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RELIGIEUSES DES JUIFS.
Principii délia fede , con accidentai differenza trà loro, che quelle rimanejfero serme ancûrà
né* libri , e quefte folamente ne' cuori. Cette expression est entièrement semblable à celle
dont les Juifs se servent, lorsqu'ils parlent de leurs Traditions ; & comme Tertullien disoit
autrefois, qu'il n'y avoit que l'Eglise qui possédoit véritablement l'Ecriture Sainte, Scriptura
Sacra Ecclefta Catholicœ pojfejfio eft propria , les Juifs disent de la même manière, qu'il n'y
a que la Synagogue qui la posséde , ôc que les autres Nations n'en ont que les caractères,
& non pas l'esprit.
Mais à dire le vrai, .le nombre des Traditions est aujourd'hui si grand parmi les Juiss ,
que toute la vie de Moïse n'auroit pas sufE pour les recevoir de Dieu sur la montagne de
Sinaï, où ils supposent qu'il les reçut pendant l'espace des quarante jours qu'il demeura
sur cette Montagne ; ce qui n'est pas tant un défaut delà Tradition considérée en elle-
même , que des hommes qui en ont été les dépositaires. Ainsi il ne faut pas toujours ajou-
ter foi à ce grand axiome des Juifs , Halakah le Mofie mi Sinaï : c'efi une décision que Moïfe
a reçue fur la montagne de Sinaï ; non plus qu'à cet autre principe de nos Théologiens , cela
eft de Tradition Apoftolique} puisqu'il est certain que l'un ôc l'autre ne sont pas infaillibles, ÔC
que dès les premiers siécles du Christianisme il s'est trouvé de sçavans Hommes, qui ont
donné le nom de Tradition Apostolique à des sentimens qui leur étoient singuliers, Ôc qui
n'étoient pas même orthodoxes. Lorsque les Juifs prouveront qu'une chose a été crue de
tout tems parmi eux, ôc principalement depuis Moïse, on ne pourra pas douter de la vé-
rité de cette Tradition, (a) Vincent de Lerins a preserit cette même régie aux Catholi-
ques , ausquels il propose de croire ce qui a été crû en tous lieux , de tout tems, ôc de tout
le monde : Idteneamus quod ubique, quod femper, quod ab omnibus creditum eft. Aussi les
Pères du Concile de Trente ne nous ont-ils donne pour véritables Traditions, que celles
qui ont été reçues immédiatement de Notre Seigneur par les Apôtres, (b) ou des Apôtres
mêmes ausquels le S. Esprit les avoit révélées, ôc qui ensuite sont venues sans interruption
jusqu'à nous.
Au reste, quoique les Juifs aient un zélé extraordinaire pour les Traditions qu'ils pré-
tendent avoir reçues de leurs Pères, ôc qu'ils les défendent opiniâtrement, jusqu'à croire
qu'ils peuvent tuer ceux qui s'y opposent , ils n'ont cependant jamais pu convenir entre
eux des Auteurs de qui ils les ont reçues ; comme il est aisé de le prouver, en conférant
ensemble les Livres qui en ont traité , par exemple les Commentaires qui ont été faits sur
le Traité, qui a pour titre (c) Pirke avoth, les Chapitres des Pères. Isaac Abrabanel a fait tout
son possîble, pour justisier cette prétendue Tradition non interrompue : mais il ne peut nas
y trouver assez de iiaisons. Il dispute contre R. Moïse qui a écrit ausfi sur le même sujet,
touchant ceux qu'on doit joindre ensemble. R. Joseph Hajon , R. David Ganz , l'Auteur
du Juhasin, ou Livre des Familles, ôc les autres Juifs qui ont traité la même question , ne
sont pas aussi d'accord entr'eux : de sorte que la plupart, pour autoriser davantage la liai -
son des Auteurs de leurs Traditions, sont obligés de saire vivre leurs Docteurs pendant plu-
sieurs siécles, afin de coudre mieux ensemble les parties interrompues. Les Juiss ont eu
cet avantage par-dessus les autres Nations, même par-dessus les Grecs, qu'ils ont imposé
hardiment à tout le monde, ôc sans rien craindre. Leurs Livres sont remplis d'histoires
faites à plaisir ; ôc il est étonnant qu'il se trouve encore aujourd'hui des Chrétiens , qui
ajoutent foi à leurs rêveries, sur-tout quand ils parlent de leurs Traditions.
Ils demeurent néanmoins d'accord en général, que depuis Josué successeur de Moïse,
jusqu'à R. Juda surnommé le Saint} qui recueillit toutes les Traditions, ôc les mit le premier
par écrit, il y a premièrement eu une clasfe d'Anciens, qui reçurent d'abord de Josué l'In-
terprétation de la Loi ; puis à cette classe succéderent les Prophètes, dont Samuel a été
le premier ; ôc après les Prophètes suivit la grande Assemblée, ou Synagogue qui se tint
sous Esdras, ôc laquelle étoit aussi en partie composée de Prophètes, (d) R. Moïse de Cotfi
sçavant Juis, pour achever cette chaîne de Traditions, ôc pour montrer en même tems
qu'elle n'a point été interrompue pendant la captivité des Juifs en Babylone, produit cer-
tains Illustres de la Tribu de Juda ôc de Benjamin, qui furent menés captifs à Babylone ; ôc
il assure même que ces Illustres y établirent la célèbre Académie de Nahardea sur l'Éu-
phrate , laquelle y fut ensuite conservée, de même que la Tradition qui fut enseignée à
ceux qui retournèrent de Babylone à Jérusalem avec Zorobabel ôc Esdras, où l'on établit
aussi une Académie à l'imitation de celle de Babylone , qui ne laissa pas pour cela de sub-
sister, parce que tous les Juiss ne retournèrent pas à Jérusalem. Ensin cette Tradition fut
conservée depuis Esdras, qui étoit le Chef de l'Assemblée qu'on nomme ordinairement la
Grande , jusqu'au tems de ce R. Juda dont nous avons parlé, qui la recueillit vers la sin

{a ) Vincent. Lir. adv. Hasr. c. J.
<b) Concil. Trid. Seff. 4.
( c ) Abrav. en sa Pres. sur Isiahalot avoth.

( d ) R. Moïfe de Cotsi dans son grand Livre des Com-
mandemms de la Lot.
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