LES POTERIES PEINTS DE l’AfRIQUE DU NORD
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malaxees. Ce berqa forme le fond. Puis on monte le vase avec des boudins tres gros
mais pas tres longs. On utilise aussi des berqa comme couvercle de I’akoufi et comme
plaque a ecraser les olives, mais jamais on ne 1’emploie pour servir de support aux poteries,
c’est-a-dire comme qaleb. Celui-ci est souvent chez les Beni Aissi une planchette de bois,
et a defaut un fragment de grande cruche.
Jamais on ne met de revetement de bouse de vache ou de terre et paille melees sur le
bucher a cuire les poteries, mais seulement des broussailes et des brindilles. Le bucher
est toujours situe contre un talus. On fait le dessus plat, mais non en dome.
Les Beni Aissi ne font pas de commerce de colportage comme leurs voisins Beni
Yenni. On vient leur acheter sur place. La vente ne regarde 1’homme d’aucune maniere.
Il doit rester absolument etranger aux negotiations. Une femme de bonne famille ne doit
pas faire ses poteries elle-meme, mais les commander, car chez les Beni Aissi, c’est un
veritable metier, qui se recrute parmi les femmes tres pauvres et surtout les veuves. Les
femmes plus riches font venir la potiere et lui disent qu’elles attendent un hote de distinc-
tion et qu’il leur faut tels ou tels vases, ou cruches, ou plats. Elies indiquent la forme
qu’elles veulent, et parfois meme les dessins qu’elles preferent. Chaque potiere d’ailleurs
a sa serie de dessins a tile, et si on en fait venir une, on sait d’avance comment les poteries
commandees seront decorees.
Comme godet a couleurs, on emploie une pierre noire tres "solide” (de grain tres
serre), qu’on appelle taoudisht ou tamsat. On la creuse au centre avec un morceau de fer
ou des pierres, de maniere a faire comme une petite coupe. On y met les couleurs pilees
avec de 1’eau. On prefere cette pierre parce que les poteries du pays absorbent 1’eau. Si
la couleur seche, on ajoute un peu d’eau, et elle peut servir de nouveau.
Beni Sedka. Cette tribu, autrefois tres importante, et qui comprenait de nombreuses
fractions, vit entre les groupements les plus meridionaux des Beni Aissi et des Beni Yenni.
On fait dans certaines localites, dont je n’ai pu savoir le nom, des poteries assez grossieres,
ornees de larges traits soit rouges, soit noirs, soit les deux ensemble. L’informateur trouve
que “ces poteries sont au moins aussi bien decorees que celles des Beni Yenni. Il a vu
travailler des femmes et affirme qu’il ne s’agit pas d’importations de colporteurs Beni
Yenni. Les poteries sedka sont d’autre part tres differentes de celles des Beni Aissi et
Beni Douala septentrionaux; mais chez les Beni Aissi meridionaux (qui d’ailleurs n’ont
pas ete explores au point de vue ethnographique), on fait certaines poteries qui sont assez
ressemblantes a celles qui se fabriquent dans les villages sedka.”
Ces ateliers sont inedits. Peut-etre, mais je ne propose ceci que sous reserves, le vase
a larges decors no. 19 de la pl. IV (collection Desor) repondrait-il a cette description,
puisque par ailleurs il est inclassable dans les series deja connues?
Beni Oumalou. C’est une tribu qui vit entre Fort National et le Sebaou. “La
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malaxees. Ce berqa forme le fond. Puis on monte le vase avec des boudins tres gros
mais pas tres longs. On utilise aussi des berqa comme couvercle de I’akoufi et comme
plaque a ecraser les olives, mais jamais on ne 1’emploie pour servir de support aux poteries,
c’est-a-dire comme qaleb. Celui-ci est souvent chez les Beni Aissi une planchette de bois,
et a defaut un fragment de grande cruche.
Jamais on ne met de revetement de bouse de vache ou de terre et paille melees sur le
bucher a cuire les poteries, mais seulement des broussailes et des brindilles. Le bucher
est toujours situe contre un talus. On fait le dessus plat, mais non en dome.
Les Beni Aissi ne font pas de commerce de colportage comme leurs voisins Beni
Yenni. On vient leur acheter sur place. La vente ne regarde 1’homme d’aucune maniere.
Il doit rester absolument etranger aux negotiations. Une femme de bonne famille ne doit
pas faire ses poteries elle-meme, mais les commander, car chez les Beni Aissi, c’est un
veritable metier, qui se recrute parmi les femmes tres pauvres et surtout les veuves. Les
femmes plus riches font venir la potiere et lui disent qu’elles attendent un hote de distinc-
tion et qu’il leur faut tels ou tels vases, ou cruches, ou plats. Elies indiquent la forme
qu’elles veulent, et parfois meme les dessins qu’elles preferent. Chaque potiere d’ailleurs
a sa serie de dessins a tile, et si on en fait venir une, on sait d’avance comment les poteries
commandees seront decorees.
Comme godet a couleurs, on emploie une pierre noire tres "solide” (de grain tres
serre), qu’on appelle taoudisht ou tamsat. On la creuse au centre avec un morceau de fer
ou des pierres, de maniere a faire comme une petite coupe. On y met les couleurs pilees
avec de 1’eau. On prefere cette pierre parce que les poteries du pays absorbent 1’eau. Si
la couleur seche, on ajoute un peu d’eau, et elle peut servir de nouveau.
Beni Sedka. Cette tribu, autrefois tres importante, et qui comprenait de nombreuses
fractions, vit entre les groupements les plus meridionaux des Beni Aissi et des Beni Yenni.
On fait dans certaines localites, dont je n’ai pu savoir le nom, des poteries assez grossieres,
ornees de larges traits soit rouges, soit noirs, soit les deux ensemble. L’informateur trouve
que “ces poteries sont au moins aussi bien decorees que celles des Beni Yenni. Il a vu
travailler des femmes et affirme qu’il ne s’agit pas d’importations de colporteurs Beni
Yenni. Les poteries sedka sont d’autre part tres differentes de celles des Beni Aissi et
Beni Douala septentrionaux; mais chez les Beni Aissi meridionaux (qui d’ailleurs n’ont
pas ete explores au point de vue ethnographique), on fait certaines poteries qui sont assez
ressemblantes a celles qui se fabriquent dans les villages sedka.”
Ces ateliers sont inedits. Peut-etre, mais je ne propose ceci que sous reserves, le vase
a larges decors no. 19 de la pl. IV (collection Desor) repondrait-il a cette description,
puisque par ailleurs il est inclassable dans les series deja connues?
Beni Oumalou. C’est une tribu qui vit entre Fort National et le Sebaou. “La