12 VOYAGE EN ESPAGNE.
costume primitif dont la simplicité sévère s'harmonise avec ses goûts.
Les personnes aisées s'habillent, pensent, agissent comme la classe
moyenne des autres provinces, imitant mal et de loin les modes fran-
çaises, mais s'en rapprochant le plus possible.
Vers le N.-E. de la Péninsule, à côté de la population aragonaise,
chemine, s'agite, travaille et navigue une autre population non moins
nombreuse, car elle comporte un million d'âmes, et beaucoup plus inté-
ressante par son intelligence et par son industrie, c'est la nation cata-
lane; race distincte, ayant un type, une langue propres, aimant les arts
utiles, les grandes opérations commerciales, la vie d'aventure, l'exis-
tence active, brave jusqu'à la témérité, n'inventant rien mais imitant
tout avec bonheur; n'ayant pas plus que les Aragonais le goût des arts
libéraux, de lalittérature et de la poésie, mais leur étant bien supérieure
au point de vue de l'industrie et des opérations commerciales; se rap-
prochant d'eux sous le rapport des formes et des manières, mais bien
plus hospitalière, accueillant mieux l'étranger et l'estimant davantage.
Les Catalans s'aiment et se soutiennent entre eux. On dirait une
nation éparpillée sur le globe, convergeant vers un centre commun,
les Pyrénées. Leurs navires sillonnent presque toutes les mers, leurs
comptoirs sont établis sur presque tous les rivages; ils s'expatrient
volontiers, pourvu qu'ils conservent l'espérance de revoir un jour le
berceau natal. Après vingt, trente années de labeurs, le Catalan
revient chez lui, souvent dans un petit village isolé, jouir d'une
fortune de plusieurs millions qu'il dépense à des établissements utiles,
à des actes de bienfaisance ou de patriotisme. Aussi la Catalogue
possède-t-elle maintenant plus de richesses immobilières que le reste
de l'Espagne.
En général, le Catalan jouit d'une stature avantageuse. Sa figure
est mâle, ses traits se dessinent avec netteté. Il a dans les mouve-
ments quelque chose de noble et de brusque; dans l'esprit une déci-
sion ferme, dans l'expression du langage de la sécheresse et de l'âpreté.
La femme la plus passionnée rendra avec peu de délicatesse, avec
moins de grâce encore que de délicatesse, les sentiments affectueux et
tendres.
Le sol de la haute Catalogne, coupé par des rochers, tourmenté
costume primitif dont la simplicité sévère s'harmonise avec ses goûts.
Les personnes aisées s'habillent, pensent, agissent comme la classe
moyenne des autres provinces, imitant mal et de loin les modes fran-
çaises, mais s'en rapprochant le plus possible.
Vers le N.-E. de la Péninsule, à côté de la population aragonaise,
chemine, s'agite, travaille et navigue une autre population non moins
nombreuse, car elle comporte un million d'âmes, et beaucoup plus inté-
ressante par son intelligence et par son industrie, c'est la nation cata-
lane; race distincte, ayant un type, une langue propres, aimant les arts
utiles, les grandes opérations commerciales, la vie d'aventure, l'exis-
tence active, brave jusqu'à la témérité, n'inventant rien mais imitant
tout avec bonheur; n'ayant pas plus que les Aragonais le goût des arts
libéraux, de lalittérature et de la poésie, mais leur étant bien supérieure
au point de vue de l'industrie et des opérations commerciales; se rap-
prochant d'eux sous le rapport des formes et des manières, mais bien
plus hospitalière, accueillant mieux l'étranger et l'estimant davantage.
Les Catalans s'aiment et se soutiennent entre eux. On dirait une
nation éparpillée sur le globe, convergeant vers un centre commun,
les Pyrénées. Leurs navires sillonnent presque toutes les mers, leurs
comptoirs sont établis sur presque tous les rivages; ils s'expatrient
volontiers, pourvu qu'ils conservent l'espérance de revoir un jour le
berceau natal. Après vingt, trente années de labeurs, le Catalan
revient chez lui, souvent dans un petit village isolé, jouir d'une
fortune de plusieurs millions qu'il dépense à des établissements utiles,
à des actes de bienfaisance ou de patriotisme. Aussi la Catalogue
possède-t-elle maintenant plus de richesses immobilières que le reste
de l'Espagne.
En général, le Catalan jouit d'une stature avantageuse. Sa figure
est mâle, ses traits se dessinent avec netteté. Il a dans les mouve-
ments quelque chose de noble et de brusque; dans l'esprit une déci-
sion ferme, dans l'expression du langage de la sécheresse et de l'âpreté.
La femme la plus passionnée rendra avec peu de délicatesse, avec
moins de grâce encore que de délicatesse, les sentiments affectueux et
tendres.
Le sol de la haute Catalogne, coupé par des rochers, tourmenté