoit pas. Dans ce concours, on vit paroître un assez
grand nombre de projets, qui tous avoient été conçus par les plus fameux
architectes. Mais on en remarqua un dont personne ne connoissoit l'auteur,
et qui, comme l'assure Perrault, fut généralement trouvé beau et magni-
fique. Il étoit de Claude Perrault, médecin. C'est, à quelques change-
mens près, celui qui long-temps après a été exécuté. On n'a peut-être
point fait assez attention à ce que dit Charles Perrault, dans ses Mémoires
au sujet de ce projet de son frère : «La pensée du péristyle, dit-il, est de
» moi3 et l'ayant communiquée à mon frère, il l'approuva et la mit dans
» son dessin, mais en l'embellissant infiniment ». Il s'ensuit de là qu'il ne
faut pas attribuer au médecin seul toute la gloire d'être l'auteur de la
célèbre façade du Louvre \ que son frère le bel-esprit a le droit d'en reven-
diquer une part.

Malgré l'approbation presque unanime qu'avoit reçue le projet de Claude
Perrault, Colbert ne voulut point prendre sur lui d'en ordonner l'exécu-

* Mémoires de Charles Perrault, liv. î, pag. 5o.
 
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