Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LES POTERIES FEINTS DE l’AfRIQUE DU NORD

251

Pour faire une tubulure, on applique un boudin lorsque le vase est a moitie sec, et on
troue le boudin et la paroi du vase avec la tige d’un fuseau.
Pour lisser la poterie, on emploie un galet plat, le plus souvent blanc, qui s’appelle
azemzi. On la revet ensuite d’une couche de terre blanche fine, bien delayee et mel6e d’un
peu de terre rougeatre; c’est 1’engobe.
On fait toute la vaisselle n^cessaire a la suite, et on la met secher dans 1’ombre des
murs de la cour, ce qui demande en moyenne 48 heures ou 3 jours, selon 1’epaisseur. Les
plats sont secs les premiers, et c’est par eux que commence la decoration.
Tous les objets ne sont pas decores: on laisse sans decor ni vernis, en se contentant de
les lisser avec 1’azemzi, tous les objets qui doivent aller au feu, tels que les plats a cuire le
couscouss, les marmites a deux oreillettes, ainsi que les metsred, sortes de compotiers a
pied oil 1’on depose le couscouss chaud ou des fruits frais ou secs. On peint les grands
plats a manger, les tasses, les ecuelles, les cruches, les lampes. Toutes les cruches sont
petites. Il n’y en pas de grandes pour chercher 1’eau, car on va la chercher dans des outres
en peau de bouc, a la mode arabe. Il parattrait qu’anciennement les femmes de Merkalla
faisaient aussi de tres grandes cruches, commes font leurs soeurs de la Kabylie centrale.
Pour empecher 1’eclatement, on emploie comme ddgraissant les fragments piles avec
soin des plats cassis, mais jamais de charbon ni de sable de riviere. C’est sans doute ce qui
explique I’homog^n^ite de la pate des poteries de Merkalla.
Les couleurs s’appliquent quand les poteries sont bien seches. Pour le blanc on em-
ploie une sorte de kaolin dit Imedlou, qu’on va chercher soit chez les Beni 'Ala, soit chez
les Zouaoua de la Grande Kabylie. Pour le vernis jaune, qu’on met a chaud apres la cuis-
son, on emploie de la resine de genevrier (taga) prdparce avec de 1’alun et une sorte de racine
dite ajagnoun. On peut aussi employer du cypres. Le noir (ousgou) est une pierre qu’on
va chercher a Boghni et qu’on pile avec soin. Le rouge s’achete au marche du samedi a
Bouira a des Arabes qui 1’apportent de chez eux. Les fragments que j’ai vus etaient de
1’hematite hydratee; c’est un produit naturel algerien. Done la plupart des matieres pre-
mieres sont importees a Merkalla.
Quand les couleurs ont Go appliqu^es suivant le d^cor voulu, on procede a la cuisson.
Anciennement la regie Gait qu’elle devait se faire dans la cour de chaque maison et a 1’abri
du regard des passants, ce qui Gait facile Gant donn6 le plan typique des maisons de
Merkalla, que je crois utile de decrire rapidement (fig. 11).
Chaque demeure est une sorte de forteresse, qui ne communique avec la rue que par
un porche, parfois ferine de portes pleines. Entre chaque demeure et ses voisines, il y
une ruelie de largeur variable, le plus souvent fermee au fond, de sorte que tout le village
constitue ensemble un veritable chateau fort. Les murs exterieurs de ces culs-de-sac et
des maisons sont tres hauts et tres epais. Le porche est tantot un simple portique non
 
Annotationen