RELIGIEUSES DU JAPON. 55
CHAPITRE VII.
Religion de la Corée & de Jesïb.
LA Corée est une grande Péninsule qui s'avance en forme de Cap dans la Mer
Orientale, entre la Chine 8c le Japon. La Mer du Japon la baigne à l'Orient >
le Golfe de Leaotong la sépare des Provinces de Petchéli-, 8c de Chantong du côté de
l'Occident- Au Nort, elle confine avec le païs de Niut-chc. Elle a la grande Mer au
Midi 5 8c le fleuve Ta-lou qui la borne entre l'Occident Se le Nort, la sépare du Leao-
tong. Elle a d'Orient en Occident i zoo. lys, dont les trois font une lieue commune,
& 2 3 oo. du Septentrion au Midi. Le voisinage de ce païs, presque contigu au Japon,
nous oblige à joindre ici à ce que nous avons dit de la Religion & des Cérémonies
reçues dans ce vaste Empire , ce que l'on peut sçavoir sur le même sujet des-Peuples
qui habitent la Péninsule dont nous parlons. La carrière que nous fournirons" n'est
pas fort longue. En attendant qu'il nous à"rrive de nouvelles Relations de chez ces
deux Peuples, voici ce que nous en apprennent les vieux. Ainsi. s'exprime l'Auteur
«e la première édition de cet Ouvrage : mais comme depuis qu'il l'a donnée au Pu-
bhc j nous avons la belle Hijloire de la Chine du Pere du Halde, nous espérons que ce
que nous tirerons de cet Auteur, servira de Supplément à cet article , 8c contentera
les Lecteurs.
ia) " Les Corésiens , dit-on , n'ont presque point de Religion: on fait quelques
s» grimaces devant les Idoles, sans les révérer. En certains jours de Fête le Peuple
j>ie range dans une espéce de Temple,Se chacun allume un morceau de bois de sen-
3jteur,o^u'on met dans un vase, Se qu'on présente à une Idole, en lui faisant une pro-
fonde révérence 5 après quoi on se retire. „ Voilà leur Culte, dit l'Auteur dont nous
venons d'emprunter les paroles 5 Se c'en: tout le détail qu'on pouvoit attendre d'un
Matelot. " Pour la croiance, continue-t-il , les Corésiens sont persuadés que celui
3, qui fera bien, sera récompensé, & au contraire, celui qui fera mal, puni.,, Du reste
ils ignorent ce que c'est que controverses , disputes sur des mystéres, hérésies, excom-
munications. Ils croient tous la même chose. " Leurs Moines , ou leurs Bonzes,
« ( nous les appellerons de l'un Se de l'autre nom ) offrent deux fois le jour des par-
s, fums à leurs Idoles au bruit des tambours , des balïïns Se des chaudrons , dont
jj d'autres Moines sont armés. „
L'Ecrivain de cette Relation réfute lui-même ce qu'il avance , que les Coréens
n'ont presque point de Religion , puisqu'il dit ensuite que la Corée est pleine de
Temples Se de Cloîtres. S'il y a des Temples en grand nombre, il y a aussi nombre
de dévots. Pour les Cloîtres, cela ne prouve rien. Il pe.ut y avoir beaucoup de Reli-
gieux, sans qu'il y ait beaucoup de Religion. On nous pardonnera ce jeu de mots,
en faveur de la vérité. Le Pere Martini ( b ) mieux instruit , dit que les Corésiens ont
les mêmes cérémonies 8c la même Religion que les Chinois j qu'ils croient, comme
ceux-ci, la transmigration des ames, 8c qu'ils adorent généralement le Fo. Leurs
Cloîtres 8c leurs Pagodes sont ordinairement sur des montagnes, 8c sous la jurisdic-
tion de la Ville qui leur est voisine. " Il y a tel Monastére où l'on voit jusqu'à six-
» cens Moines , 8c telle Ville qui en compte dans son resTort jusqu'à quatre mille.
3> Us sont divisés par bandes de dix 8c vingt , quelquefois de trente. Le plus vieux
,, commande 5 & li quelqu'un manque à son devoir, le Chef le fait châtier par d'autres
„ Moines. Si FofFense eit grande, on livre le coupable au Gouverneur de la Ville,
„qui a jurisdiftion sur le Couvent. „
Si la Corée est pleine de Moines , c'est qu'il est permis à chacun de prendre PEtat
Monastique : mais il est permis aussi de le quitter quand on veut. Ces Moines sont
obligés de paier des taxes, 8c de fournir des ouvrages ausquels on les oblige. C'est
cela, dit-on , qui leur attire le mépris des Coréens, 8c qui fait qu'on ne les estime
guéres plus que des esclaves. « Il n'en est pas de même de leurs Supérieurs. Ils sont
« en grande estime, sur-tout quand ils sont sçavans j alors ils vont de pair avec les
(a) Description de la Cone dans le Tome IV. du j ( b ) Dans le Tome III. du Recueil de Voiages au
Recueil de Voiages au Nord. I Nord, édition de 171 5.
CHAPITRE VII.
Religion de la Corée & de Jesïb.
LA Corée est une grande Péninsule qui s'avance en forme de Cap dans la Mer
Orientale, entre la Chine 8c le Japon. La Mer du Japon la baigne à l'Orient >
le Golfe de Leaotong la sépare des Provinces de Petchéli-, 8c de Chantong du côté de
l'Occident- Au Nort, elle confine avec le païs de Niut-chc. Elle a la grande Mer au
Midi 5 8c le fleuve Ta-lou qui la borne entre l'Occident Se le Nort, la sépare du Leao-
tong. Elle a d'Orient en Occident i zoo. lys, dont les trois font une lieue commune,
& 2 3 oo. du Septentrion au Midi. Le voisinage de ce païs, presque contigu au Japon,
nous oblige à joindre ici à ce que nous avons dit de la Religion & des Cérémonies
reçues dans ce vaste Empire , ce que l'on peut sçavoir sur le même sujet des-Peuples
qui habitent la Péninsule dont nous parlons. La carrière que nous fournirons" n'est
pas fort longue. En attendant qu'il nous à"rrive de nouvelles Relations de chez ces
deux Peuples, voici ce que nous en apprennent les vieux. Ainsi. s'exprime l'Auteur
«e la première édition de cet Ouvrage : mais comme depuis qu'il l'a donnée au Pu-
bhc j nous avons la belle Hijloire de la Chine du Pere du Halde, nous espérons que ce
que nous tirerons de cet Auteur, servira de Supplément à cet article , 8c contentera
les Lecteurs.
ia) " Les Corésiens , dit-on , n'ont presque point de Religion: on fait quelques
s» grimaces devant les Idoles, sans les révérer. En certains jours de Fête le Peuple
j>ie range dans une espéce de Temple,Se chacun allume un morceau de bois de sen-
3jteur,o^u'on met dans un vase, Se qu'on présente à une Idole, en lui faisant une pro-
fonde révérence 5 après quoi on se retire. „ Voilà leur Culte, dit l'Auteur dont nous
venons d'emprunter les paroles 5 Se c'en: tout le détail qu'on pouvoit attendre d'un
Matelot. " Pour la croiance, continue-t-il , les Corésiens sont persuadés que celui
3, qui fera bien, sera récompensé, & au contraire, celui qui fera mal, puni.,, Du reste
ils ignorent ce que c'est que controverses , disputes sur des mystéres, hérésies, excom-
munications. Ils croient tous la même chose. " Leurs Moines , ou leurs Bonzes,
« ( nous les appellerons de l'un Se de l'autre nom ) offrent deux fois le jour des par-
s, fums à leurs Idoles au bruit des tambours , des balïïns Se des chaudrons , dont
jj d'autres Moines sont armés. „
L'Ecrivain de cette Relation réfute lui-même ce qu'il avance , que les Coréens
n'ont presque point de Religion , puisqu'il dit ensuite que la Corée est pleine de
Temples Se de Cloîtres. S'il y a des Temples en grand nombre, il y a aussi nombre
de dévots. Pour les Cloîtres, cela ne prouve rien. Il pe.ut y avoir beaucoup de Reli-
gieux, sans qu'il y ait beaucoup de Religion. On nous pardonnera ce jeu de mots,
en faveur de la vérité. Le Pere Martini ( b ) mieux instruit , dit que les Corésiens ont
les mêmes cérémonies 8c la même Religion que les Chinois j qu'ils croient, comme
ceux-ci, la transmigration des ames, 8c qu'ils adorent généralement le Fo. Leurs
Cloîtres 8c leurs Pagodes sont ordinairement sur des montagnes, 8c sous la jurisdic-
tion de la Ville qui leur est voisine. " Il y a tel Monastére où l'on voit jusqu'à six-
» cens Moines , 8c telle Ville qui en compte dans son resTort jusqu'à quatre mille.
3> Us sont divisés par bandes de dix 8c vingt , quelquefois de trente. Le plus vieux
,, commande 5 & li quelqu'un manque à son devoir, le Chef le fait châtier par d'autres
„ Moines. Si FofFense eit grande, on livre le coupable au Gouverneur de la Ville,
„qui a jurisdiftion sur le Couvent. „
Si la Corée est pleine de Moines , c'est qu'il est permis à chacun de prendre PEtat
Monastique : mais il est permis aussi de le quitter quand on veut. Ces Moines sont
obligés de paier des taxes, 8c de fournir des ouvrages ausquels on les oblige. C'est
cela, dit-on , qui leur attire le mépris des Coréens, 8c qui fait qu'on ne les estime
guéres plus que des esclaves. « Il n'en est pas de même de leurs Supérieurs. Ils sont
« en grande estime, sur-tout quand ils sont sçavans j alors ils vont de pair avec les
(a) Description de la Cone dans le Tome IV. du j ( b ) Dans le Tome III. du Recueil de Voiages au
Recueil de Voiages au Nord. I Nord, édition de 171 5.