Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0023
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
3

LES PYRÉNÉES.
d'orge, de mais, d'avoine, toutes sortes de légumes, du chanvre et du
lin. La plupart des montagnes sont couvertes de forêts épaisses, peuplées
d'arbres vigoureux; les points les moins élevés donnent quantité de
fruits excellents , surtout des noix, des châtaignes et des pommes. Le
cidre forme la boisson habituelle du paysan basque, qui ne récolte que
dans la province d'Avala un petit vin assez agréable nommé chacoli.
Les pâturages sont excellents; aussi des troupeaux considérables, mou-
tons et chèvres, couvrent-ils les sommets des monts Cantabres. On y
voit peu de bêtes à cornes.
Le campagnard ne mange du pain de froment qu'aux grandes
fêtes de l'année, tout au plus le dimanche. Avec le maïs et l'orge,
ou avec le maïs seul, il fait un pain compacte très-substantiel. Il
se nourrit principalement de laitage, de fèves de marais, de hari-
cots, de pois et de fromage. C'est depuis peu d'années qu'il cultive
la pomme de terre, et encore ne se trouve-t-elle pas très-répandue dans
le pays.
Issus directement des anciens Cantabres, que n'ont pu soumettre ni
les Carthaginois, ni les Romains, ni les Maures, et avec lesquels les Gotlis
se sont vus forcés de contracter une paisible alliance, les habitants des
provinces vascongades portent l'empreinte de leur caractère originel.
Agiles et robustes, marcheurs infatigables plutôt que forts coureurs,
recherchant les exercices gymnastiques, aimant l'indépendance et ne
reculant devant aucun sacrifice pour la conserver; adroits et labo-
rieux, brusques, mais francs, opiniâtres, irritables, honnêtes, hos-
pitaliers et bons; ce sont encore, à peu de chose près, ces hardis mon-
tagnards que nous dépeignent les littérateurs de Rome et les poètes du
moyen âge : Cantabrum indoctum juga ferre nostra, disait Horace.
Il traverserait aujourd'hui les Pyrénées qu'il porterait le même juge-
ment.
(Les Basques ne se soucient pas plus d'être Espagnols que Français;
ils ne veulent être qu'eux-mêmes, et l'idée de former avec les Arago-
nais et les Catalans une république fédérative indépendante leur sourit.
Ils ont la taille moyenne, le teint frais, le front haut, l'œil vif, la phy-
sionomie ouverte, l'attitude convenable. Sous Philippe II, tous les Bas-
ques ayant obtenu des prérogatives de noblesse, ils se sont depuis lors
 
Annotationen