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RELIGIEUSES DES JUIFS. xop
rAssembléé, ôc il dit, en nommant celui à qui il parle, Dieu bénisseN. qui donnera tant
pour telle aumône. Comme cela se fait le jour du Sabbat, ôc que les Juiss ne touchent
point d'argent ce jour-là, chacun s'oblige de parole au Chantre de donner tant; ôc cette
promesse se nomme (a) Nedava. Elle est acquittée dans la semaine. Lorsque ces charités
sont recueillies, on les donne au pauvre à qui on les avoit deftinées.
V. Il y a ausli dans les grandes Villes diverses compagnies, qui exercent de grandes
charités, dont les unes ont soin des malades, les autres vont ensévelir les morts. On homme
ordinairement Ghemilud hajjadim la compagnie qui amasse les simples aumônes qu'on ap-
pelle (b) Zeàaca: celle qui racheté les captifs Pidion fiuvim : celle qui marie les filles Haf
Jibetuloth. Il y en a plusieurs autres, plus ou moins fortes, sélon la quantité des Juiss quise ren-
contrent dans chaque ville.
VI. Si un pauvre a une pressante nécessité qui excède les forces de ceux de la Ville où
il demeure, il s'adresfe aux principaux Rabbins, qui lui donnent un (c) Certificat signé de
leur main, contenant, Que le porteur tel, ejl homme de bien & de mérite, & quon supplié
chacun de PaJJïster. Avec ce billet, en tous les lieux où il y a des Juifs, que ce soit château,
métairie, ou quelque autre endroit, il y eft logé 6c nourri un jour ou deux ; & au sortir de
là, on lui donne encore quelquefois de l'argent. A chaque Ville où il paiTe il se sait donner
un nouveau Certisicat : ou il fait souscrire le premier , avec quoi il va à la Synagogue de la
part des Parnaffim, ou des Compagnies, ou de ceux qui sont en pouvoir de le permettre ;
ôc il reçoit l'assistance Ôc le secours dont il a besoin, de la saçon que je l'ai décrit plus
haut.
VII. De tous les endroits du monde où les Juiss se trouvent, ils envoient tous les ans des
aumônes à Jérusalem, pour l'entretien des pauvres qui demeurent là, ôc qui prient pour le
salut du commun. Ils envoient aussi quelque chose en d'autres endroits de la Judée, com-
me à Jaffé, à Tiberias, ôc en Hebron, où est le sépulcre des Patriarches Abraham, Isaac
ôc Jacob , ôc de leurs semmes.
VIII. Outre ces aumônes publiques , chacun en sait de particulières, quand ôt comme
il veut, ôc comme il le peut.
IX. Ils croient aussi que c'esl très-bien sait d'affilier, ôc de donner l'aumône à toute sorte
de misérables, quand même il ne seroit point Juis, ni de la Ville où ils demeurent ; par-
ce que cette action est une charité humaine, qui doit se répandre indisséremment sur tout
le monde. Ausli les Rabbins en sont-ils une très-expresse mention.
X. Par un même esfet de compaffîon, ils ne tourmentent ni ne maltraitent point les ani-
maux , ôc ils se gardent bien d'en saire mourir cruellement ; car ils les considérent comme
des créatures de Dieu, suivant les paroles du Pseaume 145. verf. <?. Et ses miféricor des font-
fur toutes fes œuvres.
Après ce que ce Rabbin nous apprend ici des aumônes des Juiss, il nous refte peu de
chose à en dire. Il eft certain que la charité de cette Nation eft très-grande, puifque Julien
XApofat la propofoit, aufli bien que celle des Chrétiens, en exemple aux Idolâtres, afin de
les obliger à ne laiffer aucun mendiant au milieu d'eux. Auffi eft-ce une maxime des ( d)
Thalmudiftes qu'on ne doit jamais renvoier le pauvre à vuide, quand même on ne lui
donneroit qu'un grain de bled. Ils obligent les moins charitables à paier la dixième partie
de leurs biens , ôc les autres à donner le cinquième denier, parce que cela eft commandé
par la Loi. Il ne fuffit pas de soulager la mifére préfente du pauvre : il saut V habiller con-
sormément à fa naijsance ; lui acheter un cheval & un Esclave, /*'/ en avoit un avant que de
tomber dans une fi trifte condition. Enfin ceux qui refufentles aumônes qu'on exige d'eux, font
châtiés par les Juges, comme ils l'étoient autrefois par le Sanhédrin, qui les saifoit souet-
ter jufqu a ce qu'ils eussent paie.
Du refte on attribue aux aumônes une grande essicace. On les appelle ordinairement,
comme nous venons de le voir , du nom de Juflice, Zeàaca; parce qu'on s'imagine qu'elles
juftifient devant Dieu. C'eft le sentiment des Pharifiens, que leurs Difciples qui ont tou-
jours fait, & qui font encore la plus grande partie de cette Nation, ont confervée. Les
Thalmudiftes difent aufli 1. Que Dieu garantit de tout mal celui qui donne l'aumône :
2. Que fa table eft un Autel, fur lequel fes péchés font expiés, comme ils l'étoient par les
anciens Sacrifices : 3. Qu'on obtient par là la vie de fes enfans, ÔC le fîécle avenir : 4. Qu'en-
fin celui qui donne un quadrain au pauvre, obtient la vifion bienheureufe de Dieu. On
ne peut donc douter , que les Juifs ne soient extrêmement charitables. On en a eu dans
.ce fiécle une preuve affez récente, dans la manière dont ils fecoururent leurs Frères

(a) Libéralité.
( b) Juflice. C'est ainsi que les Juiss appellent l'aumône,
conformément au Chapitre 6. de S. Matth. verf. i. nejufti-
tiam veftram faciatis coram kominibus.

( c ) Ces sortes de Lettres ont aussi été Iong-tems en
ufage parmi les Chrétiens.
( d) Thalmud. apud Seld. de jure Nat. Lib. vi. Cap. 6.
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