LES POTERIES PEINTS DE l’AfRIQUE DU NORD
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en partant des ports mediterraneens, mais longitudinalement, de I’est vers 1’ouest. Ce
probleme, que les decouvertes ceramiques actuelles ne permettent que de signaler, ne
recevra d’ailleurs sa solution que par une etude attentive des autres elements culturels
que la hasard des fouilles fera connaitre.
V
Conclusions
Les documents nouveaux qui ont ete etudies cidessus ne permettent pas encore de
tracer un tableau d’ensemble satisfaisant de la ceramique berbere actuelle, ni meme de
dresser un catalogue des formes et des decors usites localement par les diverses fractions
qui s’adonnent au travail de la poterie. Il conviendrait done de poursuivre ces recherches,
tout en etudiant parallelement les autres industries. Car le decor ceramique ne constitue
pas une exception. Il se rattache directement, pour ses principes fondamentaux, aux
systemes decoratifs berberes sur le bois, sur le metal et sur le roseau, dans le tressage, le
tissage et la vannerie.
L’aire de diffusion du decor berbere est, comme on sait, fort etendue, puisqu ’on le
retrouve chez les Touareg et dans tout le Soudan central et oriental. Afin de ne pas
depasser le cadre du present memoire, je signalerai seulement ici les trouvailles, d’un tres
haut interet, qu’a faites M. de Zeltner 63 dans le Sahel soudanais, region comprise entre
Kayes et Tombouctou. Non loin de cette ville, il a rencontre des tertres peu eleves au
dessus de la plaine et entierement reconverts de poterie. M. de Zeltner a constate que ce
sont la des restes d’anciennes habitations et des fouilles lui ont fait decouvrir des poteries
intactes. Elies sont faites au tour le plus souvent, mais non toujours (peut-etre les stries
concentriques, qui sans doute ont fait supposer 1’emploi du tour a M. de Zeltner, sont-elles
simplement dues a celui d’un qaleb), pourvues d’un engobe metallique, ornees de dessins
geometriques peints et presentent une forme elegante, avec un goulot et un pied, donnant
a 1’ensemble 1’aspect d’un calice (forme encore tres en usage au Maroc). Comme tech-
nique, comme forme et comme decoration, ces poteries rappellent de pres, dit I’auteur,
les produits mediterraneens. La race qui les a faits ayant disparu, on pourrait croire que
cette Industrie si perfectionnee s’est perdue egalement. Mais il n’en est rien. On
trouve dans le petit village de Sumpi des gens faisant des poteries exactement pareilles a
celles des tertres anciens. Seulement la technique est moins parfaite. Le tour et 1’engobe
metallique ont disparu. Toutefois la pate est restee fine, et une couche blanche servant
d’engobe recouvre la terre rose. La decoration se compose de triangles et de losanges
qui sont identiques a ceux des poteries berberes modernes et des poteries siciliennes et
63 F. de Zeltner, 1 Mission au Sahel soudanais ’ (Nouvelles archives des missions scientifiques, 1911, fasc. 4,
p. 17 sqq.).
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en partant des ports mediterraneens, mais longitudinalement, de I’est vers 1’ouest. Ce
probleme, que les decouvertes ceramiques actuelles ne permettent que de signaler, ne
recevra d’ailleurs sa solution que par une etude attentive des autres elements culturels
que la hasard des fouilles fera connaitre.
V
Conclusions
Les documents nouveaux qui ont ete etudies cidessus ne permettent pas encore de
tracer un tableau d’ensemble satisfaisant de la ceramique berbere actuelle, ni meme de
dresser un catalogue des formes et des decors usites localement par les diverses fractions
qui s’adonnent au travail de la poterie. Il conviendrait done de poursuivre ces recherches,
tout en etudiant parallelement les autres industries. Car le decor ceramique ne constitue
pas une exception. Il se rattache directement, pour ses principes fondamentaux, aux
systemes decoratifs berberes sur le bois, sur le metal et sur le roseau, dans le tressage, le
tissage et la vannerie.
L’aire de diffusion du decor berbere est, comme on sait, fort etendue, puisqu ’on le
retrouve chez les Touareg et dans tout le Soudan central et oriental. Afin de ne pas
depasser le cadre du present memoire, je signalerai seulement ici les trouvailles, d’un tres
haut interet, qu’a faites M. de Zeltner 63 dans le Sahel soudanais, region comprise entre
Kayes et Tombouctou. Non loin de cette ville, il a rencontre des tertres peu eleves au
dessus de la plaine et entierement reconverts de poterie. M. de Zeltner a constate que ce
sont la des restes d’anciennes habitations et des fouilles lui ont fait decouvrir des poteries
intactes. Elies sont faites au tour le plus souvent, mais non toujours (peut-etre les stries
concentriques, qui sans doute ont fait supposer 1’emploi du tour a M. de Zeltner, sont-elles
simplement dues a celui d’un qaleb), pourvues d’un engobe metallique, ornees de dessins
geometriques peints et presentent une forme elegante, avec un goulot et un pied, donnant
a 1’ensemble 1’aspect d’un calice (forme encore tres en usage au Maroc). Comme tech-
nique, comme forme et comme decoration, ces poteries rappellent de pres, dit I’auteur,
les produits mediterraneens. La race qui les a faits ayant disparu, on pourrait croire que
cette Industrie si perfectionnee s’est perdue egalement. Mais il n’en est rien. On
trouve dans le petit village de Sumpi des gens faisant des poteries exactement pareilles a
celles des tertres anciens. Seulement la technique est moins parfaite. Le tour et 1’engobe
metallique ont disparu. Toutefois la pate est restee fine, et une couche blanche servant
d’engobe recouvre la terre rose. La decoration se compose de triangles et de losanges
qui sont identiques a ceux des poteries berberes modernes et des poteries siciliennes et
63 F. de Zeltner, 1 Mission au Sahel soudanais ’ (Nouvelles archives des missions scientifiques, 1911, fasc. 4,
p. 17 sqq.).