10 VOYAGE EN ESPAGNE.
cote et pastorale, placée sur les limites de la France, de l'Aragon et de
la Vieille-Castille, ayant des mœurs pures, menant une vie sobre, endu-
rant sans murmure les fatigues et la misère, ressemble beaucoup aux
Basques. Leur physionomie, leur langue diffèrent l'une de l'autre, mais
chez tous c'est la même vigueur, la même agilité, le même esprit d'in-
dépendance et de patriotisme, la même valeur dans les périls, la même
constance dans les travaux. Dès le neuvième siècle, leurs libertés furent
garanties par les célèbres fueros de Sobrarbe; mais en 1512, Ferdinand
le Catholique annexa la Navarre méridionale à la Castille, et cent années
après l'autre Navarre devint, dans la personne de Henri IV, une petite
province annexe de la France. Aujourd'hui les Navarrais sont moins
privilégiés que les Basques, car ils subissent les charges de l'impôt
direct, et servent obligatoirement. Ils ont toutefois plus de libertés que
les autres provinciaux.
Distinguez-vous ce blanc sommet dont la chevelure neigeuse se colore
et s'assombrit tour à tour; c'est le mont Cayo, aussi fameux par ses
tempêtes que par ses productions minérales ou végétales. Autour de
lui sont groupés d'autres sommets, sortes de satellites du premier, liés
aux vallées environnantes moyennant quarante-quatre rivières portant
toutes avec elles la fécondité. L'alun, l'asphalte, le cobalt, le cuivre, le
fer, le jais, le plomb, le soufre forment, avec des masses de granit, de
marbre et de grès, la charpente du sol, dont quantité d'eaux minérales
révèlent la composition intime, et dont la vigne, les céréales, des arbres
à fruits et des arbres sauvages, des productions de toute nature cou-
vrent la surface ondulée.
Nous sommes entre les Pyrénées françaises et l'Aragon, nous domi-
nons le cours de l'Èbre qui sillonne cette province du nord-ouest au
sud-est; nous voyons, du côté de la France, des pentes fertiles cou-
pées d'âpres arêtes où l'aigle et le contrebandier vont chercher la
sécurité : du côté de l'Espagne se dessine une nature plus sauvage
encore, un système d'escarpements plus rudes et de plis montagneux
plus profonds. Au nord, chaque cours d'eau est utilisé, chaque pla-
teau fertile apparaît couronné de fabriques et d'usines, embelli de
créations utiles telles que bains et maisons de ferme; au midi lan-
guissent, faute de direction normale, les établissements industriels
cote et pastorale, placée sur les limites de la France, de l'Aragon et de
la Vieille-Castille, ayant des mœurs pures, menant une vie sobre, endu-
rant sans murmure les fatigues et la misère, ressemble beaucoup aux
Basques. Leur physionomie, leur langue diffèrent l'une de l'autre, mais
chez tous c'est la même vigueur, la même agilité, le même esprit d'in-
dépendance et de patriotisme, la même valeur dans les périls, la même
constance dans les travaux. Dès le neuvième siècle, leurs libertés furent
garanties par les célèbres fueros de Sobrarbe; mais en 1512, Ferdinand
le Catholique annexa la Navarre méridionale à la Castille, et cent années
après l'autre Navarre devint, dans la personne de Henri IV, une petite
province annexe de la France. Aujourd'hui les Navarrais sont moins
privilégiés que les Basques, car ils subissent les charges de l'impôt
direct, et servent obligatoirement. Ils ont toutefois plus de libertés que
les autres provinciaux.
Distinguez-vous ce blanc sommet dont la chevelure neigeuse se colore
et s'assombrit tour à tour; c'est le mont Cayo, aussi fameux par ses
tempêtes que par ses productions minérales ou végétales. Autour de
lui sont groupés d'autres sommets, sortes de satellites du premier, liés
aux vallées environnantes moyennant quarante-quatre rivières portant
toutes avec elles la fécondité. L'alun, l'asphalte, le cobalt, le cuivre, le
fer, le jais, le plomb, le soufre forment, avec des masses de granit, de
marbre et de grès, la charpente du sol, dont quantité d'eaux minérales
révèlent la composition intime, et dont la vigne, les céréales, des arbres
à fruits et des arbres sauvages, des productions de toute nature cou-
vrent la surface ondulée.
Nous sommes entre les Pyrénées françaises et l'Aragon, nous domi-
nons le cours de l'Èbre qui sillonne cette province du nord-ouest au
sud-est; nous voyons, du côté de la France, des pentes fertiles cou-
pées d'âpres arêtes où l'aigle et le contrebandier vont chercher la
sécurité : du côté de l'Espagne se dessine une nature plus sauvage
encore, un système d'escarpements plus rudes et de plis montagneux
plus profonds. Au nord, chaque cours d'eau est utilisé, chaque pla-
teau fertile apparaît couronné de fabriques et d'usines, embelli de
créations utiles telles que bains et maisons de ferme; au midi lan-
guissent, faute de direction normale, les établissements industriels